vendredi, mars 29, 2024
AccueilActualitésActualités: Iran Résistance« Avec son dialogue, l'Occident permet à Ahmadinejad de poursuivre les exécutions...

« Avec son dialogue, l’Occident permet à Ahmadinejad de poursuivre les exécutions »

Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne

Par Marta Riesgo

La Gaceta (Espagne), 14 février – « Nous ne voulons ni armes ni argent, juste un changement en Iran ». Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne, vit en exil à Paris depuis 29 ans, mais n’a pas encore perdu l’espoir de voir comment  la démocratie s’instaurera en Iran. Elle sait que « le peuple est la force qui rendra possible le changement » mais, pour cela, elle exige que la communauté internationale « abandonne la politique de dialogue » avec un régime qui « a déjà exécuté 120 000 opposants ».

Interviewée pour LA GACETA, la dirigeante du principal groupe d’opposition iranien, explique la nécessité « d’imposer des sanctions au régime sur le commerce du pétrole » afin d’empêcher qu’ « un pays qui exporte le terrorisme se dote de l’arme nucléaire ».

-Vous n’êtes pas d’accord avec la position de dialogue maintenue par la communauté internationale avec l’Iran, mais vous ne défendez pas non plus une intervention militaire. Quelle solution proposez-vous?
-Quand nous parlons de dialogue avec le régime iranien, nous parlons de faire des concessions et de maintenir une attitude très douce devant un fascisme islamiste. C’est un régime qui a exécuté plus de 120 000 prisonniers politiques au nom de l’islam, qui ne respecte pas les droits du peuple, qui exporte le terrorisme dans d’autres pays et qui menace la paix et la sécurité au Moyen-Orient ainsi que dans le reste du monde. Malheureusement, les intérêts diplomatiques et commerciaux de l’Occident font que le régime continue de violer les droits de l’homme, continue à obtenir des armes nucléaires et réprime la résistance démocratique iranienne. C’est pourquoi, nous voulons appeler la communauté internationale à abandonner la politique du dialogue qui cause tant de préjudices au peuple. Nous ne croyons pas non plus dans une intervention militaire. Nous proposons une troisième voie, qui vise un changement démocratique par le peuple iranien et sa résistance.

-Votre organisation a annoncé un plan de 10 points pour le changement.
-Oui, notre plan vise à établir une démocratie pluraliste en Iran. Une république fondée sur la séparation de la religion et de l’État, une société basée sur l’égalité entre les hommes et les femmes.

-Comment pensent-ils pouvoir en finir avec le régime d’Ahmadinejad?
-Il faut que ce soit le peuple iranien lui-même et sa résistance qui écartent le régime pour permettre l’instauration de la démocratie en Iran. Le peuple exige déjà des changements et la liberté, les manifestations de 2009 en sont la preuve. Actuellement, 80% des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté, le taux du chômage s’envole et l’inflation dépasse les 20%.

-Sont-ils prêts pour le changement?
-Les protestations vertes de 2009 ont démontré clairement la volonté de changement du peuple. Bien qu’il ait manifesté dans un premier temps contre la fraude électorale, les protestations ont rapidement tourné au soulèvement visant la fin du régime. Malheureusement, 300 personnes sont mortes au cours des manifestations et des milliers de personnes ont été exécutées par le gouvernement d’Ahmadinejad. Pendant que des millions de personnes criaient « A bas le dictateur », le président des États-Unis et de nombreux pays européens attendaient avec anxiété de pouvoir négocier avec le régime.

-Depuis le début de l’année, le gouvernement a exécuté plus de 90 personnes.
-Le régime des ayatollahs a exécuté 120 000 opposants. C’est le plus grand massacre de prisonniers politiques depuis la Seconde Guerre mondiale et ce sont les hauts responsables du gouvernement iranien qui sont impliqués dans ces massacres, y compris le guide suprême, Ali Khamenei. En plus des morts, il y a eu des centaines de milliers de personnes torturées. La loi islamiste dit que toute personne soutenant l’OMPI, l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran, est considérée comme mohareb (ennemi de Dieu) et qu’il doit être puni de mort. Le gouvernement iranien a instauré au moins 60 organes répressifs avec l’argent de tous les Iraniens afin de surveiller et de localiser la dissidence. Le monde ne connait que la pointe de l’iceberg, c’est pourquoi nous attendons de la communauté internationale qu’elle exige la fin de la torture et des exécutions en Iran. Entre-temps, et contrairement à l’UE, le gouvernement d’Obama maintient l’OMPI sur la liste des organisations terroristes, ce qui laisse la voie libre à Ahmadinejad pour continuer à tuer.

-Vont-ils se doter de la bombe atomique?
-La réserve d’uranium qui est produite par le régime lui donnera la possibilité de fabriquer la bombe atomique. C’est pourquoi, la communauté internationale doit mettre de côté la politique de négociation et ne pas offrir davantage de concessions au régime.