vendredi, mars 29, 2024
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L’Iran présente tacitement aux négociateurs nucléaires un ultimatum qui doit être rejeté

Les négociations concernant l’avenir de l’accord nucléaire iranien ou du Plan d’action global commun sont toujours en cours à Vienne. Mais elles sont maintenant prêtes à continuer sans modestes de assurances fournies par un accord intérimaire entre le régime iranien et l’Agence internationale de l’énergie atomique. Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a précisé lundi que le régime n’avait pris aucune décision formelle concernant le rétablissement potentiel de cet accord, qui n’offrait qu’une vague promesse d’accès futur à des données vitales dans le cas où les pourparlers de Vienne réussiraient.

En révélant les sévères limitations que l’Iran a imposées à son mandat, l’AIEA a largement invalidé le soulagement que certains négociateurs occidentaux ont ressenti lors de l’annonce en mai que l’accord initial de trois mois entre Téhéran et l’agence des Nations Unies avait été prolongé d’un mois. Il s’avère que cette prolongation n’a représenté qu’un peu plus d’un mois pour maintenir les inspecteurs nucléaires en marge des pourparlers de Vienne avec la promesse douteuse qu’ils seraient en mesure de combler rétroactivement les lacunes de leur travail une fois ces pourparlers terminés.

Mais comment peut-on s’attendre à ce que les participants occidentaux à ces pourparlers acceptent une quelconque conclusion si cela implique de rester non informé de l’état actuel du programme nucléaire iranien et de simplement prendre le régime au mot et des promesses que toutes leurs anciennes violations du JCPOA seront corrigées ? C’est l’arrangement que Téhéran a proposé depuis le début des pourparlers en avril, mais comme l’a souligné le secrétaire général de l’AIEA, Rafael Grossi, cette offre n’a pas de sens à la suite de l’enrichissement à 60 %, de l’obstruction systématique du mandat de l’agence et du refus persistant d’expliquer le but des sites nucléaires non divulgués dont l’agence a découvert l’existence depuis la mise en œuvre du JPOCA en 2016.

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Avant la publication du dernier rapport de l’AIEA, Grossi a noté qu’il n’était « pas possible » de simplement revenir au JCPOA selon les conditions actuelles. « L’Iran a accumulé des connaissances, a accumulé des centrifugeuses et a accumulé du matériel », a-t-il déclaré aux journalistes avant de suggérer qu’une sorte d’accord supplémentaire ou d’accord cadre serait nécessaire si les parties au JCPOA voulaient espérer une solution mutuellement acceptable. Le problème avec ce sentiment, cependant, est qu’il a été rejeté à l’avance par l’Iran et a été rejeté à nouveau par le ministère des Affaires étrangères lors de la conférence de presse de Khatibzadeh lundi.

Le porte-parole du ministère a insisté sur le fait que l’Iran avait déjà pris sa décision sur l’avenir de l’accord de 2015 et que la responsabilité de sa restauration incombe uniquement à l’autre partie.

Il est absurde que le ministère des Affaires étrangères décrive cela comme une « décision iranienne ». La position du régime dans les pourparlers de Vienne n’est guère plus qu’une crise géopolitique – un effort pour se plaindre et menacer les autres négociateurs dans l’espoir d’obtenir tout en échange de rien. Dans le cadre de cet effort, Téhéran a tiré parti de sa relation avec l’AIEA afin de faire des données nucléaires l’objet d’un ultimatum. Alors que Khatibzadeh a parlé de ces données dans les termes les plus évasifs, le sous-texte évident était que Téhéran menace maintenant de supprimer tous les enregistrements de ses dernières avancées nucléaires si l’Occident ne cède pas.

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Aussi indésirable que soit la perte de données, elle est dérisoire par rapport aux conséquences potentielles de récompenser les activités malveillantes en cours du régime iranien par un allégement des sanctions et avec la fierté de savoir qu’elle survivra à celle de nations beaucoup plus fortes. Cela ne ferait qu’encourager le régime à appliquer encore plus les mêmes activités malveillantes dans l’espoir d’obtenir plus des concessions. Et entre-temps, la compréhension internationale du programme nucléaire du régime ne fera que continuer à se dégrader.

Aucun décideur occidental sérieux ne devrait même envisager de céder à l’ultimatum de Téhéran dans les circonstances actuelles. De toute façon, il n’y a qu’une valeur limitée à regagner l’accès aux données de l’AIEA puisque l’agence nucléaire des Nations Unies s’était déjà vu refuser l’accès aux sites nucléaires suspects et empêchée d’avoir une image complète des travaux nucléaires antérieurs de l’Iran avant même l’entrée en vigueur du JCPOA.

En fin de compte, l’objectif des pourparlers de Vienne et de toutes les autres négociations sur le programme nucléaire iranien doit non seulement être poursuivi, mais aussi il faut chercher à élargir l’accès à l’information qui était disponible auparavant. Si cela nécessite de laisser l’Iran expulser les inspecteurs du pays et de ramener le processus à la case départ, qu’il en soit ainsi. Si la seule alternative est la capitulation occidentale, ce n’est pas une alternative aucunement.

Dr Alejo Vidal Quadras
Alejo Vidal-Quadras, professeur de physique atomique et nucléaire, a été vice-président du Parlement européen de 1999 à 2014. Il est président du Comité international en quête de justice (ISJ)