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Apaiser l’Iran, une mauvaise politique

Pooya Javid

On line opinion 19 avril 2012 – Il y a eu récemment une rafale d’articles concernant le groupe d’opposition iranien des Moudjahidine du Peuple (OMPI) et le soutien de plus d’une trentaine d’anciens responsables américains à ce groupe dans sa tentative de se voir ôter de la liste des organisations terroristes étrangères du Département d’État américain (FTO). Pour les personnes ne connaissant pas l’OMPI, les racines de sa désignation sur la liste terroriste, ainsi que la situation de détresse de ses membres retenus dans les camps d’Achraf et Liberty en Irak, toute cette activité peut constituer un élément d’étonnement. Qu’est-ce que tout ce remue-ménage à ce propos et pourquoi cela devrait-il intéresser les gens ?

 

 

Un peu d’Histoire pourrait s’avérer éclairant.

L’OMPI a été créée par un groupe d’étudiants universitaires en Iran en 1965 avec l’objectif de s’opposer à la dictature du chah et d’instaurer la démocratie. Beaucoup de ses membres ont été arrêtés et tués par le tristement célèbre service secret du chah. Peu après la révolution de 1979, le groupe est devenu la cible de la rage des ayatollahs parce qu’il n’avait pas succombé à Khomeini et à sa politique réactionnaire et anti-démocratique ainsi qu’à sa vision extrémiste de l’Islam. Des dizaines de milliers de ses membres et sympathisants ont été alors arrêtés, torturés et exécutés dans les cachots du régime iranien. Le groupe a été forcé de transférer ses membres survivant hors d’Iran et un grand nombre parmi eux s’est alors installé en Irak au milieu des années 1980.

Dès le commencement de la guerre de 2003 en Irak, l’OMPI a déclaré sa neutralité, réuni ses forces au camp d’Achraf à environ 100 km au nord-ouest de Bagdad et accepté d’être désarmée par les forces américaines. Tous les membres de l’OMPI au camp d’Achraf ont alors fait l’objet d’enquêtes de la part des services du renseignement américains, ont été affranchis de tous liens avec le terrorisme et ont reçu le statut de personne protégée en vertu de la Quatrième Convention de Genève. Les forces américaines ont assuré la protection du camp d’Achraf jusqu’en 2009, lorsqu’elles ont remis la « protection » du camp à l’Irak. Le gouvernement de l’Irak, sur injonction de ses maîtres à Téhéran, ont tenté de fermer le camp et d’expulser les résidents d’Achraf. Avec la remise du camp à l’Irak en 2009, le régime iranien, qui avait donné refuge au premier ministre irakien Nouri al-Maliki pendant de nombreuses années en Iran et qui a infiltré le gouvernement irakien aux plus hauts niveaux, s’est rendu compte de la possibilité d’éliminer sa principale opposition.

Abandonné par les États-Unis, qui avaient promis aux résidents du camp d’Achraf la protection jusqu’au règlement final de leur situation, le camp a été attaqué à deux reprises par les forces irakiennes, une première fois en août 2009 et la deuxième fois en avril 2011, et 47 résidents sans armes ont été tués par les forces irakiennes. Ces attaques odieuses ont été condamnées par les gouvernements occidentaux ainsi que par les Nations Unies et décrites comme un massacre par beaucoup, dont d’éminents membres du Congrès américain, mais elles n’ont jamais fait l’objet d’enquête indépendante. En outre, le blocus matériel et médical du camp par les Irakiens a eu pour conséquence la mort de 12 résidents en raison de l’absence d’assistance médicale.

Pourquoi donc les membres de l’OMPI ne quittent-ils pas l’Irak ?
L’OMPI a été classée comme organisation terroriste étrangère par l’administration Clinton en 1997 pour chercher à se faire bien voir du président iranien « modéré » de l’époque Mohammad Khatami. Cette désignation a depuis lors continué, malgré l’annonce par l’OMPI au milieu de 2001 de la fin de ses opérations militaires. Le groupe a également été mis à l’index par le Royaume-Uni ainsi que l’Union Européenne mais ces désignations-ci ont été annulées par des décisions de justice au royaume-UNI et dans l’Union Européenne qui ont stipulé qu’il n’y avait pas de connexion entre l’OMPI et le terrorisme.
Aux États-Unis, la cour d’appel du District de DC a ordonné en juillet 2010 au Département d’État de revoir cette désignation mais celui-ci a jusqu’à présent refusé de se plier à l’ordonnance de la cour. La mise à l’index de l’OMPI et le sort des résidents du camp d’Achraf sont directement entrelacés. La désignation du groupe entrave ainsi les tentatives de réinstallation des résidents du camp.

Depuis l’année dernière, de nombreux anciens responsables américains issus des deux partis, dont l’ancien Maire de New York Rudi Giuliani, l’ancien Président du Parti Démocrate Howard Dean, le tout premier Secrétaire d’État à la Sécurité du Territoire Tom Ridge, trois anciens Chefs d’État-major interarmées des États-Unis, deux anciens Directeurs de la CIA, un ancien Ministre de la Justice ainsi qu’un ancien Directeur du FBI ont appelé au retrait de l’OMPI de la liste FTO et à la protection des résidents du camp d’Achraf. En même temps, les résidents du camp d’Achraf ont accepté d’aller au camp Liberty à Bagdad en tant que point de transfert transitoire vers d’autres pays, même si les conditions à « Liberty » ne sont rien de moins que celles d’une prison comme certains ont décrit.

Malgré tout cela, et se trouvant face à un autre défi juridique, des responsables « anonymes », avec l’aide de certains dans les médias ainsi que des lobbyistes du régime iranien, se sont lancés dans une campagne de calomnie pour discréditer les anciens responsables qui demandent la justice dans l’affaire de l’OMPI. En outre, il existe une tentative conjointe de propager des rumeurs au sujet de l’OMPI, l’accusant d’implication dans des assassinats et autres complots fantaisistes, comme l’entrainement de ses membres par les États-Unis et Israël.

Une chose que ces responsables anonymes et leurs alliés ne réalisent pas est que l’intimidation d’éminents Américains et Iraniens-Américains ainsi que la propagation de rumeurs ne réduiront pas au silence les voix qui appellent à la fin de la politique d’apaisement du régime iranien par le Département d’État américain en maintenant la principale opposition contre la théocratie iranienne enchaînée, laquelle politique a provoqué en retour la mise en danger de la vie de 3400 exilés iraniens sans défense.