vendredi, mars 29, 2024
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Struan Stevenson : Génocide à Falloujah en Irak

UPI – Dans une dépêche de l’agence UPI datée de Strasbourg, Struan Stevenson, président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Irak, alerte sur la tragédie qui touche la ville irakienne de Falloujah. Cette tragédie semble avoir disparu de l’écran radar international alors que l’attention du monde se détourne de la Syrie vers l’Ukraine, écrit Stevenson qui poursuit :

La situation humanitaire à Falloujah est désastreuse. Le Premier ministre sectaire de l’Irak, Nouri al-Maliki a encerclé la ville avec des milliers de soldats. L’armée de l’air irakienne lance des attaques quotidiennes à la bombe, a coupé l’électricité et l’approvisionnement en eau et détruit plusieurs ponts pour empêcher l’approvisionnement en nourriture et en eau des assiégés. La semaine dernière, il a bombardé l’hôpital général de Falloujah, tuant presque tous les médecins et les infirmières et de nombreux malades et a forcé l’hôpital à fermer. Plus de 300.000 personnes sont désormais sans abris. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et la Mission d’assistance des Nations Unies en Irak continuent de plaider pour que Maliki fournisse une aide humanitaire à la ville et entame des négociations qui peuvent mettre fin à la violence dans la province majoritairement sunnite d’Al-Anbar.

La réaction agressive du Premier ministre chiite a été qu’il n’y aura « pas de négociation avec des terroristes ».  En une seule phrase, il a taxé tous les habitants de la plus grande province d’Irak de « terroristes » pour justifier sa campagne.  Après l’invasion américaine, c’est à Al-Anbar, où les Américains ont subi le plus de pertes, après que Maliki soit arrivé au pouvoir  qu’il a mis en œuvre une politique de débaasification impitoyable qui a vu des dizaines de milliers de sunnites d’Al-Anbar limogés de leurs emplois. Après le retrait militaire des États-Unis, le premier ministre irakien, poussé par ses commanditaires à Téhéran, est passé à l’intimidation quotidienne dans cette province, avec des assassinats dans des attentats, des arrestations arbitraires et des atrocités qui ont conduit finalement la population sunnite à descendre dans les rues pour protester. Pendant 18 mois, des centaines de milliers de personnes à Falloujah, Ramadi et d’autres villes d’Al Anbar ont organisé de grandes manifestations, appelant à la fin de la corruption et des abus de pouvoir de Maliki. Cela a fourni une Maliki l’excuse parfaite pour un bain de sang.

Affirmant que Falloujah et Ramadi avaient été infiltrées par Al-Qaïda et les terroristes de l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL) , Maliki a lancé une offensive sanglante contre la population civile d’Al Anbar. Il a pris pour preuves quelques djihadistes ayant infiltré les manifestations d’al Anbar en profitant de la situation chaotique, intrus qui ont été rapidement chassés par les tribus locales qui ne veulent pas d’eux.  Mais le stratagème de Maliki a bien fonctionné. Il a convaincu Washington qu’il était engagé dans une guerre contre le terrorisme et les États-Unis sont entrés en action en lui expédiant roquettes, drones, hélicoptères de combat et des armes légères qui sont utilisés pour anéantir la population sunnite d’Al Anbar. Des hommes, des femmes et des enfants innocents sont massacrés au quotidien tandis que l’Amérique compte les dollars de la vente lucrative d’armes à l’Irak riche en pétrole. Les protestations futiles de la MANUI et de Ban Ki-moon et un silence de mort de l’Union européenne font peu d’effet pour arrêter ce processus meurtrier.

J’ai organisé une grande conférence au Parlement européen à Bruxelles, assisté par les dirigeants politiques et spirituels irakiens, y compris le Grand Mufti de l’Irak, chef de la religion sunnite. Ils ont tous dénoncé la guerre génocidaire horrible qui fait rage à Al Anbar, alimentée par un approvisionnement régulier en armes des États-Unis.  Il a été donné lecture d’une lettre signée par 128 universitaires, cheikhs et chefs tribaux de la province d’Al-Anbar qui appellent l’Occident à l’aide. Le Parlement européen à Strasbourg cette semaine débat et vote une résolution sur l’Irak. C’est l’occasion pour l’Europe de faire entendre sa voix, de condamner les atrocités menées par Maliki et d’exiger un arrêt de la circulation des armes de l’Union européenne et des États- Unis. L’UE n’a pas d’armée sur place mais à un pouvoir économique considérable. Maliki doit se dire que s’il n’arrête pas l’effusion de sang, tous les liens économiques avec l’Irak vont s’envoler. C’est est un appel au réveil pour l’Occident, particulièrement les États-Unis qui continuent à soutenir le gouvernement irakien. L e massacre d’innocents à Falloujah a dévoilé la vraie nature de Nouri al-Maliki, un tyran corrompu et despotique que de nombreux Irakiens considèrent comme pire que Saddam. La participation sinistre du régime fasciste de Téhéran, qui cherche à répandre sa marque de l’intégriste islamique à travers le Moyen-Orient, devrait allumer les signaux d’alarme.
(Struan Stevenson est membre du Parlement européen et président de la délégation du PE pour les relations avec l’Irak.)