GENEVE – Javaid Rehman, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, a publié un rapport final et complet appelant à la création d’un mécanisme international pour enquêter et poursuivre les responsables des « atrocités » commises en Iran. Ces crimes comprennent l’exécution extrajudiciaire de milliers de prisonniers arbitrairement arrêtés lors de la répression de la dissidence politique dans les années 1980, notamment l’intention génocidaire du régime d’anéantir l’Organisation des Moudjahidines du Peuple (OMPI/MEK).
Dans son rapport, publié dans les derniers jours de son mandat de six ans, Rehman détaille les attaques généralisées et systématiques contre les populations civiles par les autorités iraniennes entre 1979 et 1988. Il qualifie ces actes de crimes contre l’humanité, notamment le meurtre, l’extermination, l’esclavage, déportation, emprisonnement, torture, viol, persécution et disparitions forcées. « Les autorités de la République islamique d’Iran ont mené une attaque généralisée et systématique contre une population civile conformément et dans le cadre d’une politique d’État préméditée et motivée par des raisons religieuses visant à exterminer une grande partie de l’échiquier politique (représentant différentes idéologies et visions du monde) qui étaient perçus comme des ennemis religieux du régime théocratique », a déclaré Rehman.
Crimes contre l’humanité
Le rapport met en lumière les vastes et brutales campagnes de meurtres de masse à travers des exécutions sommaires, arbitraires et extrajudiciaires, des emprisonnements, des actes de torture, des viols et d’autres actes inhumains contre des dizaines de milliers de dissidents politiques et religieux. Ces actes faisaient partie d’une politique d’État visant à réprimer les ‘ennemis’ du régime théocratique, englobant une large catégorie de citoyens, notamment des intellectuels, des artistes, des socialistes et des membres de diverses organisations politiques. Les membres de l’OMPI ont été considérablement ciblés au cours de cette période.
Le Rapporteur spécial a noté que le caractère systématique de ces attaques ressort clairement des schémas constants de détentions arbitraires, de disparitions forcées, de torture et d’exécutions extrajudiciaires documentés à travers le pays. Des autorités exécutives et judiciaires de haut niveau ont été impliquées dans l’orchestration de ces campagnes contre des groupes perçus comme anti-islam.
#Iran News in Brief
In a recent report published by the United Nations on March 1, @JavaidRehman @UN Special Rapporteur on the #HumanRights situation in Iran, expressed deep concerns regarding the escalating rate of executions in the country. Rehman highlighted that in the latest… pic.twitter.com/IncC8vcLfT— NCRI-FAC (@iran_policy) 2 mars 2024
Intention génocidaire
Rehman a souligné l’intention génocidaire derrière ces actions, en particulier envers l’OMPI. Il a fourni des preuves substantielles à partir de déclarations et de fatwas émises par de hauts responsables iraniens, dont le guide suprême Ruhollah Khomeini, démontrant une intention claire de détruire ces groupes. Les fatwas et les déclarations officielles ont classé les membres et sympathisants de l’OMPI comme monafeqin (hypocrites) et murtad (apostats), justifiant leur extermination sous des prétextes religieux.
Le rapport indique : « Les exigences spécifiques de la Convention sur le génocide et les défis liés à l’établissement du génocide ont déjà été pris en compte. La fatwa de Khomeini, un document clé du massacre de 1988, met à nu l’intention génocidaire de détruire physiquement l’OMPI, qui a été traitée comme un groupe religieux par les auteurs du massacre. La fatwa qualifie explicitement les transgressions religieuses présumées de l’OMPI de « guerre contre Dieu » qui doit être punie par l’exécution. »
Massacre de 1988
Le massacre de 1988 est présenté comme un exemple particulièrement flagrant d’atrocités criminelles, impliquant l’exécution systématique de milliers de prisonniers politiques, principalement des membres et sympathisants de l’OMPI. Ces exécutions ont eu lieu à la suite d’une fatwa de Ruhollah Khomeini et ont impliqué l’exécution extrajudiciaire et la disparition forcée de milliers de personnes. Les victimes ont été enterrées dans des fosses communes anonymes et leurs familles n’ont pas été informées de leur sort, ce qui constitue une disparition forcée continue.
Mostafa Pourmohammadi's staged interview reveals the regime's desperation to rewrite history on the #1988Massacre and counter MEK's influence on a restless society—an organization #Tehran has tried hard to eliminate and defame while claiming it has no significant following. pic.twitter.com/dbxo2jjZGa
— NCRI-FAC (@iran_policy) 25 juin 2024
Rehman a souligné la nécessité d’un mécanisme international d’enquête et de responsabilisation pour lutter contre ces crimes. « La dissimulation continue du sort de milliers d’opposants politiques et du sort de leurs dépouilles équivaut à un crime contre l’humanité de disparition forcée », a-t-il déclaré.
Le régime iranien continue de nier ces atrocités criminelles, et leurs auteurs n’ont pas été traduits en justice. Rehman a souligné qu’il ne devrait y avoir aucune impunité pour de telles violations flagrantes des droits humains, quel que soit le moment où elles ont été commises. Le Rapporteur spécial a appelé à un mécanisme international indépendant d’enquête et de responsabilisation pour faire progresser la vérité, la justice et la responsabilisation des victimes.
Le mandat de Rehman en tant que rapporteur spécial se termine fin juillet et Mai Sato, du Japon, devrait lui succéder. Son rapport complet de 66 pages appelle à la justice pour les victimes de ces atrocités et peut être consulté sur le site officiel du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH).
Lien vers le rapport : Rapport du HCDH sur l’Iran