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Struan Stevenson : l’élection du mois dernier en Irak pourrait produire une alliance pro-iranienne

Struan StevensonThe Scotsman, 10 mai –  Tandis que les Ecossais étaient absorbés par le drame de nos propres élections générales, une lutte pour le pouvoir encore plus titanesque avait lieu à 4800 km de là – qui pourrait affecter toute notre vie, pour le pire.

Je parle des élections en Irak – un scrutin qui n'a pas encore produit de gouvernement deux mois après que les électeurs se soient rendus aux urnes. La lutte intestine créée par système de vote complexe irakien a donné aux Iraniens une chance parfaite de planifier une victoire pour leurs candidats fantoches. Cela met en évidence l’objectif de l'Iran de mettre fermement ses pays voisins en orbite, pour lui permettre de diffuser sa propre marque toxique d'islam extrémiste.

Alors que la domination de Téhéran en Irak apparait de plus en plus certaine, l'impuissance de l'Occident à empêcher l'Irak de glisser vers davantage de violence confessionnelle émerge.

Suite à un appel Internet que j’avais lancé aux Irakiens pour exposer les cas de fraude dans la campagne des élections du 7 mars, j'ai été inondé de récits troublants de fraudes et d'intimidations à l'échelle industrielle. Dans la plupart des cas, les traces écrites remontaient jusqu’à Téhéran.

Mais en dépit des attentats et des assassinats vicieux et de la détention de partisans de l'opposition, des millions d'Irakiens ont rejeté la violence confessionnelle et l’intégrisme religieux – au grand dam de l'actuel premier ministre soutenu par Téhéran, Nouri al Maliki.

Il a fallu des semaines pour que les résultats soient annoncés, mais finalement, la Commission électorale irakienne a déclaré que le bloc laïc et non-confessionnel d’Al Iraqiya dirigé par l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, avait remporté le plus de sièges, par une faible marge.

Cependant la faction pro-Iran a refusé d’accepter la défaite. Maliki, qui avait déclaré les élections libres et équitables quand il semblait en avance, a crié au scandale et a demandé un recomptage des voix à travers l'Irak. La commission électorale a rejeté son appel.

Toutefois, il est vite apparu que Moqtada al Sadr, le père fouettard anti-américain et ancien leader des insurgés, est devenu le faiseur de rois. Titulaire d'un bloc crucial de 40 sièges, il a déclaré qu'il ne serait favorable ni à Allaoui, ni à Maliki, et qu’il jetait son poids derrière un tiers, le candidat pro-iranien Ibrahim al Jaafari, qui a dirigé le conseil de gouvernement irakien après le renversement de Saddam.

Pendant ce temps, d'autres partis pro-iraniens ont fait pression sur les juges irakiens insistant sur un nouveau décompte des quatre millions de votes à Bagdad. Lorsque les commentateurs politiques ont fait observer que cela ne changerait probablement rien au résultat, M. Maliki a commencé à se chercher des alliés.

A présent, des nouvelles disent que les deux grands blocs chiites – la coalition de l'État de droit dirigée par Maliki et l'Alliance nationale irakienne (INA), qui comprend Sadr et Jaafari et qui est soutenue par l'Iran, ont passé un accord les plaçant seulement quelques sièges d’un nouveau gouvernement. Des rapports suggèrent que l'accord a été négocié à l'intérieur de l'ambassade d'Iran à Bagdad.

Ainsi, cela ressemble à jeu, set et match pour l'Iran. Une fois de plus, l'Irak apparait destiné à retomber dans la division confessionnelle et la violence, alors que le régime iranien se frotte les mains, anticipant avec joie son influence croissante et son pouvoir qui se propage.

Ce qui est tout aussi inquiétant, c'est la façon dont les pays occidentaux se sont préparés à ignorer la suite chaotique des élections en Irak – et ses conséquences potentiellement désastreuses. Avec Barack Obama qui veut commencer le rapatriement des troupes américaines à partir du mois d'août de cette année, il est clair que personne ne veut à Washington faire chavirer le bateau en posant des questions difficiles sur le genre d'Irak que les Américains laissent derrière eux.

Mais en tournant le dos à l'Irak à un moment crucial de son expérience moins-que-parfaite avec la démocratie, l'Amérique et ses alliés pourraient abandonner les Irakiens au président Mahmoud Ahmadinejad et sa cabale de religieux délirants.

• Struan Stevenson est eurodéputé conservateur, représentant l'Ecosse, président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l'Irak et président de l’Intergroupe des Amis d'un Iran Libre.