vendredi, mars 29, 2024
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Un dossier sur Hassan Rohani, le nouveau Président du régime iranien : Est-il une force de changement ?

1. Le passé de Rohani

• Hassan Rohani est un responsable de haut rang du régime depuis trente ans, principalement dans le domaine du renseignement et de la sécurité militaire et nationale.

• À ce titre, il est impliqué dans les actions et la politique du régime auxquelles il a apporté son soutien, notamment la répression de l’opposition et la course à l’arme nucléaire. Ses opinions mettent à nue sa véritable position sur des questions clés.

• Rohani a servi seize années durant, à partir de 1989, au poste de secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran (CSSN), la plus haute instance responsable de toutes les questions liées à la politique étrangère et à la sécurité nationale. Il est actuellement le représentant de Khamenei au sein de cette instance. Il a été conseiller à la sécurité nationale du Président pendant treize ans (de 1989 à 1997 et de 2000 à 2005). Il a été commandant en chef adjoint des forces armées du régime (1987 – 1988) et membre du Conseil suprême de la défense du régime (1982 – 1988). Il a été négociateur nucléaire en chef de 2003 à 2005.

2. Position sur la question nucléaire :

• Soutenir le programme nucléaire du régime iranien, tout en essayant de garder le secret et de le faire progresser, a été un point fort de  Rohani.

• En tant que Secrétaire du CSSN de l’Iran, il était parfaitement au courant de la construction secrète des installations nucléaires illicites à Arak, Natanz et Ispahan, qui sont restées clandestines jusqu’à ce que le Conseil national de la Résistance iranienne en révèle l’existence en 2002.

• En 2003, Rohani est devenu le négociateur nucléaire en chef du régime iranien. Des années plus tard, il s’est vanté d’avoir dupé l’Occident, tout en poursuivant la course aux armes nucléaires, pour en obtenir le plus rapidement possible.

• Lors d’une réunion privée du Conseil suprême de la révolution culturelle en octobre 2005 (après avoir quitté le poste de négociateur en chef), Rohani a détaillé comment il a dupé l’Occident :

• « Lors d’une réunion de chefs d’Etat en 2003, la discussion a porté sur le fait que selon la résolution de l’AIEA de septembre 2003, nous devions donner une image complète de nos activités nucléaires des années précédentes à l’AIEA. L’enjeu était de savoir si le fait de fournir cette image à l’AIEA atténuerait le problème ou non ? Le dilemme était que si nous donnions une image complète, l’image en soi pouvait nous mener au Conseil de sécurité de l’ONU. Et ne pas fournir d image complète aurait été considéré comme une violation de la résolution et nous aurions pu être renvoyés devant le Conseil de sécurité pour n’avoir pas mis en œuvre la résolution ».

• « Une autre question qui a été soulevée concerne le fait que les Européens ont progressivement réalisé que nous n’avions pas accepté la suspension dans les domaines où nous avions des difficultés techniques et que nous avions accepté la suspension uniquement dans les domaines où nous n’avions aucun problème technique. C’est un point qu’ils soulignent récemment dans les négociations. Par exemple, nous avons achevé Ispahan, à savoir la section de l’ICU, et l’usine qui transforme les yellow cake en UF4 et en UF6 a été achevée pendant la période de suspension. Alors qu’on négociait avec les Européens à Téhéran, nous étions en train d’installer des équipements dans le site d’Ispahan et il y avait encore beaucoup de travail à faire pour achever ce site et terminer le travail là-bas. En réalité, c’est en créant une situation anodine, que nous avons pu terminer Ispahan ».

• « Je dois vous dire que nous avons besoin de temps pour mettre en œuvre nos capacités. Je veux dire que si nous pouvions compléter le cycle du combustible et mettre le monde devant le fait accompli, alors la situation serait totalement différente ».

• Dans un article intitulé « Comment nous avons dupé l’Occident, par le négociateur nucléaire iranien », le Sunday Telegraph écrivait le 5 mars 2006 : « L’homme qui pendant deux ans a mené les négociations nucléaires de l’Iran, a exposé dans des détails sans précédent comment le régime a profité des pourparlers avec la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne pour faire avancer son programme atomique secret. Dans un discours lors d’une réunion à huis clos de leaders religieux et d’universitaires musulmans, Hassan Rohani, qui a dirigé les pourparlers avec la dite troïka européenne jusqu’à l’année dernière, a révélé comment Téhéran a joué pour gagner du temps et essayé de duper l’Occident lorsque son programme nucléaire secret a été révélé par l’opposition iranienne en 2002 ».

• Pendant la campagne électorale, il a mis à son crédit la poursuite des politiques déterminées par Khamenei et d’avoir réussi à tromper les puissances occidentales sur les intentions du régime à poursuivre son programme nucléaire. Il a ajouté qu’à l’époque le contexte politique était différent, mais qu’il avait réussi à empêcher toute action à leur encontre sans renoncer à « nos droits ».

• A sa première conférence de presse après sa victoire du 17 juin 2013, Rohani a rejeté l’idée d’arrêter l’enrichissement d’uranium, soulignant que « cette époque est révolue ».

