mercredi, décembre 4, 2024
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La crise monétaire iranienne accélère l’effondrement du régime

Iran-Economie

La dévaluation rapide de la devise iranienne au cours des derniers jours a réduit le pouvoir d’achat du rial iranien de 40 %. Cela signifie qu’un travailleur ou employé iranien qui, il y a quelques jours encore, devait payer 1.000.000 de tomans pour l’achat d’un article, doit maintenant payer 1.400.000 pour obtenir ce même article.

Pendant ce temps, les responsables du régime des mollahs essaient d’attribuer la dévaluation de la devise iranienne à des facteurs externes tels que l’application Telegram et les complots des ennemis.

Soulignant l’incapacité du gouvernement de Rohani à endiguer le chaos monétaire, Azuz Akbari, un député du régime, a déclaré : « l’équipe économique du gouvernement n’agit pas de manière coordonnée, se déplaçant comme une voiture qui n’a ni conducteur ni volant ; c’est un miracle qu’elle bouge même. La population n’a confiance ni au système bancaire, ni à l’équipe économique du gouvernement et ni même au Majlis. Pendant combien de temps allons-nous ignorer cela ? » (Station Radio du régime, Farhang, le 10 avril 2018)

Même les experts économiques du régime croient que la décision du gouvernement de stabiliser la valeur du dollar américain à 4 200 tomans n’est qu’une manœuvre et un choc pour une économie effondrée, qui non seulement ne parvient pas à résoudre les problèmes de la population, mais qui va même accélérer sa chute.

Dans un article intitulé « Les 4200 tomans ne seront pas opérationnel », le site Web officiel cite Mehdi Pourghazi, un membre de la chambre de commerce : « Je pense que les responsables ont besoin d’être secoués et choqués car ils ne savent pas que les chemins qu’ils suivent nous rapprochent davantage d’une chute. » (Site Web officiel Tabnak, 10 avril 2018)

Parallèlement, Ali Tajernia, ancien député, a accusé le gouvernement Rohani de « désintégration de la structure décisionnelle qui ne peut pour l’augmentation vertigineuse de la valeur des devises étrangères ». Préoccupé par une instabilité probable du régime en raison de la déppréciation de la monnaie, Tajernia affirme que « de telles questions pourraient certainement conduire à des crises et des échecs qui, à leur tour, pourraient nuire irrémédiablement à la société si elles ne sont pas résolues ». (Agence de presse officielle ILNA, 10 avril 2018)

Dans un article intitulé « L’âme de la société piétinée sous les sabots du dollar », le site Web officiel Fararou, écrit le 10 avril 2018 : « la tendance des Iraniens à convertir leur monnaie nationale en devise étrangère devrait être placée dans un contexte plus large appelé « méfiance », ce qui signifie que notre société est dans un état tel que son avenir est loin d’être prévisible. Lorsqu’une société est aussi confuse et désorientée, la population ne parviendra certainement pas à prendre des décisions normales. Et quand les gens sont constamment confrontés à des crises, la situation est toujours critique et instable dans leur esprit ».

Mentionnant le soulèvement populaire de fin décembre et janvier 2018, l’agence de presse officielle ILNA, a reconnu le 10 avril que les protestations étaient le résultat de la discrimination, de la corruption et des injustices : « si un traitement opportun est négligé, il ne fait aucun doute que les virus infecteront les plaies. Un traitement sera alors plus compliqué, plus long et plus coûteux. Et si la maladie mène au cancer, alors aucun traitement ne serait applicable. »

Il est clair que la crise monétaire est le résultat de problèmes économiques accumulés et non résolus qui menacent maintenant le régime dans son ensemble. C’est pour cela qu’Abbas Akhundi, ministre du Développement urbain du gouvernement de Rohani, voit le régime dans une situation difficile avec un très faible niveau de satisfaction parmi les différentes couches sociales.

« Près de cinq millions de pauvres vivent dans les quartiers marginaux de la ville de Téhéran, qui compte 12 à 13 millions d’habitants. Vous n’avez pas besoin de prouver le degré élevé de désintégration sociale et de crise identitaire à Téhéran et dans d’autres grandes villes du pays. Le fait est que la peur de l’avenir pèse lourdement sur nos jeunes. L’élément clé de mes propos est que les problèmes sont enracinés dans la ‘’dislocation sociale’’. Nous souffrons d’une identité, d’une histoire, d’une société et d’une culture disloquées», déclare Akhundi. (Agence de presse officielle ISNA, 10 avril 2018)