jeudi, mars 28, 2024
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Auvers-sur-Oise : l’adieu à Danielle Mitterrand

CNRI – Lors d’une cérémonie d’hommage à Danielle Mitterrand qui rassemblait de nombreux Val d’oisiens et personnalités au siège du CNRI a Auvers-sur-Oise le 24 novembre, Mme Radjavi, présidente élue de la résistance iranienne, a salué dans une brève intervention celle qui fut un soutien indéfectible de la Résistance iranienne et de la cause de la liberté en Iran. Elle a été suivie par plusieurs personnalités dont voici des extraits:

Michel Joli, secrétaire général de France Libertés : Je pense quand même être en devoir, et surtout avoir le plaisir de m’adresser à vous, pour vous remercier Mme Radjavi, à vous mes amis Moudjahidine iraniens et Moudjahidine français, car il faut assumer quand on est ici, vous remercier pour cette magnifique cérémonie d’hommage à Danielle Mitterrand.
C’est vrai qu’elle vous a passionnément aimés pour toutes les raisons qui ont été dites et que je ne reprendrai pas, mais aussi parce qu’il y avait manifestement une identification entre sa vie et les causes qu’elle a défendues et votre vie et les causes que vous défendez.
Elle souhaitait que son corps retourne à la nature, à ces quatre éléments qui lui ont servi souvent de métaphores pour parler des biens communs de l’humanité. Elle pensait qu’elle rentrera dans tous les grands cycles de la nature et qu’à défaut d’immortalité elle pourra gagner l’universalité. Je crois qu’elle était déjà sur ce chemin de son vivant, et je suis sûr qu’elle le parcourra maintenant qu’elle nous a quittés.
Je vous remercie encore en son nom, au nom de la fondation et je suis sûr qu’ils me le permettront, au nom de ses deux fils, Gilbert et Jean-Christophe, qui auraient sans doute aimé participer à cette cérémonie.
J’espère pouvoir un jour revenir et vous en dire plus long. Mais je crois qu’aujourd’hui le temps n’est plus au discours, le temps est à la réflexion et à l’évocation des meilleurs souvenirs que nous laisse Danielle Mitterrand.

Jean-Pierre Béquet, maire d’Auvers-sur-Oise :
une grande dame nous a quittés, Danielle Mitterrand. Elle a été engagée très jeune dans la résistance et ce mot-là résonne évidemment beaucoup à nos esprits aujourd’hui. C’est d’ailleurs dans la résistance qu’elle a rencontré le capitaine François Morland devenu François Mitterrand. Et cet esprit de la résistance va directement à vos combats aujourd’hui. Elle était bien sûr la femme du président, elle l’accompagnait dans tous ses mouvements, mais en même temps, elle était autre chose, elle était une combattante, elle était une militante et elle gardait cet esprit de résistance qui l’animait depuis son plus jeune âge.
On l’a vu dans toutes les causes du monde entier. Et je me rappelle cette formule en 1989 au moment de l’affaire des foulards à Creil lorsqu’elle a dit : si aujourd’hui 200 ans après la révolution la laïcité ne pouvait accueillir toutes les religions, toutes les expressions en France, c’est alors qu’il y aurait un recul. Et puis c’est son engagement dans France Libertés. Je salue nos amis de France Libertés qui l’ont accompagnée et qui vont continuer son mouvement parce que son esprit, ses idées, ses valeurs sont toujours là.
En tout cas je veux ici dire à nos amis iraniens et français qui sont là combien nous devons aux valeurs qu’a portées Danielle Mitterrand. Combien nous essaierons de continuer son chemin, continuer à défendre ses valeurs ou que ce soit, quelle qu’en soit la cause, ces valeurs de liberté, de droits de l’homme valent plus que tout. Et nous devons être des continuateurs, chacun à notre échelle, modestement par rapport à ce qu’elle fait, mais nous devons tous nous inspirer de son exemple.

Anne Marie Lizin, ancienne présidente du Sénat belge : à vous tous et qui êtes ici pour partager quelques minutes de votre temps à cette pensée pour une personne qui nous a quittés ; vous ne le savez pas Mme Radjavi, mais quand j’étais présidente du Sénat en Belgique, c’est elle qui m’a écrit. Et elle m’a écrit en disant voilà, il y a quelque chose que vous pouvez faire pendant ce mandat, c’est de recevoir Mme Radjavi. Par son combat de femme, puisque mon amitié pour elle, c’est qu’avant tout c’était une femme qui existait. Cette femme-là, ne mérite qu’une seule chose, c’est que l’on continue ce qu’elle voulait réussir. C’est cela notre vraie conclusion : lui rendre hommage aujourd’hui, c’est continuer et le faire avec le plus de brio que nous pouvons. Rendre cet hommage à cette femme exceptionnelle.

