jeudi, mars 28, 2024
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L’Iran dans la course à la bombe atomique, selon l’UE

Par Daniel Dombey et Fidélius Schmid à Bruxelles

The Financial Times – L’Iran sera capable de produire suffisamment de matériau à usage militaire pour une bombe atomique. Peu de chose peuvent être faites pour l’en empêcher, conclut un document interne de l’Union européenne.

Reconnaissant l’échec de la communauté internationale à freiner les ambitions nucléaire de l’Iran, le document – rédigé par l’équipe de Javier Solana, le patron de la politique étrangère de l’UE – dit que le programme atomique a été uniquement retardé  par des limitations techniques plutôt que des pressions diplomatiques. « Les tentatives d’amener l’administration iranienne à la table des négociations n’ont pas été fructueuses jusque-là », dit-il.

Les conclusions pessimistes de ce « mémo de réflexion » – vu par le Financial Times – seront certainement retenues par les partisans d’une action militaire, qui craignent que l’Iran sera capable de produire suffisamment de matière fissile pour une bombe dans les deux ou trois années qui suivent. Téhéran insiste pour dire que ses objectifs sont purement pacifiques.

"Nous devons nous attendre qu’à un certain moment l’Iran acquière la capacité d’enrichir suffisamment d’uranium pour en faire un programme d’armement", dit le document, daté du 7 février et remis aux 27 gouvernements lors d’une réunion des Ministres des Affaires étrangères hier.

« En pratique, les Iraniens ont poursuivi leur programme à leur propre rythme, le facteur limitant étant les difficultés techniques plus que les résolutions de l’ONU ou de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)."

« Les problèmes avec l’Iran ne seront pas résolus grâce à de seules sanctions économiques. »

Cet aveu porte un coup à ceux qui espéraient atteindre un accord avec l’Iran et intervient à un moment critique, alors que la tension augmente entre les Etats-Unis et Téhéran. Le fait qu’il implique que les sanctions seront inefficaces, sera aussi mal accueilli par les diplomates européens. Ce n’est qu’hier que le bloc  s’est accordé sur la manière d’appliquer les sanctions des Nations Unies contre Téhéran, surmontant une dispute entre la Grande-Bretagne et l’Espagne sur Gibraltar.

L’Iran a installé des centaines de centrifugeuses pour enrichir l’uranium, un procédé qui peut produire à la fois du combustible nucléaire et du matériau pour des armes. Mais les analystes disent que l’Iran a programmé l’installation de 3000 centrifugeuses pour produire de l’uranium enrichi à une plus grande échelle.

L’an dernier, Ernst Uhrlau, le patron des services de renseignements allemands, avait déclaré que Téhéran n’était pas capable de produire suffisamment de matière pour une bombe atomique avant 2010 et qu’il ne pourrait en faire une arme qu’aux environs de 2015.

Le document européen est embarrassant pour les partisans des négociations avec l’Iran, car l’an dernier que M. Solana et son équipe étaient le fer de lance des discussions avec Téhéran au nom de l’UE et des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Le document ajoute que le rejet par Téhéran de l’offre avancée par M. Solana, « rend difficile de croire qu’au moins à court terme, [l’Iran] sera prêt à créer des conditions pour une reprise des négociations. »