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Pour surmonter la crise actuelle du Moyen-Orient – Par Maryam Radjavi

Penser que l’Iran sera un allié dans la lutte contre le groupe Daech est une erreur

US NEWS, le 28 octobre 2014 –  Par Maryam Radjavi, Présidente-élue du Conseil national de la Résistance iranienne, basé à Paris, qui vise à instaurer une république démocratique, laïque et non nucléaire en Iran.

 

Tandis que le tourbillon de l’extrémisme religieux sous couvert de l’islam se renforce au Moyen-Orient, laissant derrière lui des pays dévastés et menaçant de grandes parties du monde, une question clé se pose quant au rôle de l’Iran dans cette situation.

L’argument développé par certains observateurs – suivant le dicton usé de ‘l’ennemi de mon ennemi est mon ami » – est que la menace du groupe Daech dépasse les clivages politiques entre Téhéran et l’Occident et permet une coopération contre l’ennemi commun. Cette manière de voir est naïve et dangereuse. En vérité, Téhéran et Daech se complètent et se renforcent mutuellement – autant sur le plan idéologique que tactique – sur le champ de bataille.

Daech n’est pas la seule organisation à profaner le nom de notre grande religion. Depuis que l’intégrisme islamiste a émergé comme force politique internationale avec l’instauration d’une théocratie en Iran en 1979, le monde est témoin d’actes de barbarie comme la lapidation, les amputations, les yeux arrachés, l’assassinat de prisonniers politiques, aussi graves que ceux commis sous le nom de Daech, et qui se fait appeler République islamique. L’exportation de l’intégrisme violent est depuis devenue la caractéristique distinctive du régime iranien, ce qui l’a fait qualifier par les Etats-Unis de premier parrain du terrorisme d’Etat au monde.

L’Irak a toujours constitué la porte d’entrée des mollahs pour leur domination régionale. C’est la raison pour laquelle ils ont poursuivi leur désastreuse guerre de huit ans contre l’Irak, proclamant que la voie de la libération de Jérusalem passait par Karbala.

L’occasion historique pour Téhéran de réaliser ses ambitions s’est présentée avec l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003, lui ouvrant ainsi les portes de Bagdad. Dans les années suivantes, les Etats-Unis ont commis l’énorme erreur stratégique de maintenir à son poste Nouri al-Maliki, alors Premier ministre irakien, amorçant son basculement vers Téhéran qui a atteint son sommet avec l’abandon total de la politique et de la sécurité irakiennes aux mains de l’Iran, particulièrement au moment du retrait des forces américaines en 2011.

Face aux assassinats répétés de membres de l’opposition iranienne, les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), dans les camps d’Achraf et de Liberty, le silence américain reste pour le moins surprenant. Washington s’est engagé par écrit à assurer la sécurité de ces personnes. Or les survivants continuent à vivre dans des conditions inhumaines pendant que Téhéran utilise tous les moyens pour les éradiquer.

Les mollahs ont aussi envahi subrepticement la Syrie en la soutenant financièrement et militairement par l’envoi de commandants de pasdaran jouant un rôle essentiel dans la survie du président Bachar al-Assad. Sans l’aide de Téhéran, Damas serait tombée depuis longtemps, évitant 200.000 morts, et n’aurait pas donné à Daech l’opportunité de se renforcer et de s’étendre.

L’inaction des Occidentaux – et particulièrement des Etats-Unis – contre les atrocités d’Assad et les huit années d’appui à al-Maliki ont incontestablement favorisé la montée de l’extrémisme. Après avoir fait des ravages en Syrie, en Irak, au Liban et en Palestine, Téhéran cible maintenant le Yémen en l’inondant de mollahs et de pasdaran qui occupent de larges pans du pays. Constater que l’expansion de la présence destructrice du régime dans la région survient au moment où les mollahs sont le plus acculés et vulnérables que jamais n’est pas la moindre des ironies.

Dans le domaine du nucléaire, les gouvernants de Téhéran sont dans une impasse alors que s’approche la date du 24 novembre pour finaliser un accord. S’ils abandonnent leur rêve d’obtenir la bombe nucléaire, le régime va exploser. S’ils choisissent de défier le monde, ils ne pourront échapper à une confrontation avec la communauté internationale.

L’expulsion de al-Maliki du pouvoir a sapé les huit années d’investissement que l’Iran avait fait en Irak : son principal point d’appui dans la région s’est ainsi désintégré, modifiant ses plans de domination régionale.

Après un an de présidence de Rohani, les failles internes de l’Iran se sont élargies. Il apparaît de plus en plus visiblement que la seule issue du régime iranien pour survivre est de terroriser une population déçue. Selon le dernier rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, sur la situation des droits de l’homme en Iran, « l’application de la peine de mort, pratiquée notamment pour les prisonniers politiques et les mineurs, a augmenté. »

Si l’on veut surmonter la crise actuelle et sauver la région de plus d’effusion de sang et de dévastation par les intégristes islamiques, une autre approche s’impose.

Premièrement, pour vaincre le terrorisme et l’intégrisme dans la région, il faut, en plus de lutter contre Daech, évincer le régime iranien et ses milices d’Irak. Téhéran est la source principale du problème et ne peut en être une solution. Engager Téhéran (dans la coalition) serait lui redonner vie alors que le régime décline, et ce serait inexcusable.

Deuxièmement, on ne doit pas permettre à Téhéran d’exploiter la crise irakienne soit pour retarder un accord nucléaire final soit pour poser ses propres conditions. Tout accord qui ne comporterait pas la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, un arrêt de l’enrichissement d’uranium et des inspections inopinées permettrait en effet au régime de continuer à développer son armement nucléaire.

Troisièmement, l’intégrisme islamique de notre époque plonge ses racines en Iran, et c’est là qu’il doit être éradiqué. Soutenir la lutte du peuple iranien contre la dictature théocratique et reconnaître l’importance du rôle des dissidents anti-intégriste en Iran et hors d’Iran, tout en assurant la sécurité et la sûreté des habitants du camp Liberty en Irak, sont les préalables au combat à mener contre le intégristes religieux dans la région.

L’intégrisme islamique ne peut être vaincu que par l’islam authentique. Notre religion préconise la tolérance, défend l’égalité des sexes, prône la démocratie, les droits humains et la justice sociale et reconnait la séparation de la religion et de l’Etat. Les épreuves et le courage de ceux qui ont choisi de suivre ces idéaux et qui sont prêts à se dresser contre les extrémistes – qu’ils soient en Iran, en Irak ou en Syrie – doivent nous servir de ligne de conduite et de guide.