dimanche, juin 11, 2023

L’Iran impliqué ?

L’Iran impliqué ?CNRI – Investment Business Daily étudie le rôle du régime iranien dans l’attentat de Samarra en Irak dans l’analyse ci-dessous :

Irak : Mais qui a posé une bombe dans la Mosquée d’Or ? Les Sunnites montrent du doigt Téhéran, tandis que Téhéran accuse les États-Unis. Mais la question fondamentale est le suivante : qui avait le plus à craindre de la démocratie en Irak ?

Des années peuvent s’écouler avant que l’affaire ne soit close, si elle l’est un jour, et à la satisfaction de tous, sur l’explosion du 22 février à la mosquée chi’ite de Samarra. En attendant, nous entendrons des théories à foison, de la plus plausible à la plus paranoïaque. En voici deux.

La première, qui semble avoir le large soutien des sunnites d’Irak et d’au moins quelques chi’ites laïques, est que l’Iran est coupable. Cette semaine, le gouverneur adjoint de la province irakienne de Saladin, région majoritairement sunnite où se situe la mosquée de Samarra, a déclaré que l’enquête préliminaire « laisse à penser que le ministère des Renseignements iranien est impliqué ».

Beaucoup plus imaginative, la théorie soutenue agressivement par le gouvernement et les organes de presse d’Iran.  Dans leur version des faits, l’attentat à la bombe est un complot américano-sioniste-britannique, visant à diviser encore plus les musulmans irakiens et à conquérir le pays.

Selon le journal iranien Djomhouri Eslami, les Américains étaient mécontents des résultats des élections irakiennes ; ils auraient donc « essayé d’attaquer la base culturelle des nations musulmanes, soit l’islam ». Cette conspiration a débuté avec la « publication de caricatures insolentes » au Danemark. Elle continue avec l’affront de Samarra.

Gholamali Haddad-Adel, président du parlement iranien, a expliqué les événements de cette façon : « Suite aux échecs répétés des occupants de l’Irak durant les élections dans le pays, ainsi que dans toute la région, on peut facilement comprendre que l’objectif des criminels était de bouleverser la situation nationale en Irak et de faire barrage à la paix et à la stabilité dans le pays ».

Mais dans quel but ? Ici la logique de Téhéran s’autodétruit. Le bénéficiaire le plus probable d’un Irak désuni serait son rival et voisin l’Iran. Ainsi, si la version iranienne était vraie, les Américains et les mollahs oeuvreraient ensemble pour promouvoir l’hégémonie de l’Iran au Moyen-Orient. Cette histoire est tellement bizarre que l’on se demande pourquoi Téhéran s’est empressé de la mettre en avant. Le régime est-il en train de brouiller les pistes en jouant sur les obsessions au Moyen-Orient pour des complots américains et israéliens ?

La théorie selon laquelle l’Iran a manigancé l’attentat de la mosquée présente aussi certains problèmes. Elle sert les intérêts sunnites et normalement, on ne suspecterait pas des théocrates chiites d’un acte de vandalisme contre des lieux islamiques saints chiites.

D’un autre côté, l’attentat a été mené avec précision, ciblant un dôme doré bâti en 1905, ce qui suggère que les terroristes cherchaient à provoquer la colère des chi’ites sans détruire pour autant les parties les plus anciennes et les plus saintes de la mosquée.

Aussi, l’attaque avait clairement pour intention de déclencher des violences contre les sunnites. Et qui bénéficierait de tout ça ? Les vrais gagnants sont les miliciens et autres fauteurs de troubles du côté chi’ite qui pourraient exploiter ces violences pour renforcer leur propre pouvoir. L’Iran ou ses alliés n’ont peut-être pas fait exploser le dôme. Mais s’ils ne l’ont pas fait, cela leur a rendu service.

C’est positif au moins pour un point. A l’heure où nous écrivons cet article, le spectre d’une guerre sectaire en Irak est en train de disparaître grâce à ces actes de terrorisme quotidiens. La plupart des chi’ites et des sunnites semblent s’être rendus compte que mieux vaut être unis que de se battre.

Il leur est peut-être venu à l’esprit que tous leurs voisins ne leur voulaient pas que du bien. La dictature en Iran a maintes raisons de craindre un Irak uni capable de résister à ses menaces militaires et de propager un exemple contagieux de liberté. Les Irakiens ne savent peut-être pas qui a posé la bombe dans le dôme, mais ils savent qui sont leurs vrais ennemis.