CNRI « Dans le cas de lIran, disons-le clairement, nous navons de véritable espérance que dans la fin de ce régime et dans lavènement de la démocratie. A ce moment là tout deviendra possible. Jusque là cest à la communauté internationale dexercer des pressions qui conviennent, les ONG sont très mobilisées au regard de cette situation. Je ne saurais assez les louer. Mais je le dis, nous navons pas de raisons immédiates de grande espérance », a déclaré Robert Badinter lors dune rencontre au sénat sur la situation des droits de lhomme en Iran le 12 décembre. Organisée par le CFID, le comité français pour un Iran démocratique, la réunion regroupait de nombreux défenseurs des droits de lhomme, comme Danielle Mitterrand, Maryam Radjavi ou Patrick Beaudouin.
CNRI « Dans le cas de lIran, disons-le clairement, nous navons de véritable espérance que dans la fin de ce régime et dans lavènement de la démocratie. A ce moment là tout deviendra possible. Jusque là cest à la communauté internationale dexercer des pressions qui conviennent, les ONG sont très mobilisées au regard de cette situation. Je ne saurais assez les louer. Mais je le dis, nous navons pas de raisons immédiates de grande espérance », a déclaré Robert Badinter lors dune rencontre au sénat sur la situation des droits de lhomme en Iran le 12 décembre. Organisée par le CFID, le comité français pour un Iran démocratique, la réunion regroupait de nombreux défenseurs des droits de lhomme, comme Danielle Mitterrand, Maryam Radjavi ou Patrick Beaudouin.
Voici le texte de lintervention du sénateur Robert Badinter :
Nous avons la certitude,en tout cas les militants, que nous verrons lIran connaître enfin la démocratie. Quant à labolition universelle, moi je ne la verrez probablement pas, mais je suis convaincu que certains dentre vous et en tout cas nos enfants la verront.
La question de labolition sagissant de lIran se pose cependant en termes difficiles. Il faut reconnaître que de tous les Etats, cest celui qui nous donne à lheure actuelle le plus de préoccupations. Navrant à dire, mais cest un fait.
Vous regardez la situation actuelle de la pratique de la peine de mort dans le monde, que constatez-vous? Que de plus en plus dÉtats vont vers labolition, elle est devenue largement majoritaire aux Nations Unies et je souligne que lundi très vraisemblablement, lAssemblée générale votera une résolution demandant le moratoire sur les exécutions dans le monde entier. LAssemblée générale des Nations Unies, je nai pas besoin de le dire, rassemble près de 200 États et nous nous attendons à une majorité importante. Déjà le troisième sous-comité des Nations Unies a voté la résolution en ce sens par 99 voix contre 55, le reste en abstention, ce qui montre lorientation actuelle dans les Nations Unies.
Du coté cette fois-ci des ombres et non plus des lumières : si nous notons que du côté de la Chine, il commence à y avoir une prise en compte dun mouvement abolitionniste plus important quon ne le croie ici. Parmi les juristes, parmi les universitaires, parmi les intellectuels chinois, le nombre dabolitionnistes va croissant. Et on a noté des progrès dans les procédures qui permettent de penser que le nombre des exécutions ira diminuant très prochainement ; ceci indépendamment de la question particulière des jeux olympiques pour lesquels nous continuons à militer en vue davoir un moratoire pendant la période des jeux olympiques, au nom de la trêve olympique.
Du coté des Etats-Unis, je le marque exprès, le mouvement vers labolition prend de plus en plus corps. Je tiens à le souligner, le nombre des exécutions a diminué de moitié dans les cinq dernières années et ce matin même, nous avons appris que le New Jersey, serait probablement dans les semaines qui viennent le premier Etats des Etats-Unis à abolir la peine de mort depuis 1965. Ce qui montre un renversement de tendances. Ça a déjà été voté par le sénat de lEtat du New Jersey.
Malheureusement lIran cest exactement linverse. LIran daujourdhui, lIran soumis à la dictature religieuse quon connaît, voit une recrudescence considérable du nombre des exécutions.
En 2006, cétait, jai dû le dire, 185 exécutions, dont 72 en public.
