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L’étrange duplicité vis-à-vis des opposants iraniens en Irak

Par la baronne Turner of Camden

neurope.eu, 30 juillet – « Les conditions dans le camp Liberty sont synonymes de celles d’un centre de détention », dit le rapport. « Les résidents n’ont pas la liberté de circuler, ni d’interaction avec le monde extérieur, ni la liberté de mouvement ou un semblant de vie libre à l’intérieur du camp. La situation des résidents du camp Liberty équivaut à celle de détenus ou de prisonniers. »

Ne vous trompez pas. Il ne s’agit pas d’un extrait d’une brochure de propagande par un groupe de soutien aux réfugiés, mais plutôt d’une citation du Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Se réunissant pour discuter du cas de dix Iraniens, tous membres du Conseil National de la Résistance d’Iran, la coalition politique dont l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) constitue la plus grande organisation, le Groupe de travail a conclu qu’il n’y avait pas de « justification légale pour maintenir ces personnes ni les autres individus dans le camp Liberty » qui se trouve près de Bagdad. « Une telle détention n’est pas conforme avec les normes et les principes de la législation internationale  des droits humains», a conclu l’organisme de l’ONU. Le Groupe de travail a appelé à leur « libération immédiate et à la levée de toutes les restrictions contre la liberté de mouvement de ces personnes tout comme au droit applicable à la compensation ».

Tous les détenus en question se sont portés volontaires pour être transférés du camp d’Achraf, leur foyer depuis plus de 25 ans, au camp Liberty, une ancienne base militaire américaine, pour uniquement découvrir qu’ils avaient été trahis. Comme le rapport de l’ONU le souligne, le camp Liberty est entouré d’un mur de béton de quatre mètres de haut. Les gardes armés de la police irakienne font des contrôles à l’intérieur du camp. Des patrouilles de police pénètrent régulièrement dans les zones de résidence des résidents, « exactement comme des gardiens de prison inspecteraient les cellules des détenus ».

Ceux qui ont accepté d’être transférés ont agi ainsi à la demande du gouvernement irakien et après avoir reçu des garanties de l’ONU et des États-Unis assurant que leur nouveau « foyer » répondrait aux normes humanitaires de base. Ce qu’ils ont trouvé était un « centre de détention à ciel ouvert » où les conditions d’hygiène élémentaires étaient si mauvaises que cela mettait leur santé « en danger », pour citer encore une fois le rapport.

L’électricité n’est qu’intermittente et les réserves d’eau courante insuffisantes. La vie privée de ceux qui ont accepté d’être transférés, près de 2000 sur un total de 3400, est sous constante surveillance.
Mais il y a un paradoxe persistant resté sans réponse ici : Étant donné qu’il s’agit là du verdict officiel du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, pourquoi diable est-ce que Martin Kobler, l’émissaire spécial de l’ONU en Irak, les critique ? Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, Kobler a accusé les résidents de tactiques de blocage, comme s’il n’y avait pas de raison légitime pour qu’ils refusent de partir du camp d’Achraf au camp Liberty. Les Irakiens, qui ont attaqué le camp d’Achraf à deux reprises, tuant des dizaines et blessant des centaines de résidents, n’autorise pas même que des véhicules entrent dans le camp Liberty pour le transport des handicapés. Mais en dépit de ces conditions semblables à celles d’une prison, Kobler estime que les résidents qui restent à Achraf sont déraisonnables de refuser d’achever le processus de transfert, sans avoir la garantie de leurs besoins humanitaires minimaux.

Struan Stevenson, l’eurodéputé qui est le président de la Délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Irak, a qualifié le rapport de l’ONU de « profondément choquant ». Il a déclaré dans un communiqué que « le Groupe de travail de l’ONU décrit le camp Liberty comme une prison en tout point sauf le nom, ce qui est en contradiction directe avec les assurances que nous avons reçues au Parlement européen du représentant spécial de l’ONU en Irak Martin Kobler ainsi que l’ambassadeur du Département d’État américain Dan Fried, qui sont sortis de leurs limites pour soutenir le gouvernement irakien et critiquer les résidents iraniens d’Achraf et de Liberty ».

Pire encore, M. Stevenson a souligné que si les handicapés transférés avaient suivi le conseil de Kobler de déménager dans un hôtel des environs, ils auraient presque certainement été tués. «La proposition de déplacer des résidents du camp Liberty à l’Hôtel Yamamah à Bagdad était en réalité un piège », a déclaré l’eurodéputé. « L’hôtel est loué par l’ambassade du régime iranien à Bagdad depuis le début de 2011. Si des opposants iraniens du camp Liberty s’y étaient rendus, ils auraient dû faire face à l’extradition en Iran et certainement la torture et l’exécution. » Étant donné ces circonstances, il était « presque incroyable » que Kobler « recommande vivement que même les résidents handicapés partent du camp Liberty à l’Hôtel Yamamah », a déclaré Stevenson.

Le Groupe de travail de l’ONU a directement contredit l’émissaire spécial du Secrétaire général en Irak qui s’est montré comme étant plus qu’enclin à faire le sale travail du gouvernement irakien. Et l’Irak sous le premier ministre Nouri al-Maliki, comme toute personne connaissant le Moyen Orient le sait, est seulement la marionnette des mollahs en Iran.

L’Iran veut rassembler les résidents d’Achraf dans un camp de concentration avant de les supprimer. Les résidents, qui ont le statut de « personne protégée » en vertu de la Quatrième Convention de Genève, représentent une menace directe au régime des mollahs seulement par leur présence. Dans son rapport au Conseil de sécurité, Kobler a simplement donné au gouvernement irakien l’excuse dont il a besoin pour lancer sa troisième attaque meurtrière. S’il le fait et quand il le fera, il aura du sang sur les mains.

Mais nous ne pouvons pas attendre pour être témoins d’un autre massacre à Achraf. Il est temps pour l’Europe de prendre l’initiative et pour les dirigeants européens de sérieusement considérer leur engagement après Kosovo : ne jamais autoriser qu’un tel carnage se reproduise. La solution est simple. Faire pression sur l’Irak par des moyens économiques et politiques pour qu’il respecte les droits humains et les droits à la propriété des résidents d’Achraf et de Liberty.

AU SUJET DE L’AUTEUR :

La baronne Turner of Camden a été vice-présidente de la Chambre des Lords britannique jusqu’en 2008. Elle est un membre de haut rang du Comité parlementaire britannique pour un Iran libre.

http://www.neurope.eu/blog/strange-duplicity-dealing-iranian-dissidents-iraq