Arc-en- Ciel, N° 56, juin 2007 (Les nouveaux droits de lhomme) Le 5 février dernier, à linvitation de lassociation des juristes et des avocats iraniens en exil, un groupe de juristes et de personnalités politiques se sont réunis à paris pour se pencher sur les conséquences du jugement du tribunal de première instance des Communautés européennes, annulant la décision du Conseil de lUnion européenne de mettre lOrganisation des Moudjahidine du peuple dIran dans la liste du terrorisme. Un combat que la NDH soutient de toutes ses forces depuis 2002.
Arc-en- Ciel, N° 56, juin 2007 (Les nouveaux droits de lhomme) Le 5 février dernier, à linvitation de lassociation des juristes et des avocats iraniens en exil, un groupe de juristes et de personnalités politiques se sont réunis à paris pour se pencher sur les conséquences du jugement du tribunal de première instance des Communautés européennes, annulant la décision du Conseil de lUnion européenne de mettre lOrganisation des Moudjahidine du peuple dIran dans la liste du terrorisme. Un combat que la NDH soutient de toutes ses forces depuis 2002.
Depuis, le régime iranien exerce de nombreuses pressions sur es milieux diplomatiques en Europe. Nous avons appris quen coulisse, il a annoncé que le jugement de la Cour européenne était un obstacle à ses relations avec lEurope.
Le 31 janvier, le Conseil européen (qui na pas fait appel de la décision du TPI) a provoqué un tollé chez les juristes et les parlementaires en annonçant, suite à la réunion du Conseil des Affaires économiques et financières, quil décidait malgré tout de maintenir lOMPI sur la liste noire, se plaçant ainsi au-dessus de la justice européenne.
Une cinquantaine deurodéputés membres de lintergroupe parlementaire des « Amis dun Iran Libre » ont condamné fermement cette décision et exigé que le Conseil se conforme à la décision du tribunal ; quil retire lOMPI de la liste des organisations terroristes.
Cest, en fait, le gouvernement britannique qui est le principal instigateur de ce défi à la cour européenne. Refus auquel se joint le qui dOrsay qui, par la voie de son porte-parole, a déclaré le 9 février : « Nous sommes tout à fait favorable à ce quelle (lOMPI) reste sur cette liste. Il y a eu un problème juridique, une affaire de procédure, un problème de motivation. Cest en train de se régulariser, mais cette organisation va rester sur la liste. »
Cela démontre que le gouvernement français a déjà pris une décision pour poursuivre sa politique complaisante envers lIran, avant même que lOMPI ait pu disposer dune écoute équitable. Cette position constitue donc une violation du principe de la présomption dinnocence et un défi à létat de droit puisquelle av à lencontre de larrêt du 12 décembre 2006 de la Cour de justice des communautés européennes.
Voyons dès lors si le verdict du TPI nest quune simple affaire de « procédure » ?
Pour Henri Labayle, professeur de luniversité de Pau et spécialiste en droit communautaire, « larrêt du tribunal de première instance est une véritable révolution juridique. Pour la première fois, le juge non seulement ne se contente pas de questions vagues, mais va encadrer très précisément laction des institutions communautaires en matière dinscription sur la liste. » Conséquence : « Le Conseil manifestement a senti passer le vent du boulet. Il sest rendu compte que cet arrêt marquait la fin dune période où il pouvait se croire tout permis ».