En 2007 qui nest pas encore achevé, nous sommes, pour les exécutions connues à 399 exécutions, dont au moins 93 en public. Probablement 400 à la fin de lannée. Donc vous avez presque un doublement du nombre des exécutions en un an. Ce qui en terme de progression fait de lIran, hélas, aujourdhui, le triste champion de la peine de mort dans le monde. On ne peut que le relever, que sen émouvoir et que sen inquiéter.
Jajoute quil y a une sorte de refus complet de prendre en compte les représentations, les remontrances ou les représentations faites par les instances et nous savons que notamment aux Nations Unies, le plus grand adversaire du moratoire sur les exécutions est actuellement le gouvernement iranien. Donc, cest une situation extraordinairement inquiétante.
Si vous considérez par rapport à la population le nombre des exécutions, vous constatez que cest près de 30 fois plus quaux Etats-Unis actuellement, le nombre des exécutions proportionnellement en Iran.
Donc nous sommes, et vous particulièrement madame la présidente, dans un grand état dinquiétude, sans voir, je dirai sauf par enfin le renversement de ce régime, une issue positive.
Si vous regardez dailleurs, je vais élargir un instant le problème, il faut dire les choses. Aujourdhui, au regard du mouvement vers labolition universelle, ce sont les Etats intégristes islamistes qui sont les plus grands producteurs de la peine de mort. Là il y a un espèce denracinement qui nous pose à nous, abolitionnistes, un problème particulier et particulièrement difficile.
Car on peut arriver, et jen ai fait lexpérience en Chine, de rappeler les droits de lhomme et ce quest lexigence absolue du premier des droits de lhomme et qui est le droit à la vie. Vous gagnez indiscutablement du terrain chaque fois que vous dialoguer en raison.
Quand on en arrive aux intégristes islamistes, ceux-là senracinent dans une loi divine. Et entre le raisonnement à partir des droits de lhomme de ceux qui représentent une république laïque ou un régime simplement laïque, démocratique et ceux qui vous répondent en vous disant quils tiennent cette obligation directement de la loi divine, il y a une difficulté de dialogue.
Et nous nous heurtons là, à un phénomène tel que nous considérons que la voie vers labolition universelle commande dorénavant que la pression pour labolition au regard de ces Etats islamistes intégristes soit menée au premier chef par les musulmans. Cest des musulmans eux-mêmes que viendra ici le renforcement vers labolition universelle. Là, pour nous encore une fois qui considérons le problème de labolition au regard des droits de lhomme, une difficulté, pour ne pas dire une impossibilité de dialogue. Car que répondre à celui qui vous dit « mais cest la loi divine qui me prescrit lexécution. Vous navez pas qualité pour interpréter, vous, la loi divine. » Aucun dentre nous ne peut prétendre être docteur en théologie musulmane, seuls des musulmans le peuvent.
Et cest pour ça que chaque Etat musulman qui abolit la peine de mort aujourdhui, fait faire à cette cause en grand bond en avant.
Je salue particulièrement, le Sénégal, qui la fait. Dautres Etats lont fait aussi. Mais dans le cas de lIran, on retrouve là la double et terrible alliance de la dictature totalitaire, pas de dictature totalitaire sans peine de mort.
Telle est la situation, disons-le clairement, nous navons de véritable espérance que dans la fin de ce régime et dans lavènement de la démocratie. A ce moment là tout deviendra possible. Jusque là cest à la communauté internationale dexercer des pressions qui conviennent, les ONG sont très mobilisées au regard de cette situation. Je ne saurais assez les louer. Mais je le dis, nous navons pas de raisons immédiates de grande espérance.
Je tiens à faire remarquer quen effet une des caractéristiques, odieuse parmi dautres de la politique dexécution conduite en Iran cest que, proportionnellement aux autres pays, elle sacharne particulièrement sur les femmes. Ce qui nest pas la loi universelle en matière dexécution, au regard la proportion dhomme est toujours plus considérable, mais en Iran, cest dailleurs comme ne Arabie Saoudite aussi, cest très remarquable et publiquement et dans les conditions quon connaît et quon a évoquées tout à lheure.