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Nigeria : un Iranien condamné à 5 ans de prison pour trafic d’armes

AFP, 13 mai – Un Iranien et son complice présumé nigérian ont été condamnés lundi par un juge nigérian à cinq ans de prison pour avoir importé illégalement des armes en 2010.

« Je les reconnais coupables », a déclaré le juge Okechukwu Okeke de la Haute Cour fédérale nigériane.

L’Iranien, membre présumé des Gardiens de la révolution, était accusé d’avoir illégalement importé 13 conteneurs remplis d’armes d’Iran au Nigeria en 2010.

L’Iranien Azim Aghajani et le Nigérian Ali Abbas Jega étaient en détention depuis 2010, dans l’attente du jugement.

Les conteneurs remplis d’armes, de roquettes et de munitions avaient été découverts dans le port de Lagos, la capitale économique du Nigeria. Les deux hommes avaient déclaré ces conteneurs comme transportant des matériaux de construction.

Le juge a retenu quatre des cinq chefs d’accusation contre les deux hommes qui risquaient la prison à vie. Il a indiqué avoir « pris en considération l’appel à l’indulgence de la défense » et la bonne conduite des deux accusés en prison.

Les deux condamnés devraient être libérés dans moins de trois ans, le début de leur peine ayant été fixé à février 2011, date du début de leur procès.

Un avocat de Lagos qui a suivi l’affaire, Jiti Ogunye, a déclaré à l’AFP être « choqué » par la légèreté de la condamnation, en particulier par la confusion des peines.

« Etant donné la manière dont l’affaire se déroulait et l’avalanche de preuves (…), tout le monde s’attendait à une lourde condamnation », a-t-il déclaré.

Le verdict « montre qu’il y a quelque chose dans notre système judiciaire qui va très, très mal », a ajouté M. Ogunye.

« Quand un verdict est en-deçà de ce qui était attendu, on peut craindre (…) que quelque chose d’inconvenant ait pu être commis », a-t-il poursuivi.

M. Ogunye a expliqué que le système judiciaire nigérian souffrait depuis longtemps de problèmes tels que la corruption ou des pressions politiques pesant fortement sur les verdicts mais il n’a pas voulu commenter l’affaire de l’Iranien accusé de trafic d’armes, n’ayant pas examiné la décision de la cour.

Azim Aghajani a nié tout lien avec le puissant corps des Gardiens de la révolution, affirmant être un homme d’affaires menant une transaction commerciale légitime.

La saisie du chargement d’armes avait fait grand bruit, l’Iran étant sous le coup de sanctions de l’ONU à cause de son programme nucléaire, dont une interdiction des ventes d’armes.

L’Iran a affirmé que la cargaison d’armes était destinée à la Gambie dans le cadre d’un accord entre les deux pays, information que ce pays a démentie fermement avant de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran.

Le Sénégal avait également rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, qu’il a accusé d’armer la rébellion indépendantiste en Casamance via la Gambie.

M. Aghajani avait été placé l’an dernier sur une liste noire des Nations unies pour « soutien au terrorisme international » et les Etats-Unis l’ont également mis sur une liste de personnes soumises à des sanctions.

S’adressant à la cour avant l’énoncé du verdict, l’Iranien a déclaré que sa détention, « une agonie », dans les prisons nigérianes était « une expérience très triste pour (lui) depuis trois ans ».
Le juge a refusé que M. Aghajani purge sa peine de prison en Iran comme le demandait son avocat.

Son complice présumé, M. Jega a affirmé qu’on lui avait dit que le cargo contenait des matériaux de construction. Il a ajouté avoir été embauché par Azim Aghajani comme intermédiaire pour aider à décharger la cargaison dans le port nigérian.

« Je ne savais pas qu’il y avait des armes. Si j’avais su, je n’aurais pas attendu d’être arrêté par la police », a-t-il déclaré lundi avant le verdict. « Je demande la clémence » de la justice, a-t-il dit.
Les armes devront êtres remises au gouvernement nigérian, a décidé la cour.