Alain Vivien, ancien ministre : il m’est difficile de parler sans émotion de Danielle Mitterrand. J’étais jeune député et elle était une de celles qui savaient accueillir. Elle n’aimait pas trop cette perspective d’être la première dame de quelque chose. C’était une citoyenne et je me souviens des petits déjeuners rue de Bièvre où nous nous retrouvions avec beaucoup d’espérance mais peu de certitudes quant à l’avenir pour élaborer une politique qui soit plus humaine.
Et puis je dirais simplement un mot de son obstination, pour ne pas dire sa ténacité dans les batailles engagées. Il se trouvait que j’ai été dans le gouvernement de Mme Cresson, secrétaire d’État aux Affaires étrangères. L’une de ses premières démarches a été quasiment de nous convoquer au Trocadéro où elle avait ses bureaux, ce qui a un peu choqué les diplomates autour de moi qui avaient d’autres soucis protocolaires. Nous avons été reçus bien sûrs et puis elle nous a dit, voilà il y a tel et tel problème, il faudrait prendre des initiatives. Faites-le ! C’était une femme de conviction qui allait jusqu’au bout d’un projet. Je ne m’étonne pas qu’elle ait rencontré la cause que vous défendez ici, cette cause des Achrafiens qui nous ont beaucoup émus tout à l’heure, lorsque nous avons pris connaissance de leur hommage dans des conditions si difficiles qui sont les leurs, cet hommage rendu à la mémoire de Danielle. Comment ne pas nous associer aujourd’hui et demain encore à la cause que vous défendez.

Maurice Boscavert, maire de Taverny: J’ai rencontré Danielle Mitterrand à Taverny, il y a maintenant une bonne vingtaine d’années et c’était une conférence régionale sur les mal logés. Il y avait ce jour-là beaucoup de monde et il y avait l’Abbé Pierre. Et nous avons entendu le message de l’un et de l’autre qui finalement convergeait vers la nécessité de donner la chance à tout le monde de vivre dignement et de faire en sorte que la solidarité puisse gagner sur l’égoïsme et l’individualisme.
Et je vous dis Mme la présidente, que vous pouvez compter sur tous les amis français pour qu’enfin Achraf vide libre, tranquille, et que l’Iran prenne sa place dans la démocratie, dans la laïcité. Vous avez notre soutien et Daniel nous donnera un coup de main là où elle est.

Sid Ahmed Ghozali, ancien premier ministre algérien : Danielle Mitterrand, c’est l’ami de tous les opprimés, de tous les oubliés qui a consacré toute sa vie en dépit des contraintes qui sont celles d’une vie officielle, quand on est la première dame de France. Mais elle dégageait de par sa personnalité, une immense source de rayonnement, l’espoir. Je crois que c’est ce qui reste en moi. Le choix du pianiste à Achraf, il ne pouvait pas choisir meilleurs morceaux que premièrement « le chant des partisans » et deuxièmement « il est revenu le temps du muguet ». Rien ne pourra exprimer aussi fortement un hommage à Mme Mitterrand que celui que nous avons vu à travers le film de l’hommage rendu par les Achrafiens, c’est-à-dire un des personnes qui bien qu’elles aient le pistolet sur la tempe, le pistolet des vils exécutants des mollahs en Irak, elles ont su oublier ce pistolet et rendre un hommage aussi fort aussi sincère et aussi tendre, aussi reconnaissant à Danielle Mitterrand. Je ne peux que répéter tout ce que disent les militants de l’OMPI, tous les Achrafiens ont dit : merci Danielle Mitterrand.

Mgr Jacques Gaillot:
à tout ce que j’ai entendu j’ai envie d’ajouter une petite fleur à votre bouquet, à savoir la liberté. Je trouve que Danielle Mitterrand était une femme libre. Libre parce qu’elle a vécu selon ses convictions et non pas selon ses intérêts. Je trouve que dans la société, il n’y a pas beaucoup de gens comme elle, pas beaucoup de gens libres. Les gens libres font peur, parce qu’ils dérangent. Ils sont perçus comme dangereux. Elle a eu cette liberté d’aller vers les minorités opprimées. Et puis dans ce magnifique hommage qui a été rendu par les Achrafiens, vous avez remarqué qu’il y avait un grand cœur qui était dessiné. Et dans ce grand cœur il y avait Danielle Mitterrand. Et bien Danielle Mitterrand était libre pour aimer, je crois que la France entière a été touchée quand à l’enterrement de François Mitterrand, elle a embrassé Mazarine qui était placée entre ses deux fils. Un grand cœur pour aimer, pour accueillir, pour respecter l’autre. Je me souviens qu’un jour Danielle Mitterrand avait dit : « on ne devient libre que dans la mesure où on aide les autres à le devenir. » Je pense qu’elle nous rend le service à tous de nous éveiller à la liberté.