Le tribunal constate, dans son communiqué de presse, que lOMPI fondée en 1965, sest donné pour but le remplacement du régime du chah dIran, puis celui des mollahs, par un régime démocratique. » Dans son article 2 de la conclusion de son jugement, le TPI précise « la décision 2005/930/CE du Conseil, du 21 décembre 2005, mettant en uvre larticle 2, paragraphe 3, du règlement (CE) n° 2580/2001 concernant ladoption de mesures restrictives spécifiques à lencontre de certaines personnes et entités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et abrogeant la décision 2005/848/CE, est annulée pour autant quelle concerne la requérante. » La Cour a aussi déclaré dans le paragraphe 35 que lorsque quun tribunal annule un acte, « lacte annulé est éliminé rétroactivement de lordre juridique et censé navoir jamais existé. »
Par conséquent le jugement du TPI annule clairement la décision du Conseil de lUE de mettre lOMPI dans la liste du terrorisme et dégèle les avoirs de lOMPI. Ce jugement est rétroactif et linscription des Moudjahidine du peuple est jugée dès le départ dénué de tout fondement légal. Le tribunal a conclu à la violation « de lobligation de motivation, du droit à la défense et du droit à une protection juridictionnelle » et à ce que le processus de prise de décision na pas respecté le minimum nécessaire. Aucune preuve na été apportée par le Conseil qui na même pas précisé quel organe national compétent a pris la première fois la décision dinscrire lOMPI. Le TPI précise que la décision de lUnion doit reposer sur une décision dune autorité nationale. Il sagit en loccurrence du Royaume Uni. Or le TPI relève que ni le Conseil, ni le Royaume uni nont été capable de lui fournir un acte lui disant « voilà à partir doù la procédure est partie ».
Il ne sagit donc pas dun simple problème de procédure. Sur une dizaine daffaires qui concerne des inscriptions sur les différentes listes anti-terroristes de lUnion, cest uniquement celle concernant lOMPI qui est ainsi tranchée par les juges européens. Or, le conseil fait comme si larrêt du tribunal de première instance navait pas eu lieu. Il ne tire aucune conséquence pratique et juridique dun arrêt de la juridiction communautaire. Pour justifier la décision du 29 mars 2001 du ministre de lintérieur britannique de lépoque, M. Jack Straw quand ce même Jack Straw, alors quil était ministre des affaires étrangères a reconnu, en janvier 2006, que linscription de lOMPI sur la liste britannique avait été prise à la demande du régime des mollahs. Cest pour cela que 35 parlementaires britanniques, sous légide du travailliste Lord Robin Corbett viennent de déposer un recours contre la proscription de lOMPI. Parmi ces parlementaires, également, le conservateur Lord Waddington, ancien ministre de lIntérieur britannique, et Lord Peter Fraser, ancien procureur général de lEcosse, qui a supervisé lenquête sur lattentat de Lockerbie.
Le jugement précis du TPI donne la possibilité à lOMPI de réclamer la fin des procédures nationales, notamment en France. En effet linscription de lOMPI a été la colonne vertébrale de laccusation et des rapports de la DST depuis lopération policière du 17 juin 2003 contre le siège du CNRI à Auvers-sur-Oise. Il est vrai que la sortie de la liste européenne rend ce dossier totalement vide de toute accusation. Nous savons que ce dossier a été dès le début, un dossier politique. Cest peut-être le souci de voir disparaître le dossier sur lequel sont fondés de nombreux contrats avec lIran des mollahs que le Quai dOrsay a pris cette position étonnante en ignorant lune des plus hautes instances juridiques en Europe, sinon la plus haute.
Selon les juristes dans lhistoire du contentieux communautaire, il y aura « un avant et un après » la décision OMPI contre le Conseil de lUnion européenne. Il faut remercier les Moudjahidine du peuple qui, dans leur combat pour libérer leur propre nation des excès dun pouvoir despotique, ont aussi permis à la communauté de droit de progresser aussi en Europe.
Tout le monde sait que linscription de lOMPI est le fruit dune politique de rapprochement avec le régime des mollahs, estimé alors capable de se modérer. Aujourdhui cette illusion nexiste plus, mais beaucoup de groupes de pression en Europe (y compris en France) narrivent pas à se détacher des fabuleux bénéfices des contrats passés avec la dictature religieuse en Iran.
En cela la décision du Quai dOrsay et des ministres des Economies et des finances des Etats européens est une entrave à linstauration de la liberté et de la démocratie en Iran. Mais plus grave encore,n cette décision irresponsable encourage un régime qui incite au terrorisme et maintien le chaos dans le Moyen-Orient particulièrement e,n Irak – et menace la paix dans le monde.
Maryam Radjavi, présidente de la République élue de la résistance iranienne a eu raison de souligner que cette affaire : « dépasse linjustice. Ce refus du Conseil de lUnion européenne est un acte arbitraire qui réprime la justice et piétine la loi, la démocratie et les droits de lhomme ».