vendredi, mars 29, 2024
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« On ne fait pas de concession au fascisme en Iran « – Renée Le Mignot, vice-présidente du MRAP

"On ne fait pas de concession au fascisme en Iran "– Renée Le Mignot, vice-présidente du MRAPCNRI – « Nous n’accepterons jamais que les droits de l’Homme soient bafoués sur l’autel des intérêts économiques. », a déclaré Renée Le Mignot, vice-présidente du MRAP devant 30.000 Iraniens réunis au Bourget le 1er juillet pour soutenir Maryam Radjavi et un changement démocratique en Iran. Voici son intervention :

Madame la Présidente, chers amis iraniens,

Je voudrais d’abord excuser Mouloud Aounit, président du MRAP, qui devait être avec vous aujourd’hui, mais qui est actuellement à Paris dans une manifestation, à l’appel d’une centaine d’organisations, contre les lois de Monsieur Sarkozy, appelée par lui "immigration choisie", par nous "immigration jetable" qui consiste à détruire définitivement le droit d’asile en France et à considérer chaque immigré comme un objet, un objet ne possédant aucun droit, tout juste bon à être jeté quand il ne sera plus utile. Il n’est donc pas là, mais il est de tout cœur avec vous et c’est en son nom que je parle.

"Quand le gouvernement viole le droit du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque partie du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable devoir" (Article 35 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 24 juin 1793). Vous n’avez fait qu’utiliser ce droit le plus sacré. Le gouvernement français, M. Sarkozy,  ne doit pas connaître cet article de la Constitution de 1793, car quand il a lancé 1300 policiers à l’aube du 17 juin 2003 – pour arrêter 165 membres de la Résistance iranienne dont Madame Radjavi, présidente démocratiquement élue – les mollahs avaient félicité le gouvernement français et réclamé immédiatement l’extradition. Toutes les personnes ont été libérées début juillet, mais soumises à des restrictions judiciaires injustifiables, assignations à résidence, interdiction de se rencontrer, interdiction de se déplacer.

Depuis cette rafle honteuse du 17 juin qui – comme l’a rappelé tout à l’heure l’ancien Premier ministre algérien – n’avait eu de précédent que pendant la guerre d’Algérie, le MRAP, comme d’autres organisations de défense des droits de l’Homme, n’a eu de cesse de dénoncer cette injustice. Rien ne pouvait justifier les accusations portées contre ces résistants qui sont en France depuis 1981. Rien, rien, sauf des contrats de plusieurs millions de dollars, signés quelques mois auparavant entre l’Iran et des entreprises françaises : Total, Renault Alcatel, Alsthom. Nous n’accepterons jamais que les droits de l’Homme soient bafoués sur l’autel des intérêts économiques. Nous n’accepterons jamais de tels procédés qui bafouent nos valeurs les plus essentielles.

Ce vendredi 16 juin, la Chambre de l’instruction de la Cours d’Appel de Paris a levé toutes les mesures au titre du contrôle judiciaire. Le MRAP ne peut que se réjouir de cette mesure qui honore enfin la Justice française et qui fait que la justice a triomphé sur la raison d’Etat. Mais ce n’est pas suffisant. Nous demandons qu’un non lieu soit prononcé contre toutes les personnes mises en examen et que le gouvernement français présente officiellement ses excuses à Madame la présidente Radjavi et à tous les membres du Conseil national de la Résistance iranienne.

A l’occasion de ce troisième anniversaire du jour de honte, nous réitérons notre condamnation de la politique de complaisance menée par la France et l’Union Européenne avec un régime qui bafoue les droits les plus élémentaires de la personne humaine, multiplie les exécutions, y compris d’enfants, pratique la torture systématique, bafoue le droit des femmes. Depuis 1979 : 120.000 exécutions, des centaines de milliers de personnes arrêtées et torturées, 174 cas de tortures différentes répertoriées, la peine de mort érigée en terreur politique, pendaisons publiques, y compris de mineurs, de parents devant leurs enfants, lapidation, châtiments publics barbares, coups de fouet, yeux arrachés, membres coupés, isolement carcéral dans des cellules sans lumière, ségrégation dans les transports publics contre les femmes, interdiction aux femmes de consulter des médecins hommes, malgré le peu de médecins femmes existant, répression à l’encontre des minorités religieuses ou ethniques, interdiction de tout syndicat, interdiction de tout journal indépendant, vous pourrez continuer la liste.

Un tel régime porte un nom, c’est le fascisme. Et on ne collabore pas avec le fascisme, on ne fait pas de concession au fascisme.

Terroriser son peuple ne suffit pas à ce régime. Il lui faut maintenant défier le monde, défier le monde avec sa course pour avoir l’arme nucléaire avec les pires craintes que pourrait constituer pour le monde le fait que l’arme nucléaire se trouve dans les mains de tels tyrans, avec les déclarations menaçant de rayer l’Israël de la carte, avec la négation de l’holocauste et les déclarations antisémites.

Le MRAP – opposé à la prolifération des armes nucléaires, militant pour la destruction de toutes les armes de destruction massive – considère avec inquiétude une telle menace, mais il rejette catégoriquement la guerre et l’intervention de puissances étrangères pour renverser ce régime abominable. La démocratie doit être établie en Iran, mais seul les Iraniens doivent en être les acteurs. Cela est possible, c’est la troisième voie proposée par Madame Radjavi et le Conseil national de la Résistance iranienne, ce n’est pas une utopie, c’est une possibilité.

Mais pour cela, il y a des conditions, des conditions qui dépendent de l’Union Européenne. Il faut en premier lieu cesser de considérer comme terroristes ceux qui ne sont que des résistants. Les terroristes sont au pouvoir en Iran, il faut lever de la liste des organisations terroristes l’organisation des Moudjahidine du peuple. Le gouvernement français, l’Union Européenne doivent vous entendre, doivent entendre la voix de ces hommes et de ces femmes – juristes, artistes, militants syndicalistes – qui demandent simplement une seul chose : cesser la complaisance avec le régime de Téhéran.

Pour reprendre ce que disait Martin Luther King et comme beaucoup l’ont déclaré ici, je fais un rêve, moi aussi je fais le rêve qu’un jour, je serai avec vous à Téhéran, dans un Iran démocratique et laïque où la liberté aura triomphé. Je voudrais vous remercier. Vous remercier de cette leçon de courage et de dignité que vous donnez au monde entier, vous remercier pour nous apprendre qu’il ne faut jamais renoncer.