Dans un article révélateur intitulé « L’Irak, dernier bastion de l’Iran », publié par Ham Mihan le 5 janvier 2025, les médias de la dictature iranienne évoquent les conséquences désastreuses des récents changements régionaux pour Téhéran. La chute du gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie a laissé Téhéran se démener pour maintenir son influence déclinante, l’Irak devenant son dernier bastion dans la région.
L’article décrit une cascade de revers pour Téhéran, à commencer par la libération de la Syrie, qui, selon l’auteur, a renforcé la confiance de la Turquie tout en reléguant Téhéran à une posture défensive. « L’Iran a subi une défaite et est naturellement inquiet, adoptant une position défensive. »
L’article exprime son inquiétude face à la montée potentielle d’un gouvernement sunnite en Syrie, qui pourrait « déstabiliser l’Irak », une nation essentielle à la stratégie régionale de Téhéran. Un tel scénario, prévient-il, placerait les Arabes sunnites des deux côtés de la frontière syro-irakienne. L’inquiétude de Téhéran est palpable : « Si les sunnites de ces régions reprennent le pouvoir, l’équilibre des forces en Irak basculera contre les chiites soutenus par l’Iran. »
L’article concède que l’influence du régime iranien est au plus bas. La Syrie, autrefois pierre angulaire de « l’axe de résistance » de l’Iran, est désormais perdue, et le Hezbollah, puissant mandataire de Téhéran, a été considérablement affaibli. « La situation fragile en Syrie pourrait déborder sur l’Irak, mettant en péril toute la stratégie de sécurité nationale de l’Iran construite au cours des quatre dernières décennies », déplore-t-il.
L’article met également en garde contre l’évolution de la dynamique entre la Turquie et les États-Unis, qui pourrait isoler davantage Téhéran. « Pour la première fois, la Turquie pourrait collaborer avec les États-Unis, l’ennemi juré de l’Iran, pour agir directement contre les intérêts régionaux de Téhéran », note-t-il.
Soulignant les crises internes du régime, l’article admet que la situation économique de l’Iran est désastreuse, que le capital social s’érode et que les relations entre l’État et la société sont extrêmement tendues. Cette fragilité intérieure aggrave l’incapacité de Téhéran à répondre efficacement aux menaces extérieures. « Dans les circonstances actuelles, l’Irak reste le dernier bastion de l’Iran dans la région », conclut l’article, soulignant les enjeux élevés pour le régime clérical.
Le régime clérical iranien compte désormais sur une coopération plus étroite en matière de sécurité avec l’Irak pour contrer les menaces perçues en provenance de Syrie et d’ailleurs. Cependant, comme le note prudemment l’article, cette stratégie repose sur l’hypothèse que les chiites irakiens peuvent tenir le coup – un pari précaire étant donné l’influence déclinante de Téhéran et l’opposition croissante.
La reconnaissance franche de ces défis par les médias officiels iraniens reflète un régime profondément conscient de ses vulnérabilités. Alors que Téhéran lutte pour gérer les répercussions géopolitiques de la libération de la Syrie, son désespoir souligne l’affaiblissement de l’emprise du régime clérical dans un Moyen-Orient en pleine mutation.