vendredi, mars 29, 2024
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La Grande-Bretagne se couvre de honte dans l’interdiction européenne de l’opposition iranienne

Par Christophe Booker

The Sunday Telegraph, 18 février – Demain matin, le président de la Cour d’appel, Lord Phillips, présidera ce qui doit être l’affaire la plus bizarre et la plus ardue en matière politique jamais portée devant lui. Siégeant avec deux autres juges en Cour d’appel, il entendra une requête de Jacqui Smith, le Ministre de l’Intérieur, pour faire appel d’un jugement de la Haute Cour lui ordonnant ainsi qu’au gouvernement de cesser d’enfreindre la loi – uniquement pour satisfaire le régime criminel de l’Iran qui, hormis tous ses autres crimes, arme des terroristes en Irak et en Afghanistan.

Par Christophe Booker

The Sunday Telegraph, 18 février – Demain matin, le président de la Cour d’appel, Lord Phillips, présidera ce qui doit être l’affaire la plus bizarre et la plus ardue en matière politique jamais portée devant lui. Siégeant avec deux autres juges en Cour d’appel, il entendra une requête de Jacqui Smith, le Ministre de l’Intérieur, pour faire appel d’un jugement de la Haute Cour lui ordonnant ainsi qu’au gouvernement de cesser d’enfreindre la loi – uniquement pour satisfaire le régime criminel de l’Iran qui, hormis tous ses autres crimes, arme des terroristes en Irak et en Afghanistan.

Les ramifications politiques de cette affaire sont immenses. Déjà, elle cause un embarras considérable à notre gouvernement, qui non seulement a fourvoyé ses alliés de l’UE dans une action jugée illégale par les propres tribunaux de l’UE, mais est désormais la cible de davantage de critiques du Conseil de l’Europe, dans un vote de désapprobation quasi unanime soutenue par le président de la délégation britannique, John Prescott.

Cette histoire extraordinaire a commencé en 2001 quand le ministre de l’Intérieur de l’époque, Jack Straw, sur le conseil du ministère des Affaires étrangères, a obéi à la demande de l’Iran de mettre hors-la-loi les Moudjahidine du peuple d’Iran (l’OMPI) comme une organisation terroriste. Le régime de Téhéran considère l’OMPI comme son principal ennemi, puisqu’il forme une grande partie du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), un mouvement jouissant d’un immense soutien populaire qui souhaite voir l’Iran libéré de la dictature théocratique des mollahs et transformé en un pays moderne, laïc et démocratique. Depuis 1979, les escadrons de la mort du régime ont assassiné 120.000 partisans du CNRI.

En 2002, sur l’insistance de la Grande-Bretagne, l’UE a aussi proscrit l’OMPI comme terroriste. Mais en 2006, la seconde plus haute cour de l’UE a jugé que cette décision était "illégale". Non sans surprise et de nouveau sur l’insistance britannique, le Conseil des Ministres de l’UE a voté deux fois l’année dernière au mépris de sa propre justice. L’été dernier, 35 députés et lords, dont plusieurs anciens ministres, un ancien Law Lord et un ministre de l’Intérieur, ont demandé en vain au gouvernement de lever son interdiction, en se pliant à la Commission d’Appel des Organisations Proscrites, une branche de la Haute Cour, pour la déclarer illégale.

En novembre, après l’audition de 10 jours de preuve, parfois dans le secret, la Haute Cour a rendu un jugement sans équivoque. Ni le ministère de l’Intérieur ni le ministère des Affaires étrangères n’avaient produit de preuve comme quoi l’OMPI était terroriste. Le refus du gouvernement de lever l’interdit était "vicié" et "pervers". Le ministre de l’Intérieur devait immédiatement présenter un décret au Parlement retirant l’OMPI de sa liste d’organisations terroristes. Quand Smith a demandé à faire appel, la cour a rejeté cette requête, jugeant qu’elle "n’avait aucune perspective raisonnable de l’emporter".

Le gouvernement a un dernier espoir : convaincre la Cour d’appel de lui donner le droit de faire appel. Le fait que ce soit le président de la Cour d’Appel en personne qui préside l’audience de demain indique l’importance que le pouvoir judiciaire accorde à cette affaire. Si le gouvernement perd, il n’aura plus personne vers qui se tourner, ce sera très embarrassant devant ses partenaires de l’UE, qui ont consenti à proscrire l’OMPI uniquement sur la preuve fournie par les autorités britanniques.

En fait, les embarras ont déjà commencé. En janvier un rapport du Conseil de l’Europe critiquant vivement la conduite de notre gouvernement a été approuvé par plus de 100 délégués, y compris M. Prescott. Un des trois seuls votes contre est venu de Denis McShane, un ancien ministre des Affaires étrangères. Le 31 janvier, le Parlement européen a aussi formellement noté que la Haute Cour avait ordonné au gouvernement du Royaume-Uni de lever son interdiction.

En attendant, le régime de Téhéran a intensifié son règne de la terreur ces dernières semaines, avec davantage de pendaisons publiques, de tortures, d’amputations et d’yeux arrachés, du genre de ce que supervisait personnellement le président Ahmedinejad quand il était un responsable de la sinistre prison d’Evine de Téhéran. Pourtant, c’est ce régime que notre propre gouvernement cherche à tout prix à satisfaire : ce même régime dont les gardiens de la révolution soutiennent les terroristes qui tuent des soldats britanniques et qui travaillent toujours à enrichir l’uranium dont il a besoin pour fabriquer des armes nucléaires.

S’il y a un espoir pour la paix dans cette région, il se concentre sur ces Iraniens qui seul pourraient restaurer le bon sens dans leur pays ; ceux-là mêmes que, de manière incompréhensible, notre gouvernement semble toujours décidé à réprimer.

Photo : Des Iraniens manifestent contre Ahmadinejad à la conférence sur la sécurité à Munich. Le Royaume-Uni a essayé d’interdire l’opposition populaire à son régime.