CNRI – La Ligue des Droits de l’Homme a tenu une conférence jeudi 21 juin intitulée Quatre Ans après le 17 juin 2003. Les orateurs se sont attachés à rappeler le trou noir que constitue le dossier ouvert contre des membres de la Résistance iranienne et son origine purement politique.
La conférence était présidée par Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des Droits de l’Homme. Il était entouré de Me Henri Leclerc, Président d’honneur de la LDH, Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, Me William Bourdon, M. Alain Vivien, ancien Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et ancien président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, M. François Colcombet, ancien magistrat et député et M. Mehdi Abrichamchi, président de la commission de la Paix au Conseil national de la Résistance iranienne.
Jean-Pierre Dubois, a ouvert la conférence en rappelant que : Il y a maintenant quatre ans que nous sommes amenés à nous interroger et à interroger les médias sur les conséquences de lopération menée pour des raisons plus politiques que juridiques contre le CNRI qui soppose au régime actuellement au pouvoir à Téhéran. Avec les mêmes interrogations dannée en année sur ces conditions parfaitement contraire à létat de droit, dans lesquelles cette opération de police et ses suites judiciaires ont été menées et avec un dossier qui traîne et qui seffiloche et sur lequel nous souhaitons faire le point pour quil ne tombe pas dans loubli, cette instrumentalisation dun dossier judiciaire.
Me Patrick Baudouin a souligné quant à lui : En juin 2003, un vaste coup de filet à linitiative du juge Bruguière à Auvers-sur-Oise. 170 interpellations, une grande médiatisation. Des gens qui sont en France depuis 25 ans. Soudain on découvre quils représentent un danger terroriste certain. La seule chose qui puisse être constatée, cest la concordance entre cette opération et des négociations en cours avec Téhéran, notamment la signature dun certain nombre de contrats. Donc on ne peut pas sempêcher de faire la corrélation et de considérer que dès lorigine, cette affaire a une implication politique extrêmement forte.
Il y aura tout de même un premier coup de semonce au juge anti-terroriste. La chambre de linstruction de la cour dappel de Paris va rendre une ordonnance de mise en liberté. Il faut savoir que dans ce type de dossier terroriste, il est extrêmement rare que pour des personnes qui viennent dêtre incarcérées, leur liberté soit immédiatement ordonnée par la chambre de linstruction. Ce qui démontrait le vide relatif de ce dossier.
Quatre années plus tard, cest un triste anniversaire. Linstruction est toujours en cours. Manque de chance pour les magistrats instructeurs, une décision a été rendue par le tribunal de première instance de Luxembourg, juridiction des communautés européennes, en décembre 2006 et qui doit conduire à ce que lOMPI ne figure plus sur la liste des organisations terroristes ( ) Cest la logique dune justice de dérapage incontrôlé qui sobstine à ne pas reconnaître ses errements et à persévérer dans ses errements. ( ) Le dossier est éminemment politique au nom de liens qui sont entretenus entre la France et lIran ( ) Si on devait parler dactes de terrorisme, ce sont les actes terroristes du régime qui doivent être mis en cause et condamnés, plutôt que les actes des Moudjahidine vis-à-vis desquels ne pèse dans ce dossier aucune mise en cause pour actes de terrorisme. On nen trouve absolument aucune trace. Cest quand même un dossier qui parmi dautres présente un aspect particulièrement révoltant et qui nhonore certes pas notre justice.
Me Henri Leclerc sest souvenu que : A lépoque nous nous étions interrogés pourquoi un tel investissement dAuvers-sur-Oise sur un dossier qui durait depuis plusieurs années, avait eu lieu. Ils nont rien trouvé à Auvers-sur-Oise. Mais nous avions très vite découvert que cet investissement dAuvers-sur-Oise coïncidait très curieusement dans le temps avec des visites du ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin à Téhéran et à des contrats passés avec la société Total ( )
Je le dis franchement, il ny a pas dans ce dossier lombre de la preuve de la participation de lOMPI ou du CNRI à un acte terroriste ( ) Nous avons assisté à des déviations. Comme on ne va rien trouver de ce coté là, alors on va essayer maintenant et avec une volonté évidente de déshonorer les gens, de trouver des implications financières. Mais je vous indique quil ny a eu sur ces implications financières aucun véritable interrogatoire. Il ny a aucune mise en examen. Il y a quelque chose de profondément choquant dans cette mise en cause dun mouvement politique.
