Dans un discours prononcé le 8 mars, Le guide suprême du régime iranien, Ali Khamenei, a clairement indiqué qu’il considérait les négociations comme un outil de coercition et non de diplomatie, avertissant qu’accepter une telle pression enhardirait les adversaires et porterait atteinte à la stabilité du régime.
« L’insistance de certains gouvernements arrogants sur les négociations n’a pas pour but de résoudre les problèmes », a déclaré Khamenei. « Il s’agit d’imposer leurs exigences. La République islamique n’acceptera jamais leurs attentes. »
Ses propos ont été tenus un jour après que Trump a révélé avoir envoyé une lettre à Khamenei, proposant des négociations comme alternative à une action militaire. Le président américain a averti que Washington était « dans les dernières étapes » de ses négociations avec l’Iran et que « quelque chose se produirait bientôt » concernant les ambitions nucléaires du régime.
Khamenei a cependant rejeté toute possibilité d’engagement diplomatique, décrivant la volonté de pourparlers comme « pas de véritables négociations, mais de la coercition et de l’imposition ». Il a fait valoir que les États-Unis ne s’arrêteraient pas à la question nucléaire mais exigeraient également des restrictions sur « les capacités de défense, la portée des missiles et l’influence internationale de l’Iran ».
La crainte de Khamenei d’un effondrement interne
Au-delà des menaces extérieures, le discours de Khamenei a également signalé sa préoccupation croissante concernant les divisions internes au sein du régime, mettant en garde les responsables contre les luttes intestines à un moment où le système est déjà fragile.
« Leur espoir réside dans nos divisions internes », a-t-il déclaré, avertissant les responsables du régime de maintenir l’unité et de « ne pas transformer chaque désaccord en champ de bataille ».
Khamenei craint depuis longtemps que tout recul en politique étrangère ne renforce les dissensions internes, non seulement parmi les forces d’opposition, mais aussi au sein de sa propre base politique, qui a déjà montré des signes de factionnalisme. Il craint que toute concession aux États-Unis soit perçue comme une faiblesse, ce qui entraînerait un effondrement du moral de ses partisans.
« Nous devons rester unis. Si nous ne le faisons pas, ils exploiteront nos différences », a-t-il averti, signalant clairement aux factions rivales au sein du régime que le conflit interne pourrait accélérer sa chute.
Khamenei réprimande les responsables qui évitent de prendre des décisions
Dans une rare réprimande publique de l’inefficacité de son propre régime, Khamenei a critiqué les responsables qui refusent de prendre des décisions difficiles par peur des conséquences.
« Certains pensent que la ligne de conduite la plus sûre est de ne prendre aucune décision », a-t-il déclaré. « C’est une erreur et cela entraînera des conséquences désastreuses. Tout comme nous sommes tenus responsables de nos actes, nous serons également tenus responsables de notre inaction. »
Ses propos étaient une attaque directe contre ses rivaux politiques qui, face à la crise économique et à la pression internationale, le poussent à se réconcilier avec l’Occident. L’avertissement de Khamenei reflète également sa frustration face à la paralysie de l’appareil d’État, où les responsables craignent que toute décision – qu’elle soit économique, politique ou militaire – puisse se retourner contre lui et provoquer davantage d’instabilité.
Sa déclaration suggère qu’il considère l’hésitation comme plus dangereuse qu’une action mal calculée, car l’indécision risque de permettre aux ennemis de l’Iran – tant internes qu’externes – d’exploiter les faiblesses du régime.
Khamenei fustige l’Europe : « Sans vergogne au-delà des limites »
Dans son discours, Khamenei a également fustigé les pays européens qui critiquent les violations nucléaires de Téhéran. Faisant référence à la récente déclaration conjointe du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et des États-Unis, qui a averti que le non-respect par Téhéran des engagements nucléaires internationaux pourrait conduire à une action du Conseil de sécurité de l’ONU, Khamenei a rejeté leurs inquiétudes comme étant hypocrites.
« Vous prétendez que l’Iran n’a pas rempli ses obligations au titre de l’accord nucléaire ? Très bien, avez-vous rempli les vôtres ? », a rétorqué Khamenei. « Dès le premier jour, vous n’avez pas respecté vos obligations. Même l’impudence a ses limites. »
Ces derniers jours, de nombreux responsables du régime ont tenté d’intimider la communauté internationale pour dissuader l’activation du mécanisme de retour à la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui pourrait conduire au rétablissement des sanctions de l’ONU contre Téhéran.
Un autre intervenant lors de l’événement, Pezeshkian, a souligné la nécessité d’une unité sous une direction unique, arguant que toute division interne ou de multiples centres de pouvoir conduiraient au chaos et à l’instabilité, ce qui profiterait en fin de compte aux « ennemis de l’Iran ».
Au cours de son discours, Khamenei n’a pas manqué de féliciter le président du régime, Masoud Pezeshkian, qualifiant ses propos de « bons et utiles » et saluant son prétendu dévouement et son « sens des responsabilités ». Il a salué l’accent mis par Pezeshkian sur la « confiance en Dieu » et la prise en charge de projets ambitieux. Cette approbation soigneusement élaborée a rappelé que Pezeshkian reste un serviteur servile, pleinement aligné sur les diktats de Khamenei.
Alors que Khamenei cherche à présenter son refus de négocier comme un signe de force, la réalité est que son régime est à court d’options. Le programme nucléaire du régime fait l’objet d’une surveillance internationale intense, le pays est confronté à l’une de ses pires crises économiques et l’opposition intérieure continue de croître. Pour tenter de masquer la vulnérabilité de son régime, Khamenei a adopté un ton de plus en plus hostile et menaçant, utilisant une rhétorique agressive pour dissimuler sa faiblesse croissante après des mois de revers dans la région et une convergence de crises politiques et socio-économiques.
Khamenei, piégé dans sa propre rhétorique, n’a plus que deux choix : maintenir sa position intransigeante et risquer un isolement plus profond ou faire des concessions qui pourraient conduire à un effondrement interne. Convaincu depuis longtemps que négocier avec les États-Unis est suicidaire pour son régime, il semble déterminé à maintenir sa ligne, quel qu’en soit le prix.