
Le Comité Parlementaire pour un Iran Démocratique (CPID) a organisé mercredi 11 octobre un colloque à l’occasion de la Journée internationale contre la peine de mort.
Le CPID réunit depuis plus de trois législatures des dizaines de députés de sensibilités politiques différentes au sein de la Représentation nationale soutient une transition démocratique vers une république démocratique et laïque en Iran et a activement soutenu le soulèvement en Iran.
Cette rencontre coïncidait de peu avec le premier anniversaire du soulèvement national en Iran contre la dictature religieuse, déclenché à la suite de la mort tragique de la jeune kurde Jina Mahsa Amini par la Police des mœurs pour un voile mal ajusté.
Lors de cette conférence qui s’est déroulée à la Maison de la Chimie à Paris, des parlementaires français, des membres et partisans de la Résistance iranienne, ainsi que des militants des droits de l’homme et des personnalité politiques d’horizon divers, se sont réunis pour discuter et échanger des points de vue sur la situation désastreuse des droits de l’homme sous la dictature théocratique en Iran.
On World Day against the Death Penalty, we honor the memory of 120,000 who laid down their lives for freedom and democracy in #Iran. Particularly, it is a day for all humanity to say no to the mullahs’ regime, the world's record holder of executions for many years.… pic.twitter.com/Dqzi5B2EBf
— Maryam Rajavi (@Maryam_Rajavi) 11 octobre 2023

« En Iran, la peine de mort est avant tout un moyen pour terroriser une société en ébullition » a déclaré André Chassaigne, vice-président du CPID, à l’ouverture de la conférence. Mais a souligné : « Malgré les exécutions annoncées, la répression accrue et un dispositif de sécurité serré, les unités de résistance de l’OMPI (organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran) la force principale de l’opposition et la seule ayant la capacité d’organiser des unités sur le terrain, ont lancé 414 actions contre le mur de la répression pour marquer l’anniversaire du soulèvement à Téhéran et dans 40 villes. De plus, les jeunes de dizaines de villes ont surmonté ce climat de terreur pour lancer des protestations, témoignant ainsi de l’état explosif de la société dont la moindre étincelle peut servir de détonateur. » »

L’invitée de ce colloque dont le calendrier a coïncidé une nouvelle escalade dans le conflit israélo-palestinien et l’embrasement d’une guerre au Proche-Orient, était la Présidente élue du Conseil National de La Résistance Iranienne, Maryam Radjavi qui a déclaré : « Le monde doit s’opposer au bellicisme des mollahs. L’instrumentalisation de la question palestinienne est une tactique démagogique bien connue de ce régime. Aujourd’hui, Khamenei et Raïssi veulent transformer le soulèvement du peuple iranien contre le fascisme religieux, en un conflit extérieur entre juifs et musulmans. Avec le massacre des innocents et des civils, ils cherchent un bouclier et un prétexte pour contenir le soulèvement, rester au pouvoir et échapper au renversement. La seule voie pour obtenir la paix au Moyen-Orient et la fin de la guerre et du terrorisme, c’est le renversement du fascisme religieux en Iran. Une politique correcte est de s’opposer au régime des mollahs qui est la source principale du terrorisme et du bellicisme. »
Maryam Radjavi a ajouté : « Khamenei a dit ouvertement que si ses forces ne combattaient pas à Gaza, au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen, elle devrait le faire à Kermanchah, Hamedan, Ispahan, Téhéran et dans le Khorassan contre le peuple révolté et les jeunes insurgés. Khamenei compte sur l’inaction de l’Europe et des Etats-Unis pour son bellicisme et les exécutions. Le massacre des innocents et des civils alimente le fascisme religieux en Iran et sert de bouclier pour contenir le soulèvement et éviter le renversement de son régime. Pour obtenir la paix et la liberté, il faut couper la tête du serpent à Téhéran. »
Maryam Radjavi a souligné à propos de la journée internationale contre la peine de mort :
« La journée mondiale contre la peine de mort, c’est l’humanité qui dit « non » aux mollahs. Depuis de longues années ce régime détient le record du monde des exécutions. Selon le rapport du Secrétaire général de l’ONU : « 582 personnes ont été exécuté en 2022 en Iran. C’est une augmentation de 75%, en comparaison avec 2021 ». Cette année, le nombre des exécutions est encore plus important. »
Elle s’est par ailleurs interrogée : « pourquoi la France et les autres démocraties européennes continuent la politique de complaisance avec ce régime d’exécutions ? » et a appelé « l’Assemblée nationale française et le monde entier à reconnaitre le combat du peuple iranien pour renverser la tyrannie religieuse ».
Lire l’intégralité de l’intervention de Madame Radjavi ici.
De nombreux députés ont participé à ce colloque et plusieurs sont intervenus. Des juristes et experts de la société civile, dans le domaine de la peine de mort ou de la défense des droits des femmes, ont participé également à ce colloque pour enrichir le débat ; parmi lesquels : Me Dominique Attias, Présidente du Conseil d’Administration de la Fondation des Avocats Européens et Ancienne Vice-Bâtonnière de l’Ordre des Avocats à la Cour d’Appel de Paris ; M. Tahar Boumedra, juriste, ancien Représentant du Secrétaire Générale de l’ONU pour les Droits de l’Homme en Irak ; ancien directeur régional de l’ONG Penal Reform International ; Mme Aude de Thuin, Fondatrice du Forum des Femmes (Women’s Forum).

