
Alors que des millions d’Iraniens luttent contre la pauvreté croissante, l’inflation, le chômage et la pénurie de logements, le régime de Téhéran continue de traiter le budget national comme un théâtre politique plutôt que comme un mécanisme de gouvernance ou de bien-être public. Un rapport saisissant du quotidien d’État Khorasan, publié le 5 octobre, admet ouvertement que le système budgétaire iranien s’est effondré en un rituel de tromperie – un outil pour masquer la corruption et maintenir le pouvoir du régime.
Sous le titre « Budgeter pour rien », le journal écrit : « Pendant des décennies, nos plans nationaux n’ont jamais été conçus pour être mis en œuvre. Chacun sait qu’il ne s’agit que de formalités. Il en va de même pour la budgétisation du pays. Tous les responsables, des chefs de commission au président et au Parlement, savent que seulement 60 % environ des crédits approuvés se matérialisent.»
Cet aveu rare d’un journal du régime met à nu la défaillance structurelle du système financier iranien. Lorsque de hauts responsables reconnaissent que près de la moitié du budget national est fictif, cela signifie que le budget n’est plus une feuille de route pour le développement ; c’est un document symbolique, conçu pour créer l’illusion d’une gouvernance tout en dissimulant d’importants fonds non contrôlés.
Des milliards soustraits à la surveillance
Khorasan rapporte que, bien que le gouvernement affirme allouer 600 000 milliards de tomans au budget national, seuls 350 000 milliards de tomans sont effectivement décaissés. Le déficit – des centaines de milliers de milliards de tomans – est absorbé par des réseaux opaques au sein du régime, s’accumulant entre les mains d’institutions irresponsables, d’entités militaires et de fondations spéciales fidèles à l’élite dirigeante.
Ces chiffres gonflés ne sont pas accidentels. Ils servent d’écran de fumée à la corruption et à la distribution de rentes, permettant aux initiés du régime de détourner les richesses publiques vers des circuits privés ou clandestins. Chaque part « non réalisée » du budget représente une part de ressources nationales volées, détournées hors de portée des audits, du Parlement ou du contrôle public.
Le processus budgétaire du régime est ainsi devenu un acte cérémoniel de survie de l’État, et non un instrument de gouvernance. Les gouvernements successifs, quelles que soient leurs rhétoriques, ont utilisé le budget annuel non pas pour gérer l’économie, mais pour simuler une normalité – pour faire croire qu’un État fonctionnel existe encore en Iran.
Ces soi-disant « plans de développement » sont en réalité des promesses formalisées, jamais destinées à être tenues, un rituel bureaucratique masquant la vérité : l’appareil de planification économique iranien est au service de la corruption, et non des citoyens.
Le peuple paie le prix fort
Dans ce système défaillant, les travailleurs, les enseignants, les retraités, les agriculteurs et les jeunes chômeurs ne bénéficient pas du budget national, mais en sont les victimes. Les milliards perdus à cause de ces allocations cachées auraient pu être consacrés à l’éducation, à la santé, au logement et à l’emploi. Au lieu de cela, ils soutiennent l’appareil sécuritaire et les réseaux de pouvoir du régime.
L’article du Khorasan capture l’essence de cette injustice avec une ironie mordante : « Budgeter pour rien » est le jeu répété des promesses contre des tables vides.
Derrière les chiffres grandioses et les projections erronées se cache une stratégie délibérée d’appauvrissement. Le régime maintient la population dans un état d’affaiblissement économique pour empêcher la résistance et contrôler la dissidence, conscient qu’il est en train de dormir sur ses deux oreilles.
Dans l’Iran d’aujourd’hui, le budget national est devenu une arme politique, et non un plan budgétaire. Il finance la répression et la propagande, et non le progrès. Chaque promesse non tenue rappelle une fois de plus que la priorité du régime est son auto-préservation, et non le peuple, et que les richesses de l’Iran continuent d’être drainées pour soutenir une dictature fondée sur le mensonge.