Le 27 mai, la télévision officielle iranienne a diffusé un film de propagande montrant son prétendu « 313e quartier général de drones stratégiques ». Le coup de sabre de Téhéran s’inscrit dans un contexte de protestations dans de nombreuses villes iraniennes et de plusieurs opérations contre des responsables du régime et des sites militaires.
Quelques heures avant la mise en scène ridicule de Téhéran, de nombreux médias iraniens ont rapporté que Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées du régime, avait visité le quartier général « secret » et hautement « sécurisé » des drones.
Ces rapports se vantaient d’un nid de drones « à des centaines de kilomètres sous terre ». La télévision officielle du régime a également reconnu que cette base se trouve dans « le nord-ouest de l’Iran, et notre caméraman n’a pas été autorisé à y pénétrer ».
Mais certains médias officiels ont critiqué ce qu’ils ont appelé un reportage « maladroit » qui a par inadvertance « partagé des informations sur la localisation du siège du drone. »
« Nous avons volé depuis la première base de l’armée de l’air. Je n’étais pas au courant de l’existence [du nid de drones], et ils m’ont dit après quelques minutes que je devais continuer le chemin les yeux bandés », s’est-il vanté.
Il a ensuite montré la trajectoire de vol de l’hélicoptère et a déclaré qu' »après environ 40 minutes de vol, ils ont atteint la base souterraine. »
Le site Internet officiel Khabarfori a critiqué ce reportage dans un article intitulé « Les erreurs des services de renseignement de l’IRIB révèlent l’emplacement de la base clandestine de l’armée. »
« Il y a deux grosses erreurs dans les informations de l’IRIB qui ont révélé l’emplacement de la base. Le journaliste mentionne un vol de 40 minutes entre la base aérienne de Kermanshah et la destination, selon lequel les coordonnées relatives de la base peuvent être trouvées », lit-on dans le rapport.
« L’erreur la plus significative est le nom figurant sur un extincteur qui a révélé l’emplacement de la base, la ville de Dalahou à Kermanshah », ajoute le rapport.
Outre le site Web Khabarfouri, de nombreux utilisateurs iraniens sur Twitter ont deviné l’emplacement du siège du drone, compte tenu des informations publiées par le régime.
Un utilisateur a souligné qu’en se basant sur la vitesse moyenne de l’hélicoptère Bell214, qui a emmené le reporter à la base, « la soi-disant base secrète se trouve à environ 102 km de la 1ère base aérienne de Kermanshah. »
Le reporter a déclaré avoir préparé cette vidéo le 25 mai. Pourtant, les photos de la visite de Bagheri ont révélé une autre erreur.
Les métadonnées des photos fournies aux agences de presse montrent qu’elles ont été prises en deux temps. Une première fois, des images uniques des drones ont été prises le 18 mai. Le lendemain, à 10 heures, le reste des photos présentées par la télévision d’État iranienne ont été prises. Par conséquent, le temps approximatif de préparation des informations par les responsables des relations publiques de l’armée a été exposé. Les métadonnées des photos ne laissent aucun doute sur le fait que l’ensemble du reportage était une mise en scène maladroite.
Il est possible que le régime ait publié ces informations à dessein dans le cadre de ses opérations de contre-espionnage, notamment après les récentes attaques contre ses installations et l’assassinat de ses principaux commandants.
Mais si l’on comprend la situation actuelle du régime, il ne fait aucun doute que, quel que soit le scénario, ce coup de sabre montre la faiblesse des mollahs et constitue une débâcle humiliante.
Les protestations se répandent dans tout le pays en raison de la corruption, de l’incompétence et de la mauvaise gestion institutionnalisées du régime. Alors que les Iraniens ne peuvent pas gagner leur vie, la théocratie au pouvoir gaspille des milliards de dollars pour son bellicisme et son terrorisme par des actions telles que la production de drones.
La Résistance iranienne a révélé le programme clandestin massif de drones du régime en octobre 2021. Selon ce rapport, « la force Qods affilié au Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran) utilise principalement divers drones pour ses opérations terroristes ainsi que pour approvisionner ses mandataires dans la région. Dans une certaine mesure, le régime tente de compenser la vétusté et la décrépitude de son armée de l’air grâce à cette technologie. »
Alors que les menaces terroristes de Téhéran doivent être prises au sérieux, le programme de drones du régime indique la faiblesse de l’armée de l’air de Téhéran d’un point de vue purement militaire.
La récente démonstration de puissance creuse du régime vise principalement à remobiliser ses troupes, car elles voient une société volatile et un autre soulèvement à l’horizon. D’ailleurs, les récentes attaques au cœur de la capitale contre les officiels du régime et les sites militaires révèlent le vrai visage d’un régime faible et les nombreuses fissures dans son appareil de sécurité.
Pourtant, comme le régime voit sa fin proche, il s’accroche à n’importe quoi pour assurer son emprise sur le pouvoir. Il ne faut donc pas sous-estimer les menaces de cette bête blessée. Téhéran a utilisé les milliards de dollars qu’il a gagnés grâce à l’allègement des sanctions pour développer ses capacités militaires et terroristes. La théocratie au pouvoir en Iran a exproprié la richesse nationale pour exporter le terrorisme et le chaos à l’étranger afin de se maintenir au pouvoir.
Comme l’avait proposé la Résistance iranienne en octobre, « Toute transaction avec le régime de Téhéran par toutes les parties occidentales, en particulier après l’ascension de Raïssi, doit cesser. Toutes les activités, y compris la production, l’utilisation et la recherche sur les drones et le programme de missiles du régime, doivent être incluses dans les revendications. Sinon, en raison de ses graves faiblesses intérieures, le régime théocratique mettra davantage l’accent sur la création d’une instabilité régionale pour gagner du temps et se maintenir au pouvoir. »