CNRI – « Sur l’islam, je le sais Madame [Radjavi], vous êtes comme moi, farouchement libre et sereinement musulmane. Le plaidoyer que vous venez de faire sur l’islam nous rapproche de vous. L’importance que nous avons de notre responsabilité individuelle, vous l’avez rappelé. Vous avez rappelé également que c’est une religion de paix, de tolérance, de liberté et surtout, surtout d’égalité », a estimé Bariza Khiari, vice-présidente du sénat, le 4 aout à la Plaine St-Denis, près de Paris.
Elle s’exprimait dans une conférence internationale arabo-musulmane suivie d’un Iftar (rupture du jeûne) en solidarité avec la Résistance iranienne et Achraf qui rassemblait autour de Maryam Radjavi, des centaines de personnalités musulmanes de 17 pays et des délégations parlementaires de 14 pays arabes. La conférence, présidée par Sid Ahmed Ghozali, ancien premier ministre alégrien, a appelé à la condamnation de l’Irak par l’Assemblée générale de l’ONU, l’Organisation de la conférence islamique et la Ligue arabe, pour sa répression des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) dans les camps d’Achraf et de Liberty. Des personnalités comme Patrick Kennedy, des représentants de la communauté musulmane de France avec notamment Khalil Meroun recteur de la mosquée d’Evry, et des délégations du Moyen-Orient et d’Afrique du nord, ont pris la parole.
Voici l’intervention de Bariza Khiari :
Je vous remercie pour cette invitation à partager avec vous cet iftar. C’est pour moi, pour vous tous, et pour nous tous, un moment de fraternité qui est toujours très important. Il y a deux sujets que je souhaite aborder avec vous, et qui me préoccupent au regard de l’actualité en Iran. La première est la situation actuelle dans les camps d’Achraf et de Liberty qui m’amène à exprimer quelques inquiétudes. Inquiétudes sur les conditions de vie dans le camp de Liberty qui ne me semblent pas du tout correspondre aux normes humanitaires minimales. Inquiétudes suite au blocage du transfert depuis le camp d’Achraf dans lequel il reste 1300 personnes du fait de l’inaction de certains. Comme j’ai pu le dire récemment, Madame Radjavi, dans de pareilles circonstances, nous sommes tous des Achrafiens.
Dans ce mois sacré de Ramadan, je souhaite également partager avec vous le constat que les printemps arabes interpellent les démocraties occidentales sur le rôle de l’islam dans une démocratie. Or, nous le savons nous, qu’il n’y a pas d’incompatibilité, et les propos que vous avez tenus en témoignent. Et j’ai plaisir aussi à rappeler les mots de Moncef Marzoughi, président de la République tunisienne à l’Assemblée nationale il y a quelques jours et je le cite : De la même façon qu’il existe en Occident, en Allemagne, en Italie, voire ailleurs des partis chrétiens démocrates, il y a et il y aura dans le monde arabe, et de plus en plus de partis islamo-démocrates qui se fonderont bien évidemment sur le suffrage populaire, sur la volonté des peuples, sur la justice et sur la démocratie.
Le régime des mollahs a trop longtemps fait figure d’épouvantail sur ce sujet. À nous de le rappeler en permanence. Et sur ce sujet, je le sais Madame, vous êtes comme moi, farouchement libre et sereinement musulmane. Le plaidoyer que vous venez de faire sur l’islam nous rapproche de vous. L’importance que nous avons de notre responsabilité individuelle, de notre responsabilité personnelle, vous l’avez rappelé. Vous avez rappelé également que c’est une religion de paix, de tolérance, de liberté et surtout, surtout d’égalité. Vous nous avez rappelé le message de l’islam authentique.
Nous défendons, vous et moi, et vous tous ici, l’idée d’un islam spirituel, libre et responsable contre un islam politique qui, par ses visées, assèche l’islam de sa verticalité, de sa spiritualité et de sa profondeur.
Enfin, un dernier mot, le changement qui s’est fait jour en France depuis l’élection de François Hollande doit aussi se faire vis-à-vis de la situation iranienne. Notre vigilance doit être constante, notamment pour que cessent les exactions contre les réfugiés, de la même manière nous devons être à la hauteur du souffle démocratique qui parcourt les pays d’islam, en accompagnant les peuples où qu’ils soient, quand ils revendiquent plus de démocratie, de dignité, de karama et de droit pour chacun.
Je me permets ici de citer en conclusion le président de la République François Hollande s’exprimant de manière générale sur la question des droits de l’homme. « Sous ma présidence, a-t-il dit, la France sera dans le camp de ceux qui réprouvent et dénoncent les crimes commis contre les peuples, et notre pays pèsera de tout son poids pour que des mesures dissuasives soient prises afin de mettre un terme à de telles situations.