vendredi, mars 29, 2024
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Un témoignage sur le rôle du régime iranien dans l’assassinat du Pr. Kazem Radjavi

CNRI – Ce qui suit est la traduction d’extraits d’une émission de Voice of America TV (en persan) sur le rôle des ambassades du régime iranien dans l’assassinat de membres de l’opposition, notamment le Pr Kazem Radjavi.

Le Pr Kazem Radjavi, représentant en Suisse de la Résistance iranienne, a été assassiné par les terroristes des mollahs à Genève en 1990.

Avec six doctorats en droit, sciences politiques et sociologie des universités de Paris et de Genève, le Pr Radjavi a été le premier ambassadeur de l’Iran Après la chute du chah au siège de l’ONU à Genève. Mais peu de temps après sa nomination, il a démissionné pour protester contre la répression et le terrorisme des mollahs. Il a alors intensifié sa campagne contre les exécutions de masse, les arrestations arbitraires et les tortures barbares commises par le pouvoir en Iran.

Dès la création du Conseil national de la Résistance en 1981, le Pr Radjavi a représenté la Résistance iranienne dans de nombreuses assemblées internationales. Chaque année, il conduisait la délégation de la résistance à l’Assemblée générale de l’ONU à New York et la Commission des droits de l’homme à Genève. Ses efforts constants et efficaces pour attirer l’attention internationale sur la terrible situation en Iran, ont abouti à la condamnation de la dictature religieuse par les Nations Unies et divers autres organisations des droits de l’homme.

La justice suisse a mis en cause 13 assassins du régime iranien dans ce meurtre.

Voice of America, en persan, 31 mai – Emission «Safhe Akhar» (la dernière page)

Entretien avec Darvish Ranjbar

L’animateur Mehdi Felahati : L’invité de cette partie de notre programme est M. Darvish Ranjbar, un ancien cadre des relations internationales du ministère des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, un ancien diplomate au siège européen des Nations Unies à Genève ….

Pendant les années où vous étiez en mission à l’étranger, pendant les années où vous étiez à Genève et à Vienne, en 1989 et 1990, il y a eu deux assassinats majeurs reconnu comme du terrorisme d’Etat (…) L’un a été l’assassinat du Pr. Kazem Radjavi en 1990 à Genève. La question est : savez-vous si la République islamique d’Iran a utilisé ses ambassades et bureaux de représentation dans divers pays pour mener à bien ce terrorisme d’Etat ? Parlez-nous de l’assassinat du Pr. Kazem Radjavi.

Darvish Ranjbar : En ce qui concerne l’assassinat du Pr. Kazem Radjavi, je dois dire d’abord que le Pr Kazem Radjavi était actif à la commission des droits de l’homme de l’ONU.

À mon avis, il a été assassiné [par le ministère du Renseignement du régime iranien] parce qu’il était très actif à la commission des droits de l’homme de l’ONU qui est désormais le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Il avait un doctorat en droit et aussi en sciences politiques et parlait couramment l’anglais et le français. Il était familier des principes et des pratiques diplomatiques et négociait avec les délégations de l’Union européenne, du Canada, de l’Australie et d’autres pays.  Il a joué un rôle important dans l’adoption des résolutions sur les droits de l’homme contre la République islamique. C’est pour cette raison, qu’il a été visé.

Quelques mois avant son assassinat, quand j’étais le représentant permanent [au Conseil des droits de l’homme], j’ai remarqué des gens qui ne ressemblaient pas à des Hezbollahis (partisans du régime iranien). Ils s’étaient soigneusement rasé la barbe et portaient une cravate, et quand ils sortaient ils n’utilisaient pas les véhicules de l’ambassade.

Quand j’ai demandé à l’un d’entre eux à quel ministère il appartenait, parce qu’ils venaient habituellement sous couvert d’une affectation temporaire, il m’a dit s’appeler Nouri et qu’il venait du ministère du Commerce, mais le ministère du Commerce n’avait aucune relation avec les organismes des Nations Unies à Genève.

Animateur : Mais quand vous y étiez, vous étiez le représentant permanent de la République islamique au siège de l’ONU à Genève ?

Darvish Ranjbar : Oui, j’étais en mission permanente. En fait, comme je l’ai mentionné, quelques mois avant l’assassinat [du Pr Kazem Radjavi], j’ai remarqué des gens qui ne ressemblaient pas à des Hezbollahis et j’ai compris qu’ils préparaient le terrain d’un assassinat. Ils l’ont mis [le Pr Kazem Radjavi] sous surveillance et sous filature pour savoir comment ils pouvaient l’assassiner.

