lundi, novembre 10, 2025
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L’Université islamique Azad : d’un projet d’“éducation pour tous” à un marché aux diplômes

L’Université islamique Azad : d’un projet d’“éducation pour tous” à un marché aux diplômes
Université islamique Azad

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Créée avec la promesse d’élargir l’accès à l’enseignement supérieur pour l’ensemble de la société iranienne, l’Université islamique Azad semble aujourd’hui avoir renié sa mission fondatrice. L’explosion des frais de scolarité — particulièrement dans les filières médicales — a transformé l’établissement, selon ses étudiants, en une véritable « machine à cash », privilégiant la rentabilité au détriment de l’apprentissage et réservant désormais l’université aux classes aisées. Pour beaucoup, il ne s’agit que d’une nouvelle illustration de la corruption du régime, qui détourne des projets censés servir l’intérêt public pour mieux piller les ressources du pays.

Des frais exorbitants qui suscitent la colère

D’après des sources proches de l’institution, et suite aux dernières décisions du conseil d’administration, les frais annuels pour les filières de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire atteindront entre 200 et 218 millions de tomans pour l’année universitaire 2025-2026. Dans le contexte économique actuel, ces montants ont provoqué stupeur et indignation parmi les étudiants et leurs familles. Résultat : une partie croissante de la population se voit désormais privée de l’accès à des professions clés, tandis que l’enseignement supérieur risque de devenir un luxe au lieu d’un bien commun.

Les étudiants livrés à eux-mêmes

Contrairement à de nombreuses universités à travers le monde — y compris privées — qui proposent bourses, prêts étudiants ou facilités de paiement, l’Université islamique Azad impose chaque année des augmentations sans offrir aucun soutien financier. « Ce n’est plus une université, c’est un marché qui vend des diplômes au prix du sang des gens », résume amèrement un étudiant. Une pression psychologique et économique que les familles iraniennes supportent de plus en plus difficilement.

Quand l’argent supplante le mérite

Dans un pays où le coût d’un diplôme équivaut à plusieurs années de revenus pour un foyer moyen, l’accès à l’université dépend désormais de la fortune et non plus des compétences. Une telle logique renforce les inégalités sociales et risque de verrouiller l’accès aux professions médicales et scientifiques au profit des plus privilégiés, compromettant à la fois la mobilité sociale et l’équité du système éducatif.

Des ressources inexploitées

L’Université islamique Azad dispose pourtant d’un patrimoine considérable — terrains, projets immobiliers, activités industrielles — mais préfère miser sur l’augmentation des frais pour financer ses activités, plutôt que d’exploiter ses actifs pour développer des programmes de bourses ou des revenus alternatifs. L’institution fait des étudiants sa principale source de financement. Cette stratégie entache sa réputation académique et réduit son rôle à celui d’un simple « vendeur de diplômes ».

Un risque pour toute la société

À long terme, la poursuite de cette politique pourrait avoir de lourdes conséquences : limitation de l’accès à l’enseignement supérieur, fuite des cerveaux, et perte de confiance du public envers les institutions académiques. À mesure que les carrières professionnelles se ferment aux Iraniens ordinaires, les tensions sociales et politiques ne feront que s’aggraver.

Restaurer l’égalité d’accès à l’éducation supposerait une véritable réforme et la fin d’un système corrompu qui transforme les universités en machines à profit. D’ici là, étudiants et familles continueront de supporter le poids écrasant d’une politique qui privilégie l’argent au savoir.