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Iran : Des enfants regardent et des familles supplient pardon lors des pendaisons quotidiennes

Par Saeed Kamali Dehghan

The Observer,  18 septembre – En Iran, où je suis né et où j’ai vécu jusqu’à il y a trois ans, la pendaison publique est une scène horrible, mais familière pour beaucoup, du moins pour ceux qui vivent près du centre-ville et des places publiques.

Une fois lorsque j’étais enfant, en allant à l’école, j’ai assisté, par inadvertance, à une exécution. J’ai été choqué en voyant les gardes mettre une corde autour du cou d’un condamné. Le spectacle m’a toujours hanté depuis.

La pendaison est la méthode habituelle des exécutions en Iran. Les exécutions judiciaires ont généralement lieu le matin au lever du soleil, souvent sur la scène du crime ou dans un centre-ville. Les familles des victimes et des détenus se réunissent tandis que les autorités se préparent à pendre le condamné à des grues.

Conformément à la loi de la charia en Iran, la famille de la victime a le droit d’épargner le condamné pour certains crimes, comme lorsque quelqu’un est reconnu coupable d’avoir tué une autre personne dans un accident de la route. Cela signifie que de nombreuses exécutions voient les parents du condamné plaider incessamment pour un pardon. Une foule immense, pouvant inclure des enfants, entoure habituellement la scène.

Les exécutions en Iran sont pour la plupart le résultat de procès extrêmement injustes qui se tiennent habituellement à huis clos, sans la présence d’avocat de la défense. Les militants estiment que beaucoup de condamnés à mort ont été reconnus coupables sur la base d’«aveux forcés», une méthode censée être couramment utilisée dans le pays actuellement. En outre, lorsque la peine de mort est prononcée, les familles ne sont pas souvent informées de l’exécution par un avis préalable.

Un certain nombre de crimes tels que le viol et le meurtre – et même l’homosexualité – peuvent envoyer à la potence, mais ce sont les infractions liées à la drogue qui ont représenté plus de 80% des meurtres dans le pays l’année dernière. Les derniers chiffres sur le nombre d’exécutions connus pour avoir été effectuées en 2011 sur le plan mondial indiquent que la moitié des mises à mort ont eu lieu en Iran, bien que la Chine, qui considère les chiffres précis sur son utilisation de la peine de mort comme un secret d’État, n’est pas incluse dans le calcul et reste toujours en haut de la liste.

Les responsables iraniens ont reconnu l’exécution de seulement 360 personnes l’année dernière, mais on estime que ce chiffre sous-estime grossièrement le nombre réel dans la République islamique parce que le régime s’est prétendument embarqué dans une campagne massive et secrète de pendaisons de prisonniers, en particulier dans les provinces lointaines.

Les organisations de défense des droits de l’homme estiment que ce sont près de 600 personnes qui ont été mises à mort en Iran l’an dernier, dont au moins 488 exécutions ont été effectuées pour de prétendues infractions à la législation sur les drogues.  Au cours du 1er semestre 2011, l’Iran a été atteint le taux de 2 exécutions par jour.

Cette année, Amnesty a déclaré que les autorités ont jusqu’à présent reconnu l’exécution d’au moins 182 personnes, dont 35 pendues en public.

« Amnesty International a reçu des rapports crédibles au sujet de 100 autres exécutions qui n’ont pas été officiellement reconnues, la plupart des délinquants ayant été condamnés à cause de la drogue », a indiqué le groupe. Les exécutions liées à la drogue en Iran en 2011 ont triplées par rapport à 2009, selon l’organisation des Droits de l’Homme.

L’Iran utilise également la peine capitale pour des ressortissants étrangers, y compris des Afghans emprisonnés dans le pays pour des infractions relatives à la drogue. On estime à 4000 les Afghans qui sont dans le couloir de la mort,  et qu’ils y seraient particulièrement mal traités.

L’appareil judiciaire du pays a également été critiqué pour avoir condamné à mort des adolescents. En 2011, au moins 143 mineurs délinquants ont été condamnés à mort dans les prisons iraniennes, en attendant d’aller à la potence quand ils atteindront 18 ans.