vendredi, mars 29, 2024
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Nous le devons aux femmes qui luttent en Iran pour leur liberté – Rama Yade

Rama Yade, ancien secrétaire d’État chargé des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, participait le samedi 1er juillet au grand meeting « Pour un Iran libre et démocratique ». Des dizaines de milliers s’étaient réuni à Villepinte (Paris-Nord) pour appeler à soutenir les forces démocratiques en Iran qui œuvrent pour un changement de régime de l’intérieur et l’instauration d’une république basée sur la souveraineté et le libre choix des Iraniens.

Des dizaines de personnalités politiques et de parlementaires des États-Unis, d’Europe et du Moyen-Orient, ainsi qu’une imposante délégation de l’opposition démocratique syrienne, ont participé à cet évènement.

Dans son intervention, Yama Rade a déclaré :

« C’était le 24 août dernier dans les longs couloirs de la mairie du deuxième arrondissement, à Paris. Des milliers de photos, des jeunes étudiants, des femmes enceintes, des adolescentes. Ce sont les martyrs héroïques du massacre de 30.000 prisonniers politiques de l’été 1988, abattus de sang-froid. Ce fut un crime contre l’humanité. Soudain dans ces couloirs de la mairie du deuxième arrondissement de Paris, on entendit une voix. Celle d’un haut responsable de cette tuerie. L’aveu du crime. Il est encore vivant, membre éminent du régime de Rohani, car l’impunité perdure. Les exécutions de masse aussi. Au nom de ces martyrs, il n’y aura pas de paix sans justice.

Alors, ne vous découragez pas. Déjà lors du simulacre d’élection présidentielle qui vient de se tenir, le souvenir des 30.000 est remonté jusque dans les discours de Rohani et de ses amis conservateurs. Voilà maintenant qu’ils s’accusent mutuellement d’être responsables de ce crime. Mais de cette commission de la mort qui déclencha ce massacre, ils en ont tous été membres, y compris ceux qui se disent aujourd’hui réformistes.

Ils pensaient vous abattre. Ils vous ont renforcé en vous disséminant dans le monde, de l’Albanie à la France, de la Suède à l’Amérique. Partout les Achrafiens poursuivent disciplinés, enthousiastes, le combat de leur vie. Tant que les tyrans continueront à régner sur Téhéran, il nous faudra nous dresser contre la barbarie, demander justice, obtenir qu’ils soient traînés devant les tribunaux.

Il paraît que cette manifestation de Villepinte inquiète le pouvoir iranien. Le gouvernement français ne doit pas céder au chantage. La France ne doit pas troquer ses valeurs contre un accord nucléaire ou un accord financier qui seront de toute façon inefficaces. Alors continuons à demander justice, liberté et démocratie. C’est encore une fois ce que nous réclamons.

Au cours des quatre premières années de mandat de Rohani, l’Iran continue à détenir le sordide record du plus grand nombre d’exécutions par habitant. Le simulacre d’élection présidentielle pour conduire Rohani à la tête du pays n’y changera rien. Il n’est ni réformiste ni modéré.

Et l’espoir est de notre côté, parce que le régime se fissure sous les pressions. Les factions du régime se contractent et on a vu durant ce scrutin les portraits de Maryam Radjavi dans les rues de Téhéran. La résistance gagne du terrain. Partout les cellules de résistance s’activent. L’édifice j’en suis sûre, finira par s’écrouler de lui-même. Mais il a besoin de nous, de la communauté internationale. Il faut un changement.

Le monde doit sortir du cynisme. Le monde doit sortir de la désillusion nucléaire. Rien n’est à attendre d’un tel régime. Même les hommes d’affaires n’ont plus confiance. Comment faire confiance à un système économique tenu par des milices ? Le peuple ne profite toujours pas de la soi-disant ouverture internationale du régime.

Ne perdons pas de temps. Ce temps qui nous coûte si cher en vie humaine. Chacun a vu que les élections présidentielles n’avaient rien de démocratique. Où est la démocratie quand les candidats ont dû être approuvés par le guide suprême? Où est la démocratie quand le choix est entre des criminels, des démagogues et des autocrates ? Où est la démocratie quand la peur, l’intimidation et le chantage règnent partout.

Mme Radjavi, la résistance a votre visage, votre voix et votre détermination. La résistance est une femme et l’Iran a besoin de vous et vous avez besoin du monde. Puissions-nous être encore plus nombreux, plus déterminés pour conduire cet indispensable changement. Nous le devons à ce grand peuple iranien, l’une des plus brillantes, l’une des plus vieilles civilisations que le monde ait portée. Nous le devons aux mille Achraf, nous le devons aux milliers de martyrs, nous le devons aux femmes qui luttent en Iran pour leur liberté. Nous le devons à cette magnifique jeunesse iranienne qui à son tour porte fièrement, bravement le drapeau de la résistance. Nous le devons à vous tous. Nous le devons au genre humain, au nom de sa dignité.