The Sunday Telegraph De Philip Sherwell à Washington Lhomme qui a mené pendant deux ans les négociations nucléaires de lIran a donné des détails sans précédent sur la façon dont le régime a tiré parti des pourparlers avec la Grande-Bretagne, la France et lAllemagne afin de prendre de lavance dans son programme atomique secret.
Dans son discours lors dune réunion à huis clos avec les principaux ecclésiastiques islamiques et des universitaires, Hassan Rohani, qui jusquà lannée dernière menait les négociations avec les « 3E », a révélé comment Téhéran avait tenté de gagner du temps et de duper lOccident après la divulgation de son programme nucléaire secret par lopposition iranienne en 2002.
Il était fier de dire que pendant que les négociations se poursuivaient à Téhéran, lIran avait pu achever linstallation des équipements pour la conversion du yellowcake à son usine dIspahan, étape primordiale dans le cycle du combustible nucléaire, tout en persuadant les diplomates européens quil ne se passait rien.
« Depuis le début, les Américains nont cessé de dire aux Européens : Les Iraniens mentent, se moquent de vous et ne vous ont pas tout dit. Les Européens répondaient : Nous leur faisons confiance », a-t-il dit.
Les révélations de M. Rohani surviennent à un moment très délicat pour le gouvernement iranien, juste avant la réunion demain de lorgane de surveillance atomique des Nations Unies, qui doit faire une nouvelle évaluation des activités nucléaires non autorisées de lIran.
La décision de lAgence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) est létape finale avant la comparution du cas de lIran devant le Conseil de Sécurité de lONU, où des sanctions peuvent être envisagées.
Dans son discours au Conseil suprême de la révolution islamique, M. Rohani semblait chercher à réfuter les critiques des radicaux qui affirment quil cédait trop de terrain dans les négociations avec la troïka européenne. Le texte du discours a été publié dans un journal du régime circulant parmi lélite au pouvoir.
Il a déclaré à lassistance : « Lorsque nous négociions avec les Européens à Téhéran, nous étions toujours en train dinstaller certains équipements au site dIspahan. Il restait beaucoup de travail à accomplir pour finir le site et achever les travaux ici. En réalité, en paraissant dociles, nous avons pu finir Ispahan ».
LAmérique et ses alliés européens pensent que lIran développe clandestinement une bombe atomique, mais Téhéran insiste sur le fait quil cherche à obtenir de lénergie nucléaire uniquement à des fins pacifiques. Léquipe de négociateurs de lIran a tenté la semaine dernière le tout pour le tout afin de parer à une intervention du Conseil de Sécurité. En janvier, le régime a levé les scellés de lAIEA sur ses équipements nucléaires sensibles et, le mois dernier, il a redémarré lenrichissement de luranium pourtant interdit.
LIran essaie de se rallier le soutien de la Russie, qui est opposée à des sanctions de lONU, ayant tenté en vain de persuader les dirigeants européens de leur accorder plus de temps. Dans ce contexte, les commentaires étonnamment francs de M. Rohani sur les faux-fuyants et les ralentissements de lIran se révèlent très éclairants.
Il a évoqué le dilemme du régime en septembre 2003 lorsque lAIEA avait exigé une « description complète » de ses activités nucléaires. « Le dilemme était le suivant : si nous leur offrions une description complète, celle-ci pourrait nous mener au Conseil de Sécurité de lONU », a-t-il dit. « Et ne pas fournir de description complète constituerait aussi une violation de la résolution et nous aurions pu comparaître devant le Conseil de Sécurité pour ne pas avoir appliqué la résolution. »
M. Rohani a divulgué quà au moins deux occasions, lAIEA avait obtenu des informations sur des expériences nucléaires secrètes de la part de revues spécialisées publiées par des scientifiques participant aux travaux.
Les négociations secrètes de la Libye avec lAmérique et la Grande-Bretagne pour quelle abandonne ses activités nucléaires a constitué la plus grosse difficulté pour lIran. M. Rohani a déclaré que lIran avait acheté la plupart de ses équipements nucléaires du « même fournisseur », référence au réseau A Q Khan, le scientifique pakistanais marginal spécialisé dans le nucléaire. Selon des informations fournies par la Libye, il est apparu évident que lIran avait acheté des centrifugeuses P2 sophistiquées.
Parallèlement, le groupe dopposition le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) sest procuré une copie dun rapport parlementaire confidentiel montrant clairement que les députés iraniens ignoraient tout du programme nucléaire, qui était financé de manière clandestine en dehors du processus budgétaire normal.
Mohammad Mohaddesine, responsable des affaires étrangères du CNRI, a déclaré au Sunday Telegraph: « Les commentaires de Rohani montrent que les mollahs avaient lintention de tromper la communauté internationale depuis le début des négociations avec les 3E et quils étaient parfaitement conscients que sils étaient honnêtes, le dossier nucléaire du régime serait immédiatement renvoyé devant lONU ».