Mme Marietta Karamanli, députée socialiste et ancienne Rapporteuse générale pour l’abolition de la peine de mort au Conseil de l’Europe a souligné la nécessité de porter de manière cohérente ces questions d’actualité au Parlement et au Sénat. Elle a fait valoir que ce combat c’est aussi de l’actualité aujourd’hui et devons à un moment donné montrer que nous sommes contre ces atrocités qui se passent à travers le monde »

Taher Boumedra, directeur du Comité pour la justice pour les victimes du massacre de 1988 (JVMI) et ancien représentant du secrétaire général des Nations unies pour les droits de l’homme en Irak, a présenté un bilan très détaillé des exécutions en Iran et a souligné la nécessité que le président du régime iranien, Ebrahim Raïssi, soit poursuivi et jugé pour son implication directe dans les exécutions extrajudiciaires de milliers de prisonniers politiques. Il a conclu : « au moment où le monde a réalisé une avancée remarquable envers l’abolition de la peine de mort depuis l’adoption par les Nations Unies de la résolution 62-149, nous constatons que la peine capitale en République islamique d’Iran est en augmentation constante, parfois exponentielle ».
Le député honoraire de l’Alsace, Emile Blessig, président du Groupe des anciens députés de l’Assemblée nationale et co-fondateur du CPID en 2008 a dit : « Les responsables politiques, les fonctionnaires iraniens et tortionnaires de tout genre, responsables des violations des droits humains, de crimes contre l’humanité doivent savoir qu’ils seront traduits en justice et particulièrement les gardiens de la révolution islamique. Dans un environnement international de plus en plus inquiétant et angoissant l’Iran des mollahs joue un rôle majeur de déstabilisation et représente une grave menace pour la paix. »
M. Blessig a constaté en rappelant son expérience aux côtés de la Résistance iranienne : «Malgré la répression, les Iraniens et les Iraniennes continuent leur combat pour un Iran libre, démocratique et laïque (…) le CNRI, sous la présidence de Mme Radjavi, joue un rôle essentiel (dans ce combat) et – j’ose le dire – irremplaçable ».