• Dans une interview avec le quotidien arabe Asharq-Alawsat, le 15 juin 2013, il a déclaré : « le programme nucléaire de l’Iran est un programme entièrement pacifique. Par conséquent, il n’est pas en violation du droit international et il n’y a pas lieu d’en discuter. Il y a une campagne importante et politiquement motivée pour induire en erreur et créer une ambiguïté sur le caractère pacifique de ce programme. Cette mobilisation est principalement faite par Israël ».

3. Position  sur la répression de l’opposition

• Au cours de son mandat au Conseil suprême de sécurité nationale, M. Rohani a adopté des positions dures vis-à-vis de l’opposition et de la dissidence.

• Il a mené la répression du soulèvement étudiant en 1999. Le 14 juillet 1999, alors que la révolte étudiante grandissait, Rohani a déclaré lors d’un rassemblement du régime : « Hier, à la tombée de la nuit, nous avons reçu l’ordre révolutionnaire ferme d’écraser de manière impitoyable et colossale tout mouvement de ces éléments opportunistes où que ce soit. A partir d’aujourd’hui notre peuple pourra voir comment sur le terrain nos forces appliquent la loi face à ces opportunistes et à ces éléments séditieux, s’ils osent simplement se montrer ». Les «opportunistes et éléments séditieux» dont parle Rohani, désignent les étudiants qui réclamaient la liberté et la démocratie. Selon le Wall Street Journal du 17 juin 2013, « plus d’une dizaine d’étudiants ont été tués dans ces manifestations, plus d’un millier de personnes ont été arrêtées, des centaines torturées et 70 ont simplement « disparu » ».

4. Position sur la Syrie

Dans une interview avec le quotidien arabe Asharq alawsat, le 15 juin 2013, il a également salué l’alliance du régime avec la Syrie. « Toutes les parties doivent rassembler leurs efforts pour mettre fin à cette situation. Cependant, il y a des faits qui ne peuvent être ignorés. La Syrie est le seul pays de la région qui a résisté à la politique et la conduite expansionnistes d’Israël. Le conflit entre nos frères en Syrie a été attisé par certains gouvernements à l’intérieur et à l’extérieur de la région », a-t-il dit.

5. Soutien au terrorisme

Il était secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale lorsque l’Iran a orchestré l’attentat contre le centre culturel juif de Buenos Aires en 1994, qui a fait 85 morts, et contre les tours Khobar en Arabie saoudite en 1996, tuant 19 militaires de l’armée de l’air américaine.

6. Comment Rohani a été approuvé pour se présenter à la présidentielle ?

• Il a été examiné et approuvé par le Conseil des Gardiens comme quelqu’un qui a démontré sa totale allégeance à l’autorité absolue du guide suprême (Khamenei) à la fois en théorie et dans la pratique. Même quelqu’un comme Hachemi Rafsandjani, l’un des piliers du régime, n’a pas réussi ce test. Cela montre le niveau de la loyauté de Rohani à Khamenei.

• Il est bon de rappeler que le 14 juillet 1999, en plein soulèvement étudiant, il a déclaré qu’insulter Khamenei « est une insulte faite à l’Iran, à l’islam, aux musulmans, à la constitution, et à ceux qui considèrent que l’Iran est l’ultime décideur du monde islamique. Dans quel pays, ces mouvements séditieux sont-ils tolérés ? Hier soir, l’ordre décisif de réprimer sévèrement tout mouvement de ces éléments a été donné ».

7. Qui détient le pouvoir suprême à Téhéran ?

• Sous le régime des mollahs, le pouvoir réel est entre les mains du guide suprême. Comme l’avait décrit Khatami, le Président n’est rien de plus qu’un « intendant ».

• Selon l’article 110 de la constitution, le guide suprême à vie des mollahs (Ali Khamenei) détient tous les leviers du pouvoir : il détermine la politique principale du régime ; ordonne les référendums ; il est commandant en chef des forces armées et nomme les membres du Conseil des Gardiens, le  chef du judiciaire, le président de la radiotélévision d’Etat, les chefs d’état-major, le commandant des gardiens de la révoultion, les commandants supérieurs de l’armée et des organes de sécurité  ; avalise ou révoque le Président de la république, etc. Toutes les décisions concernant les questions clés de l’Etat sont prises par le guide suprême. Comme l’a reconnu Rohani et aussi très récemment le Président sortant Mahmoud Ahmadinejad, toutes les décisions concernant le programme nucléaire sont prises par Khamenei.

• La survie du régime (République islamique) est basée sur la notion de la suprématie absolue du guide religieux (Velayat-e-faqih). Par conséquent, toute dérogation à ce principe conduira inévitablement à la chute du régime. Pour cette raison, Khamenei a résisté à toute manœuvre politique en Iran sans parler de réforme politique sérieuse.

8. Conclusion

• Rohani est tout sauf un modéré ou une force de changement. Il est taillé dans la même étoffe que le reste des mollahs.

• Comme Maryam Radjavi, Présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, l’a souligné lors du grand rendez-vous international à Paris le 22 juin, il y a des critère clairs pour le changement et la modération en Iran : « Rien ne changera sans liberté d’expression et sans les droits humains, sans libération des prisonniers politiques, et sans la liberté des partis, ni tant que la politique d’ingérence du régime en Syrie et en Irak se poursuivra et tant que le régime s’obstinera à se doter d’armes nucléaires ».

 

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