Newsweek – Des images de dizaines de personnes se déversant d’une salle de concert, de nombreux blessés et d’autres personnes couchées sur le ventre dans une mare de sang. Des explosions pendant un match de football et des regards remplis de peur, de douleur et d’horreur.
C’est ce que le monde a vu en France la semaine dernière. Quelque chose qu’on a vu il y a moins d’un an et dans les années précédentes – des actes de violence et des blessures terribles qu’ils laissent sur des personnes innocentes.
Tout comme l’été se transforme en automne, l’automne en hiver et l’hiver en printemps, cette attaque fait également partie d’un cycle, et il y a de fortes chances qu’elle soit suivie par une autre dans un avenir proche. Les organisations fondamentalistes islamiques tels que le groupe militant Daesh (Etat islamique) tentent de maîtriser les démocraties occidentales sur notre propre sol. Nous devons agir de toute urgence pour mettre un terme à leur progression.
C’est malheureusement la nouvelle réalité dans laquelle vit le monde occidental. Elle constitue à l’évidence un défi incroyablement difficile, mais si nous nous attaquons ses racines, nous pourrons briser ce cycle de la violence, de la mort et de la peur.
La Syrie et l’Irak sont la plaque tournante de Daesh, une base pour l’organisation, le recrutement, la formation et l’armement. L’Occident doit intensifier sa campagne pour détruire cet épicentre du mal. Les attaques contre Daesh ne suffiront cependant pas à mettre fin à ce cycle de la violence. Nous devons également nous battre contre les éléments déclencheurs de la radicalisation et lutter contre ce cancer à ses racines.
En d’autres termes, l’Occident devrait être décisif et sans équivoque, et doit faire pression pour destituer le dictateur syrien Bachar al-Assad, dont le carnage contre son propre peuple équivaut à un crime contre l’humanité et qui est à l’origine des circonstances sociales et politiques peu recommandables qui ont permis à Daesh de se développer. Aussi, nous devons collaborer d’urgence, pour éliminer le sectarisme propagé par le régime iranien et ses alliés dans la région.
Ici, en Europe, toute réaction générale de punition collective contre les immigrés musulmans serait non seulement injuste mais aussi terriblement dangereuse. La semaine dernière, huit personnes ont fait régner la terreur : cela ne représente qu’une infime part du grand nombre de réfugiés et une part encore plus faible, parmi une population qui s’élève à plus de 10 % de la France.
Rappelons-nous l’histoire récente. C’est un musulman qui a sauvé des Juifs lors de l’attaque d’un magasin juif, en janvier dernier. C’est un policier musulman qui a été tué en défendant les journalistes Charlie Hebdo, qui ridiculisaient sa foi. Ces immigrants fuient les horreurs perpétrées par les mêmes personnes qui ont mis en oeuvre ou qui étaient à l’origine de l’attaque de la semaine dernière à Paris.
Pour mettre l’accent sur les extrémistes au sein d’une population largement pacifique, il faut se concentrer sur Daesh, mais également sur l’Iran et ses mandataires.
L’Iran a inventé l’exportation de l’extrémisme islamique avant Daesh (appuyé par les régimes irakien, syrien, etc.). Il les a encouragés dans la mise en œuvre du sectarisme et de l’effusion de sang endémique. Même si les milices chiites, qui ont agi comme des unités d’extermination contre les sunnites en Irak et se sont livrées à des massacres généralisés en Syrie, ne sont pas entièrement à l’origine de la progression de Daesh, elles ont indéniablement mis de l’huile sur le feu et continuent de le faire.
L’Occident devrait faire preuve d’une tolérance zéro pour l’ingérence néfaste de l’Iran en Syrie et, comme les membres de l’opposition pro-démocratique de la Syrie ont dit, Téhéran ne devrait pas avoir son mot à dire sur l’avenir politique de la Syrie.
L’invasion américaine en Irak nous a bien appris une chose : l’imposition d’une idéologie qui n’est pas soutenue par le peuple, venant seulement de l’extérieur, est une politique désastreuse. Au lieu de cela, travailler en collaboration avec les intervenants modérés ayant des intérêts similaires et, si possible, des valeurs similaires, semble être une bien meilleure solution.
En d’autres termes, il s’agit de travailler avec les Kurdes et les forces modérées en Syrie pour remplacer Assad et combattre Daesh. Mais cela signifie également de travailler avec ces mêmes alliés contre l’extrémisme iranien. Heureusement, dans ce cas, nous avons un partenaire organisé, de poids, avec qui nous partageons non seulement l’objectif de coopération, mais également des intérêts et des valeurs : c’est le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).
Maryam Radjavi, Présidente élue du CNRI, leader féminine, musulmane modérée, farouchement anti-fondamentaliste, a déclaré immédiatement après les attentats de Paris que le fondamentalisme au nom de l’islam, qu’il s’agisse de l’extrémisme chiite, sunnite ou de Daesh, n’avait rien à voir avec cette religion. Ces crimes inhumains n’ont rien à voir avec l’Islam, et ce mal est l’ennemi de la paix et de l’humanité, partout où il existe.
Les politiques modérées à l’intérieur des pays, y compris l’identification de nos alliés, avec l’aide des musulmans modérés, couplées avec des contre-mesures militaires pour frapper Daesh dans son antre, sont en effet la meilleure défense que la France et l’Occident puissent produire. Mais les gains seront de courte durée si nous ne frappons qu’un groupe extrémiste, tout en ignorant l’autre.
Une solution au coup par coup sera de courte durée. Afin de ne pas subir d’autres carnages dans les prochains temps, il faut se débarrasser d’Assad aussi rapidement que possible et mettre fin à l’ingérence de Téhéran en Syrie, comme son principal allié.
Pour qu’il n’y ait aucune confusion : Assad et l’Iran constituent la seconde moitié de cette équation extrémiste. Nous devons ainsi travailler en collaboration avec des alliés modérés pour les combattre. Ce n’est qu’ainsi que nous serons en mesure de briser ce cycle de la violence.
Giulio Terzi Maria est un ancien ministre des Affaires étrangères italien.