Aux yeux de Me William Bourdon : Les juges devraient rendre une ordonnance de non-lieu, immédiatement. Elle simposera un jour ou lautre parce que tout le monde sait que le dossier est absolument vide et quil ny a aucun fondement juridique et factuel aux infractions de terrorisme. Le droit à la résistance face à la barbarie est consacré par le droit international et les juges anti- terroristes ne peuvent pas se mettre en travers dun principe qui est universellement reconnu ( )
Nous avons fait une note en disant aux juges dinstruction : les témoins merveilleux que vous avez fait entendre par la DST et qui disent toutes les horreurs quon peut souhaiter sur le CNRI, sont les agents des services secrets iraniens et par conséquent leur crédibilité est plus que susceptible dêtre mise en doute.
Mais il y a un événement qui sest passé il y a quelques jours à Paris : Le 17 juin, à loccasion dune réunion à Paris dans le 14e, il y a des Iraniens qui ont été agressés, dont un par arme blanche. Il a été hospitalisé. Je vais me constituer partie civile cet après-midi auprès du juge dinstruction. Au-delà du caractère dramatique de cette agression, un point mérite dêtre levé. Il y a un homme qui se nomme Mohammad-Hossein Sobhani. Cet homme fait partie des témoins vertueux et formidables de linstruction. Cest lui qui a vilipendé nos amis iraniens et cest lui qui depuis quelques jours est mis en examen pour cette agression, avec dautres. Cette agression va dune certaine façon avoir un mérite : décrédibiliser ces formidables témoins, démontrer quils ne sont que les outils et les instruments de la tentative dinstrumentalisation de la justice française par les services secrets iraniens.
Alain Vivien a souligné que : des personnalités iraniennes sont aujourdhui victimes à nos yeux dun déni de justice dans notre pays, un déni qui viole aussi un certain nombre de principes auxquels la France a souscrit depuis fort longtemps par des traités internationaux. Cest donc pour de bonnes raisons quun certain nombre de parlementaires ou dex-parlementaires se sont inquiétés de la situation et ont tenté dapporter eux-mêmes leur contribution à léclairage des relations étranges qui existent entre le gouvernement français et le régime des mollahs. Je crois que devant une situation de cette nature on ne va pas rester les bras ballants. Avec dautres parlementaires et dautres élus appartenant à des groupes différents de pensées politiques, nous avons décidés de passer à lacte et de créer un comité français qui va suivre de près les problèmes de lIran que nous souhaitons voir revenir un jour aux normes démocratiques, à la liberté.
Pour François Colcombet : les ennuis qui ont été faits aux Moudjahidine sont finalement très anciens et grâce à la durée des procédures, on arrive à les maintenir dans une espèce de situation de droit intermédiaire, alors que manifestement on devrait plutôt reconstituer leur droits ( ) Autre remarque : 2003, la grande rafle qui a été faite en France. Très vite on sest aperçu que ça ne recouvrait pas grand-chose. Il y a eu des décisions de justice qui lont indiqué et on continu de faire traîner cette instruction. Ce qui fait que finalement depuis une période de 2002, jusquà maintenant, nous avons des preuves juridiques que toutes les implications faites contre eux sont fausses et on continue de les maintenir dans cette situation. Les deux procédures aussi nulles lune que lautre se nourrissent lune lautre et sadossent lune à lautre. Je trouve cela purement scandaleux.
Mehdi Abrichamchi, a pris position contre l’injustice faite à la Résistance iranienne : Laventurisme nucléaires et terroriste des mollahs a plongé le monde dans une crise internationale. La Résistance iranienne pense que lon peut éviter une autre guerre au Moyen-Orient. La solution se trouve dans la résistance iranienne pour la paix et la démocratie.
Malheureusement, la liste du terrorisme et le dossier du 17 juin ont dressé des obstacles sur la voie de la Résistance pour atteindre ses objectifs de paix et de démocratie en Iran. Cette situation bloque non seulement linstauration de la démocratie en Iran, mais porte aussi tort à la paix internationale et à la stabilité.
M. Abrichamchi a mis en garde contre la multiplication des activités terroristes de Téhéran en Europe et a parlé de lagression des agents du régime contre des réfugiés iraniens. Il a noté que trois agents des services secrets avaient été mis en examen. Lun dentre eux est Mohammad Hossein Sobhani, qui se trouve être aussi un témoin du juge Bruguière dans le dossier du 17 juin.