Cependant, je ne fais que commenter leur apparence. Je tiens simplement à dire qu’un jour, quand je suis allé présenter mon rapport quotidien à M. Cyrus Nasseri, j’ai vu un homme qui s’était rasé de près et ne ressemblait pas à un Hezbollahi.

Animateur : Quelle a été la position de Nasseri alors ?

Darvish Ranjbar : A l’époque, Cyrus Nasseri était ambassadeur de la République islamique, le représentant le plus haut gradé.

Animateur : On vous écoute.

Darvish Ranjbar : Oui, M. Nasseri était ambassadeur et quand je suis allé lui donner le rapport à signer, j’ai vu cet homme avec une moustache et la barbe rasée disant venir de Téhéran et qu’il travaillait au ministère des Finances.

Je l’ai vu avachi sur une chaise les pieds allongées sur le bureau de M. Nasseri.

Vous voyez, s’il se sentait aussi à l’aise c’est parce que M. Nasseri n’avait pas d’importance pour lui. Quand j’ai vu ça, j’ai compris qu’il devait être un personnage haut placé.

Quoi qu’il en soit, quelques jours plus tard je crois, un matin où je venais à la mission comme d’habitude et pour me rendre ensuite à une convention sur le désarmement à l’ONU, j’ai vu que la mission était encerclée par la police suisse. Comme j’étais au volant d’une voiture avec une plaque diplomatique, ils m’ont laissé entrer.

Je  dirai entre parenthèses que la différence entre l’ambassade et la mission, c’est que la mission est un bureau qui travaille avec des organisations internationales au nom du pays, mais l’ambassade est un centre qui travaille sur les relations bilatérales.

Quand je suis entré à la mission, le climat était très tendu. Il y avait une note au tableau disant que personne ne devait aller à l’ONU, et qu’il allait y avoir une réunion d’urgence à 10h00.

Lorsque la réunion d’urgence a eu lieu à 10 heures, M. Nasseri, l’ambassadeur, a dit que nous savions tous qu’il s’agissait désormais d’une situation d’urgence et que deux personnes devaient rester en poste.  J’ai demandé à l’employé local d’acheter des bâtons et de les placer près de la porte arrière au cas où les Moudjahidine attaqueraient la mission. Je leur ai dit de se défendre avec les bâtons et aussi d’appeler la police suisse pour venir vous aider.

M. Nasseri était extrêmement effrayé et apeuré. Il estimait que cet acte de terrorisme pourrait conduire les Moudjahidine à lui faire connaître le même sort.

Pendant ce temps un employé local qui s’appelait Sacha, originaire de l’ex-Yougoslavie est entré dans la salle de conférence quand la réunion s’est terminée.

M. Nasseri nous a donné des recommandations de sécurité, tout en portant un gilet pare-balles et un pistolet.

Quand j’ai quitté la pièce, j’ai vu qu’il y avait environ 10 à 15 bâtons bien fait derrière la porte arrière de la mission afin que les deux personnes de service tous les soirs puissent se défendre.

En fait, nous, qui étaient censés utiliser notre stylo à travailler pour notre intérêt national, est effectivement devenue Club agents brandissant pour leurs activités terroristes ici.

Animateur : M. Ranjbar, nous n’avons pas beaucoup de temps, seulement deux minutes. Veuillez nous dire si vous avez une description des gens qui sont venus ici à Genève à l’hôtel ou à l’ambassade et à la mission, connaissez-vous leurs noms ?

Darvish Ranjbar: Je ne connais pas leurs noms et ces gens sont sûrement venus sous de faux noms. Mais, selon la dernière enquête, ils étaient 9. Ils étaient arrivées avec des passeports de service, qui comme vous le savez sont différents des passeports diplomatiques.

Ils n’ont pas utilisé les installations de la mission et ne sont même pas venu à la mission. Quand ils sont venus pour l’assassinat, ils sont allés à l’hôtel et n’ont pas utilisé les installations de l’ambassade ni de la mission de manière à ne laisser aucune trace.

Ils ont loué une voiture et trois personnes étaient responsables de la gestion de l’assassinat, l’un était M. Mehdi Akhondzadeh qui a loué une chambre à l’hôtel Laleh de Genève. Une autre était M. Nasseri, et le troisième était M. Karim-Abadi, consul général de la République islamique à Genève, C’est ce trio qui a géré l’assassinat.

M. Nasseri à la mission, M. Mehdi Akhondzadeh à l’hôtel Laleh à Genève, et M. Karim-Abadi le consul général dirigeait en fait le commando de tueurs. Le commando de tueurs n’a pas utilisé les installations de l’ambassade parce qu’il ne voulait pas laisser de trace.