Maître Dominique Attias, Présidente du Conseil d’Administration de la Fondation des Avocats Européens et ancienne Vice-Bâtonnière de l’Ordre des Avocats à la Cour d’Appel de Paris, a souligné qu’à « la tête du gouvernement iranien se trouve un boucher : Ebrahim Raïssi », qu’elle a décrit comme étant impliqué avec ses complices dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques.
S’adressant à Mme Radjavi, Maître Attias a noté : « Il existe un lien étroit entre abolitionnisme et démocratie moderne, raison pour laquelle vous, Madame Radjavi, depuis 2006, il y a 17 ans, dans votre plan, en 10 points, vous avez prôné et vous continuez à prôner inlassablement l’abolition de la peine de mort ».
Elle a également mentionné qu’avec ses mensonges, le régime tente de discréditer la résistance que représente Mme Radjavi. Cependant, a-t-elle déclaré à l’adresse du régime iranien : « Trop tard, trop tard, messieurs les mollahs, assassins de toutes sortes, au XXIe siècle, femmes et hommes de bonne volonté ne se laisseront plus berner. La vérité est en route et aujourd’hui, 11 octobre, même si dans de nombreuses régions du monde, l’obscurité règne, la flamme de la liberté, de la vie et de la résistance mèneront l’Iran vers la démocratie et l’abolition de la peine de mort ».

Mme Aude de Thuin, fondatrice du Women’s Forum, a déclaré qu’elle avait participé à l’événement en raison de son soutien à Mme Radjavi. Elle a appelé les Nations Unies à enquêter sur les 30 000 arrestations et 3 000 disparitions, affirmant que la France devrait soutenir la mission d’enquête de l’ONU.
Elle a déclaré « au nom de toutes les femmes, je suis là pour dire que pour les Iraniennes, comme pour toutes les femmes du monde, ce cauchemar est aggravé par la misogynie et la vision phallo-centrée de l’histoire ». Elle a rappelé : « Ce n’est pas seulement le voile qui est en jeu, mais la question fondamentale des droits pour tous ».
« La révolution des Iraniennes est en marche. Avec ou sans voile, on marche vers la révolution » a conclu Mme de Thuin.

