mercredi, avril 23, 2025
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Les tactiques dilatoires du régime iranien ; la patience internationale s’épuise

Les tactiques dilatoires du régime iranien ; la patience internationale s'épuise

Une fois de plus, le régime iranien recourt à sa stratégie éprouvée consistant à bloquer les négociations nucléaires pour tenter de gagner du temps face à la pression internationale croissante. Dans une interview accordée au journal Iran le 13 mars, Abbas Araghchi, ministre des Affaires étrangères du régime clérical, a déclaré : « Sous la pression maximale, nous ne négocierons pas.» Il a toutefois admis que les négociations indirectes par des canaux détournés, comme le canal de Mascate à Oman, restaient une option, ajoutant : « Ce n’est ni nouveau ni inhabituel ; cela s’est produit à de nombreuses reprises dans l’histoire. »

Il s’agit d’un nouvel exemple du double langage du régime iranien : il rejette publiquement les négociations tout en recherchant secrètement des négociations indirectes pour alléger les sanctions. Le régime espère créer l’illusion d’un engagement diplomatique afin d’empêcher une nouvelle escalade au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU), où le mécanisme de retour à la normale (snapback) menace gravement Téhéran.

L’ombre du mécanisme de retour à la normale (snapback)
Cette semaine, le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) s’est réuni à huis clos pour discuter des avancées nucléaires de l’Iran. Cette réunion a semé la panique au sein des dirigeants iraniens, car elle évoque la possibilité d’un déclenchement du mécanisme de retour à la normale, qui réimposerait automatiquement toutes les sanctions précédemment imposées par l’ONU à Téhéran sans qu’un nouveau vote ne soit nécessaire. L’ambassadeur du régime auprès des Nations Unies, Amir Saeid Iravani, s’est fermement opposé à la réunion du CSNU, la qualifiant de « session provocatrice et illégitime », constituant une « manœuvre politique flagrante » visant à faire pression sur l’Iran.

Cependant, les puissances occidentales, menées par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, se font de plus en plus entendre sur le stock croissant d’uranium hautement enrichi de l’Iran, qui est dangereusement proche des niveaux de qualité militaire. Des rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirment que l’Iran a considérablement augmenté son stock d’uranium enrichi à 60 %, ce qui, selon les responsables occidentaux, n’a aucune justification civile. En réponse, les E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni) ont averti que le refus de l’Iran de respecter le nucléaire pourrait les contraindre à réactiver les sanctions de l’ONU par le biais du mécanisme de « snapback ».

Tentatives désespérées de l’Iran pour éviter le « snapback »
Téhéran s’efforce d’empêcher le « snapback » par des tactiques d’intimidation et de pacification. Afin de faire pression sur les gouvernements européens, le ministère des Affaires étrangères du régime a convoqué les ambassadeurs de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni pour protester contre leur position au Conseil de sécurité de l’ONU. Les médias d’État iraniens ont accusé l’AIEA d’agir sous la pression des États-Unis et ont mis en garde contre des mesures de rétorsion en cas de rétablissement des sanctions.

Reuters a rapporté le 12 mars que l’Iran s’apprêtait à participer à une réunion de haut niveau avec la Russie et la Chine à Pékin sur la question nucléaire. Cette manœuvre délibérée vise à créer l’illusion d’une diplomatie tout en évitant les négociations directes et la reddition de comptes.

Malgré ces manœuvres, la communauté internationale reste sceptique. Le non-respect systématique des obligations de Téhéran a érodé la confiance, et ses derniers signaux sont largement perçus comme une manœuvre visant à retarder la reddition de comptes plutôt que comme un véritable effort diplomatique.

Crise interne : Effondrement économique et crainte de troubles du régime
Au-delà de la pression internationale, le régime iranien est confronté à une crise intérieure qui s’aggrave et limite sa capacité à maintenir une attitude de défiance prolongée. Les prix des produits de première nécessité comme le riz, l’huile et le thé ont augmenté de 100 %, tandis que le marché immobilier est devenu incontrôlable, les prix de l’immobilier à Téhéran s’envolant de 80 à 125 millions de tomans le mètre carré.

Alors que la situation économique se dégrade, le régime craint des manifestations généralisées similaires à celles observées en 2017, 2019 et 2022, où les griefs économiques ont dégénéré en manifestations anti-régime à l’échelle nationale. Ces désastres économiques révèlent la contradiction fondamentale du régime : alors que Téhéran investit des milliards dans ses ambitions nucléaires, plus de 60 % des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté.

La bataille perdue de Téhéran face à la pression internationale et nationale
Le régime iranien est pris au piège d’une double crise : l’isolement international et l’effondrement national. Sur la scène internationale, Téhéran redoute le mécanisme de retour à la normale de l’ONU, qui paralyserait encore davantage son économie. Sur le plan intérieur, la dévastation économique a alimenté un ressentiment généralisé, menaçant de déclencher des soulèvements de masse.

Malgré sa rhétorique agressive et ses manœuvres diplomatiques trompeuses, les religieux au pouvoir en Iran savent que leur pari nucléaire atteint son point de rupture. La question est désormais de savoir si la communauté internationale tiendra bon et appellera Téhéran au bluff, ou si elle tombera une fois de plus dans son cycle sans fin de retards et de promesses vides.