vendredi, mars 29, 2024
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Les Achrafiens n’auront pas d’autre choix que celui de résister – Vice-président PE

CNRI – « Lorsque les services de Lady Ashton et la haute représentante elle-même nous disent que nous devons faire confiance au gouvernement irakien, franchement, je leur demanderais de ne pas insulter notre intelligence. Si l’Irak est toujours résolu au transfert forcé des résidents d’Achraf, il doit alors être absolument clair que les résidents d’Achraf ne sont pas du tout disposés à être déplacés de force à l’intérieur de l’Irak. Si cela arrive, ils n’auront pas d’autre choix que celui de résister », a précisé Alejo Vidal-Quadras le 30 novembre à Bruxelles. 

Le vice-président du Parlement européen s’exprimait dans une conférence transatlantique en défense d’Achraf et contre l’ultimatum du 31 décembre fixé par Bagdad pour fermer ce camp, en déplacer ses 3400 habitants avant de les vouer à un massacre en Iran où il veut les déporter, où dans des coins perdus d’Irak. la conférence accueillait notamment Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, Howard Dean, président du parti démocrate américain (2005-2009), le général Hugh Shelton, chef de l’état-major des armées américaines (1997-2001), John Bruton, premier ministre irlandais (1994-1997)  et ambassadeur de l’UE aux Etats-Unis (2004-2009), Rita Sussmuth, ancienne présidente du Bundestag, Gunter Verheugen, commissaire européen (1999-2010), Patrick Kennedy, Congressman américain (1995-2011), Dirk Claes, sénateur belge et président du Comité belge parlementaire pour un Iran démocratique, et José Bové, eurodéputé français.

Voici l’intervention de M. Vidal Quadras :

C’est un grand plaisir, comme toujours, d’être ici avec vous tous et avec la Présidente Radjavi ainsi que les éminents invités européens et américains.

Nous nous trouvons face à une énorme crise et j’espère vraiment que nos efforts réunis pourront aider la résistance iranienne et les gens du camp d’Achraf qui souffrent de tant d’injustice depuis des années, non seulement de la part du régime iranien, mais également de l’indifférence de nos gouvernements en Occident.

 Au Parlement Européen, nous avons reçu et lu avec une extrême inquiétude un document de l’ambassade irakienne ici à Bruxelles. Ce document dit très clairement que l’Irak planifie de déplacer de force les gens d’Achraf et de les disperser à travers l’Irak. Il ne fait aucun doute quant aux intentions malveillantes du premier ministre Maliki. Nous entendons parler d’assurances données aux Nations Unies et aux responsables américains par le gouvernement irakien qui affirme que les résidents d’Achraf seront convenablement traités là où ils seront transférés. Ils promettent également que des observateurs de l’ONU pourront régulièrement effectuer des inspections.

Cependant, nous savons que ces promesses du gouvernement irakien n’ont absolument aucune valeur. Quelques heures avant la tuerie du 8 avril dernier, lorsque 36 personnes ont été sauvagement assassinées, les résidents d’Achraf avaient reçu un message du premier ministre irakien, par le biais de l’ambassade américaine, les assurant qu’il n’y aurait pas de violence. Et le résultat a été un échec, nous l’avons juste regardé, horrifiés. Il n’y a donc aucun doute que, lorsque les résidents du camp d’Achraf seront dispersés en petits groupes, les forces irakiennes ainsi que les hommes de la force Qods iranienne les tortureront et les assassineront sans que le monde en soit informé.

À l’occasion, le droit à la souveraineté de l’Irak est employé pour justifier le délai de la fermeture du camp à la fin de l’année. Il s’agit clairement d’un abus de ce droit et cela défie le principe de responsabilité de protection. Le droit à la souveraineté ne peut en aucun cas être utilisé pour justifier une violation systématique des droits de l’homme.

Je me rappelle que le Soudan était en effet un pays souverain et lorsque les chrétiens ont été massacrés dans le sud de ce pays, cette souveraineté a été divisée en deux et un nouvel État est né. Par conséquent, c’était une preuve évidente que la souveraineté ne peut jamais être plus importante que les droits et les libertés. Et la même chose s’est produite en Libye, lorsque les forces européennes et américaines sont intervenues pour stopper les violations massives des droits humains par le régime de Kadhafi, et à présent les sanctions économiques contre le régime d’Assad en Syrie se font sur la même base.

