Diffuser des fake news contre l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (MEK / OMPI) est l’une des méthodes du régime des mollahs contre la principale force d’opposition et son alternative démocratique.
Au cours de la période d’un an entre l’été 2015 et l’été 2016, les médias d’État iraniens ont produit plus de 300 films et séries télévisées et vidéos pour diaboliser l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI-MEK). Tout au long de 2016, le régime iranien a également publié 14 livres pour dénigrer l’OMPI. À ce jour, Téhéran publie un magazine mensuel et gère au moins 13 sites Web consacrés à ce sujet, sans parler des innombrables faux-nez sur les réseaux sociaux qui ont contribué à la campagne de désinformation ces dernières années.
L’OMPI est considéré comme l’ennemi juré du régime clérical et le plus grand défi à son emprise sur le pouvoir depuis le début du régime islamiste en Iran. En 1981, l’OMPI a dirigé la première grande marche de protestation contre la dérive totalitaires des dirigeants intégristes. Téhéran a rapidement répondu par des balles réelles et la violence, tuant des centaines de personnes sur place. Lorsque cela n’a pas réussi à étouffer la dissidence, le régime a commencé à planifier des solutions extrêmes contre l’OMPI. Cela a culminé à l’été 1988 par la solution finale de Khomeiny, ordonnant le massacre de 30 000 prisonniers politiques dans une fatwa.
Pourtant, même le massacre de 1988 n’a pas réussi à éradiquer le soutien populaire au groupe prodémocratie le plus fermement établi et organisé dans le pays. Au lieu de cela, ce soutien s’est déplacé dans la clandestinité mais a continué de croître. Des assassinats de militants de l’OMPI se sont poursuivis dans les années 90, souvant bien au-delà des frontières de l’Iran. Mais alors que le groupe continuait de démontrer sa résilience, la stratégie du régime s’est appuyé davantage sur la campagne de désinformation, avec la mobilisation massive de la radiodiffusion et de l’édition.
Une grande partie de cette campagne vise à réduire le soutien en interne à l’OMPI, ou du moins à maintenir ce soutien dans la clandestinité. Mais cet objectif a semblé échouer à la fin de 2017 lorsque l’Iran a été secoué par un soulèvement national qui a popularisé des slogans tels que «à bas le dictateur» et a semblé exprimer un fort courant de soutien populaire au changement de régime. Alors que ce soulèvement se poursuivait en janvier 2018, le guide suprême du régime, Ali Khamenei, a prononcé un discours dans lequel il a reconnu l’OMPI comme la source de ces slogans et une force motrice derrière le mouvement de protestation.
Il s’agit d’une évolution remarquable en ce qu’elle a remis en question la propagande que Téhéran avait mené contre l’OMPI au cours des 30 dernières années. Depuis le massacre de 1988, Téhéran a agi comme si les meurtres avaient réussi à démanteler l’organisation. Lorsque des représentants du gouvernement ou des médias d’État faisaient référence à l’OMPI en public, ils ne l’appelaient qu’une «secte» ou un «groupuscule». Cela était manifestement incompatible avec son rôle dans la direction du mouvement de protestation du début de 2018.
À l’intérieur de l’Iran, cet aspect de la propagande du régime n’a pas fonctionné, et il y a des raisons de croire qu’il ne le sera jamais. Là encore, avec tant de manifestants exprimant leur soutien à l’OMPI dans tant de localités différentes, il y a de bonnes raisons de croire que cette propagande était vaine en premier lieu. Il serait facile de conclure ainsi que les centaines de milliards de dollars de dépenses consacrées à la campagne de désinformation ont été entièrement gaspillés, bien que la propagande iranienne contre l’OMPI ait pris pied en dehors de l’Iran, en particulier chez les médias occidentaux.
Cette propagande est bien entendu contestée. En 2019 et 2020, le Conseil national de la résistance iranienne a remporté des procès en Allemagne concernant des allégations diffamatoires qui avaient été publiées dans Der Spiegel et Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais entre-temps, le contenu des articles incriminés a été lu par un nombre considérable de lecteurs, y compris d’autres journalistes qui l’ont pris pour acquis et l’ont répété ailleurs, parfois dans des endroits où il est plus difficile d’éliminer les fausses déclarations et les spéculations imprudentes.
Dans un discours qu’il a prononcé en juillet dans le cadre du «Sommet mondial pour un Iran libre», l’ancien sénateur américain Robert Torricelli a souligné les ordonnances du tribunal pour les deux publications allemandes de supprimer les informations provenant «directement de Téhéran», et il a déclaré: «Je suis gêné de vous dire que si la même chose se serait produite dans le New York Times, bien que nos lois et notre constitution ne soient pas différentes, les tribunaux n’auraient pas pu aussi facilement rendre de tel jugement.
L’incapacité de contrôler adéquatement ces sources est déconcertante à la lumière des conditions à l’intérieur de l’Iran aujourd’hui. Avec deux soulèvements à l’échelle nationale et un autre très probablement imminent à l’horizon, le régime iranien est extrêmement incité à intensifier sa campagne de désinformation contre les militants de la Résistance tant au pays qu’à l’étranger. Pendant ce temps, des centaines d’émissions et de publications récentes des médias d’État iraniens démontrent que le régime dispose clairement de l’infrastructure médiatique pour poursuivre cette campagne à grande échelle.
Torricelli a décrit cette situation dans son discours et a noté que les fake news des médias d’État sont diffusés «à travers le monde sous le couvert de sociétés de relations publiques, d’agents et d’entreprises qui diffusent de fausses informations». D’autres orateurs à cet événement ont convenu que ce réseau d’apologistes du régime représentait un défi majeur pour les journalistes et les décideurs occidentaux, mais aussi qu’il s’agissait d’un défi qui doit être surmonté, maintenant plus que jamais.
Le succès ou l’échec de chaque pays dans l’élimination de la désinformation iranienne pourrait déterminer si ce pays se tient ou non du bon côté de l’histoire la prochaine fois que les Iraniens se soulèveront et exigeront la réalisation de la promesse de démocratie et de liberté pour tous.