Dans un geste inédit, 974 prisonniers de 94 prisons à travers l’Iran, dont 874 prisonniers politiques et 100 prisonniers de droit commun, ont publié une déclaration commune condamnant les exécutions et les violations des droits de l’homme en Iran. Cette déclaration marque l’anniversaire du massacre de 1988 au cours duquel environ 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés par le régime iranien.
En faisant référence au rapport de Javaid Rehman, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme en Iran, la déclaration des prisonniers met en évidence la poursuite systémique de ces pratiques brutales en Iran. Le professeur Rehman, dans son rapport final, a détaillé la nature « horrible » du massacre de 1988 et a qualifié les exécutions de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide. Il a souligné que de telles atrocités et violations des droits de l’homme ont persisté systématiquement en Iran.
Les prisonniers appellent à l’arrêt immédiat des exécutions sanctionnées par l’État : « Nous, prisonniers, depuis les prisons iraniennes, nous joignons à cet appel à la justice et déclarons : les exécutions criminelles et sanctionnées par l’État en Iran doivent cesser et être abolies à partir d’aujourd’hui. » Ils exigent que tous les responsables du massacre de 1988 et des meurtres ultérieurs de manifestants dans les rues soient poursuivis, reflétant un désir profond de justice et de responsabilité.
UN Experts Call for Accountability in #Iran’s #1988Massacrehttps://t.co/zgKLfAwCaR
— NCRI-FAC (@iran_policy) 25 août 2024
La déclaration rend également hommage aux 30 000 prisonniers politiques exécutés en 1988, soulignant que leur seul « crime » était de s’être dressés contre l’oppression et de défendre la liberté et la justice. Selon les témoignages de survivants, 90 % des personnes exécutées étaient des partisans ou des membres de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI).
Le régime iranien a tenté d’effacer la mémoire du massacre de 1988 en détruisant des fosses communes et en réprimant les familles en deuil. Cependant, ces efforts n’ont pas réussi à éteindre le mouvement croissant pour la justice, les voix des familles et des mères en deuil résonnant dans tout l’Iran, exigeant que le régime rende des comptes pour les actions de ce dernier.
La déclaration commune relie en outre le massacre de 1988 à la violence étatique continue, en soulignant des événements récents tels que les manifestations de novembre 2019, qui ont fait 1 500 morts, et les manifestations de 2022 suite à la mort de Mahsa Amini. Les exécutions et la répression continues du régime illustrent un modèle de répression implacable et un refus de répondre aux demandes de justice et de droits de l’homme.
La déclaration conclut en appelant la communauté internationale à agir et en exhortant les dirigeants et les organisations du monde entier à tenir le régime iranien responsable de ses crimes contre les droits de l’homme. L’appel des prisonniers à la justice est un rappel brutal de la lutte incessante pour la liberté et la dignité humaine en Iran, où des milliers de vies sont toujours en jeu sous un régime répressif et violent.