Nous devons demander à nos gouvernements européens d’être en accord avec eux-mêmes, et qu’un minimum de cohérence soit requis pour le cas d’Achraf. Si l’Irak était sincèrement intéressé par l’évacuation des résidents d’Achraf et leur départ d’Irak, il aurait pu coopérer avec le Haut commissariat aux Nations Unies pour les réfugiés et l’Union européenne. Mais le premier ministre Maliki a clairement montré qu’il suit les ordres du régime iranien qui cherche l’anéantissement des résidents d’Achraf.

Lorsque les services de Lady Ashton et la haute représentante elle-même nous disent que nous devons faire confiance au gouvernement irakien, franchement, je leur demanderais de ne pas insulter notre intelligence. À la vue de tout ceci, si l’Irak est toujours résolu au transfert forcé des résidents d’Achraf, il doit alors être absolument clair que ces résidents d’Achraf ne sont pas du tout disposés à être déplacés de force à l’intérieur de l’Irak. Si cela arrive, ils n’auront pas d’autre choix que celui de résister.

Je les connais personnellement, j’en connais beaucoup. Je me suis rendu là-bas et j’ai eu des rapports directs avec eux. Des parents très proches de certains de mes très bons amis ici se trouvent dans le camp d’Achraf, et je peux imaginer ce qu’ils ressentent maintenant. Mais, si nos gouvernements en Europe et aux États-Unis ne protègent pas les droits des personnes à Achraf, il est tout à fait naturel qu’ils préfèrent une mort honorable que de se rendre pour être tué à un stade ultérieur, après avoir été torturés et sauvagement humiliés.

J’en appelle, et je dois dire j’en appelle encore, à la Baronne Ashton et à nos ministres des Affaires étrangères, qui se rencontreront demain, à s’occuper de cette crise, à condamner immédiatement ce délai répressif pour la fermeture d’Achraf et à demander son annulation. Je les exhorte également à condamner toute sorte de déplacement forcé en Irak. Étant donné que le gouvernement irakien n’autorise pas le HCR à commencer la vérification des identités des résidents d’Achraf en vue d’affirmer leur statut individuel de réfugié, le seul moyen qui nous reste d’empêcher un massacre des habitants sans armes ni défense est l’affirmation collective du statut de réfugié des résidents d’Achraf par les Nations Unies. Ils doivent être déclarés réfugiés en tant que groupe, non pas individuellement, et il s’agit d’une mesure d’urgence qui pourrait être prise par les Nations Unies. Et si nous ne nous trouvons pas face à une urgence, alors quelqu’un doit me dire ce qu’est une urgence.

Nous demandons donc encore à Mme Ashton d’exhorter le HCR à suivre cette ligne. Le temps manque pour interroger les 3400 personnes individuellement. Tout d’abord, parce qu’ils sont trop nombreux et ensuite parce que Maliki ne les autorise pas à agir en ce sens.

Donc, pour l’amour de Dieu, employez les outils légaux que nous avons en main, et un des instruments légaux est qu’en cas d’extrême urgence, vous pouvez les déclarer réfugiés tous ensemble collectivement. Et ceci, au moins, pourrait peut-être arrêter le gouvernement irakien.

Mais pour l’amour de Dieu, faites quelque chose ! Parce que nous avons parlé et discuté et envoyé des lettres depuis des mois et des mois. Le nombre de lettres que j’ai écrit à Mme Ashton, aux Nations Unies et à tous les ministres des Affaires étrangères atteint probablement maintenant cette hauteur [montrant l’épaisseur des lettres qu’il a envoyées]. J’aimerais également insister sur la protection des résidents d’Achraf par les forces des Casques bleus des Nations Unies ainsi que le stationnement d’observateurs de l’ONU jusqu’à ce que le transfert de la dernière personne vers un pays tiers soit garanti par le Conseil de Sécurité. Je demande à l’Union Européenne de se tenir unie et aux États membres de faire tout ce qu’ils peuvent pour aider à empêcher la crise humanitaire et le massacre dans le camp.

Demain, il y a cette rencontre des ministres des Affaires étrangères. Je pense, et je dis cela avec une extrême inquiétude et douleur, que c’est probablement la dernière occasion que nous ayons de faire quelque chose de réellement efficace. Agissez pour l’amour de Dieu.