Philippe Gosselin, également vice-président du CPID a mis l’accent sur les machinations du régime iranien à l’extérieur de ses frontières afin de ternir l’image de l’opposition organisée et à l’encontre de l’action des parlementaires soutenant la Résistance iranienne : « Mais comme la répression continue et même s’intensifie en Iran, la diabolisation des vrais opposants aux mollahs est suivie dans les pays occidentaux avec vigueur. Des voix suspectées de liens avec le régime des mollahs, aussi faible soient-elles, sont levées même contre le CPID qui a une longue histoire de soutiens multiples et transpartisanes au sein de la représentation nationale. Cela montre que nous sommes sur la bonne voie, particulièrement depuis que le CPID a obtenu les signatures d’une majorité de députés en juin dernier. Mais cela fait partie d’une plus grande opération de séduction visant les parlements en Europe et aux Etats-Unis en même temps que diaboliser l’opposition principale.On vient d’apprendre, selon des médias crédibles aux Etats-Unis, que de hauts fonctionnaires du ministère iranien des affaires étrangères, ont lancé une opération secrète consistant à établir des liens avec des universitaires influents à l’étranger, afin d’assurer la propagation des récits et des objectifs du régime iranien dans les cercles politiques internationaux et les médias. »
Selon M. Jean François Legaret, Ancien Maire de Paris 1er et Président de la Fondation d’Etudes pour le Moyen Orient (FEMO) qui suit les activités du CPID depuis plus d’une décennie :
« Quand cette arme de peine de mort s’est avérée inefficace, l’arme de substitution a été la guerre psychologique et la diabolisation de l’opposition principale. » Il a notamment révélé lors de son intervention que : « Le 7 mai 2023, un groupe cybernétique iranien appelé «Ghiam ta Sarnegouni » (« soulèvement jusqu’au renversement du régime ») a annoncé avoir pris le contrôle de 210 sites Web, applications logicielles, serveurs, banques de données et autres éléments du Ministère iranien des Affaires étrangères du régime. En conséquence, des dizaines de milliers de documents ont été confisqués par le groupe, dont certains ont déjà été publiés sur Internet, avec un large écho médiatique.
L’un des documents que le groupe cybernétique a obtenu est un rapport de la «commission politique du Ministère iranien des Affaires étrangères » détaillant les efforts pour discréditer la Résistance iranienne. Le document se penche sur les méthodes et la stratégie pour discréditer l’OMPI et contrecarrer ses activités »
Les mêmes méthodes sont mises à l’épreuve selon M. Legaret à l’encontre du CPID qui a nettement progressé et entré dans le paysage de l’Assemblée nationale ces 15 dernières années. Il a précisé à l’adresse des membres du CPID : « votre comité parlementaire pour un Iran démocratique se félicite d’avoir initié une déclaration soutenant le peuple iranien dans sa lutte pour une République laïque et démocratique. Cette déclaration a été signée par 296 députés et sénateurs de différentes sensibilités politiques, ce qui montre un large soutien en faveur du changement. C’est une fierté d’avoir parmi les signataires, des présidents de groupes politiques, des secrétaires généraux de partis politiques et des présidents de commissions devenus à ce jour secrétaire d’Etat, plusieurs anciens ministres.»
Jacques Boutault, ancien maire du 2ième arrondissement de Paris évoquant la guerre au Proche-Orient et dénonçant la main du régime des mollahs dans l’aggravation de la situation il a ainsi conclu : « si nous devons combattre pour la démocratie en Iran, c’est aussi pour nous-mêmes, pour notre société et pour la paix dans le monde ».
L’universitaire et syndicaliste Gérard Lauton, a pour sa part évoqué le lien entre les combats des peuples pour la liberté et la démocratie en évoquant son expérience de militantisme : « J’ai eu l’honneur, le plaisir et l’honneur d’intervenir dans plusieurs meetings du CNRI et je l’ai fait effectivement en représentant un ensemble d’organisations. C’était mon syndicat universitaire, mais c’étaient aussi des organisations associatives attachées à aider l’Iran à se libérer de sa chape de plomb et de ce régime. Au départ en 2011, dans mon parcours, je me suis investi pour une Syrie démocratique, pour le collectif, pour une Syrie libre et démocratique. Et depuis 2022, je suis l’un des administrateurs de l’association pour l’Ukraine, Pour sa liberté et la nôtre. Et croyez-moi, il y a un lien absolument essentiel entre ces combats, même si aujourd’hui, je considère – et les événements actuels le montrent – le combat pour un Iran démocratique est vraiment la pierre angulaire pour l’avenir de l’humanité, pour la liberté de tous les pays ».
« nos avancées et nos progrès ont suscité des réactions de la part de ceux qui préfèrent la complaisance envers le régime des mollahs ou qui souhaitent un retour à l’ancienne dictature. »

Cécile Rilhac Présidente du CPID
La Présidente du CPID, Cécile Rilhac a clôturé cette conférence exceptionnelle : « Les actes de courage et de bravoure des femmes et jeunes iraniens ont suscité l’admiration de monde entier. Les femmes iraniennes ont joué un rôle crucial dans cette lutte. Leur esprit combatif et leur dévouement remarquable sont le fruit de 4 décennies de résistance face à l’oppression. Elles ont montré une détermination sans faille malgré les difficultés et les répressions auxquelles elles sont confrontées quotidiennement. Le feu de la révolution couve en Iran malgré les exécutions, la tortures, les menaces, les violences, les intimidations. Je dirais même, que les femmes iraniennes sont le « brasiers sous les cendres »!
La députée Cécile Rilhac, représentante de la fraction majoritaire (Renaissance), a déclaré que le comité parlementaire pour l’Iran démocratique est fier d’avoir pris l’initiative de soutenir la lutte du peuple iranien pour une république démocratique avec la séparation de la religion et de l’État, une initiative signée par la majorité des représentants de divers mouvements politiques. « Bien sûr », a-t-elle ajouté, « nos progrès ont suscité des réactions de la part de ceux qui prônent l’apaisement avec les mollahs ou de ceux qui aspirent à un retour à l’ancienne dictature. Cependant, nous sommes déterminés à soutenir la lutte du peuple iranien pour la démocratie. ».