À l’occasion du 10e anniversaire du meurtre d’Alberto Nisman, le gouvernement argentin a réaffirmé son engagement en faveur de la justice pour les victimes de l’attentat de l’AMIA de 1994 et a dénoncé l’implication du régime iranien dans l’attaque. Nisman, le procureur principal enquêtant sur l’attentat à la bombe contre le centre communautaire juif de l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) à Buenos Aires, a été retrouvé mort en janvier 2015, juste un jour avant de présenter des preuves impliquant des responsables de haut rang.
Un rapport publié la semaine dernière par le ministère public argentin a confirmé que Nisman avait été assassiné, décrivant sa mort comme étant directement liée à son enquête sur le rôle de l’Iran dans l’attentat de l’AMIA. L’attaque, qui a tué 85 personnes et en a blessé plus de 300, a été décrite par un jugement de justice argentin de 2024 comme ayant été « organisée, planifiée, financée et exécutée sous la direction des autorités iraniennes et menée par des agents du Hezbollah ».
Le bureau du président argentin Javier Milei a marqué l’anniversaire par une déclaration qualifiant le meurtre de Nisman de crime commis par « les forces les plus obscures du pouvoir ». Le gouvernement s’est engagé à rechercher la justice, exprimant sa confiance dans le fait que la justice continuerait d’enquêter à la fois sur l’attentat de l’AMIA et sur la mort de Nisman.
Al cumplirse una década de la muerte del fiscal Alberto Nisman, Javier Milei -a través de un comunicado oficial de la Oficina del Presidente- habló de "asesinato en manos de lo más oscuro del poder" y calificó al Memorándum con Irán de Cristina Kirchner como "traición a la… pic.twitter.com/3mnKS2COeL
— Contexto Tucumán (@contextocomar) 18 janvier 2025
« Nisman a été victime d’un homicide motivé par son rôle au sein de l’unité d’enquête de l’AMIA », a déclaré le gouvernement. L’article critique également le protocole d’accord controversé signé en 2013 entre les gouvernements argentin et iranien, qui constitue une trahison de la souveraineté argentine.
Nisman avait accusé la présidente de l’époque, Cristina Fernández de Kirchner, et d’autres responsables d’avoir tenté de soustraire les dirigeants iraniens à la responsabilité de l’attentat en échange de faveurs économiques. Quelques jours avant sa mort, il devait présenter au Congrès des preuves de cette prétendue dissimulation.
L’attentat de l’AMIA reste une pierre angulaire du soutien avéré du régime iranien au terrorisme à l’étranger. En 2006, Nisman a formellement accusé le régime iranien d’avoir orchestré l’attaque et le Hezbollah de l’avoir exécutée. Son enquête avait identifié des responsables iraniens de haut rang comme principaux planificateurs, mais les efforts pour les extrader ont été entravés par le refus de l’Iran de coopérer et par une prétendue ingérence politique en Argentine.
Sandra Arroyo Salgado, juge fédérale et ex-épouse de Nisman, a fait écho aux conclusions du dernier rapport. S’adressant aux médias locaux, elle a déclaré : « Nisman a fait la lumière sur la responsabilité des hauts responsables iraniens dans l’attaque de l’AMIA. Il a reçu des menaces de mort pour s’être opposé au pacte d’impunité que constituait le protocole d’accord avec l’Iran. C’est lorsqu’il a renforcé son enquête qu’il a été assassiné. »
#Iran News in Brief Miguel Ángel Toma, the former Minister of National Intelligence of #Argentina, highlighted that Alberto #Nisman, the prosecutor of the AMIA bombing case, was murdered by the regime in Iran. https://t.co/jdHd6nHeZO pic.twitter.com/EEaDOjOmnx
— NCRI-FAC (@iran_policy) 22 avril 2023
Arroyo Salgado a également critiqué la justice argentine pour sa gestion de l’affaire, la qualifiant de « honte » et a accusé les responsables de diffuser de fausses informations pour ternir la réputation de Nisman après sa mort.
L’attentat contre l’AMIA n’était pas un incident isolé. Un autre tribunal argentin a également conclu que l’Iran était responsable de l’attentat de 1992 contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, qui a tué 29 personnes. Ensemble, ces attaques mettent en évidence la stratégie de longue date de Téhéran consistant à exporter le terrorisme et à utiliser des mandataires comme le Hezbollah pour cibler ses adversaires à l’étranger.
Alors que l’Argentine poursuit sa quête de justice, l’affaire Nisman rappelle les efforts déployés par le régime iranien pour échapper à ses responsabilités par le biais de manipulations diplomatiques et d’opérations secrètes. L’administration du président Milei a appelé à une nouvelle pression internationale pour que le régime iranien assume les conséquences de ses actes.
#Nisman is a martyr for peace and humanity and not just a martyr of the Argentinean people#Iran pic.twitter.com/hstAbPWHAk
— Maryam Rajavi (@Maryam_Rajavi) 29 janvier 2015
Le meurtre de Nisman et l’affaire AMIA, non résolue, soulignent les défis que pose la lutte contre le terrorisme et la corruption sponsorisés par l’État. Comme l’a déclaré Sandra Arroyo Salgado, « la vérité est déjà connue : Nisman a été assassiné en raison de son travail visant à révéler les crimes du régime iranien. La justice doit prévaloir. »