jeudi, mars 28, 2024
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Iran : Un spectacle grotesque finit en querelle politique au sein du régime iranien

.CNRI – Les querelles au sein du régime iranien sont montées d’un cran ces derniers jours à propos d’une très officielle « Conférence des Iraniens de l'étranger » organisée à Téhéran le 2 août. L'un des objectifs était d’ « attirer les investissements » de la diaspora iranienne. Toutefois, l’événement a seulement mis en lumière de nouvelles tensions et divisions au sein du régime et même des factions proches d’Ahmadinejad.

Ce dernier, qui est également président du « Conseil suprême des Iraniens de l'étranger » à l’origine de la manifestation, a récemment fait de son propre secrétaire Rahim Mashaï, son suppléant au conseil. Il lui a même octroyé d'importantes ressources et pouvoirs pour faire avancer ses plans.

Le régime prétend que «construire la confiance et réduire l'écart entre les Iraniens vivant à l'étranger et le régime » était un objectif de la conférence. Mais les participants étaient principalement des éléments du pouvoir et ses lobbyistes à l'étranger. Ainsi, non seulement elle n'a pas «réduit les écarts» avec les exilés iraniens qui s’opposent à la dictature depuis 30 ans, mais elle a aussi servi à élargir la brèche au sein du régime.

Les protestations ont porté sur le coût de la conférence. Plus de 3 millions de dollars ont été dépensés uniquement sur la publicité. Chaque invité pouvait amener quatre autres personnes en plus, tous frais payés par le régime, avec en prime la visite de huit provinces.

Les critiques les plus notables sont venues du quotidien Kayhan, qui est le porte-parole du guide suprême des mollahs, Ali Khamenei. Dans un article du 3 août, il fustige les « coûts somptueux et les dizaines de millions de dollars dépensés ». D'autres n’ont pas hésité à dire que les affidés du régime invités à la conférence ne sont pas en mesure de réaliser le moindre investissement de taille en Iran, et donc que la conférence a été infructueuse.

Fait intéressant, certaines des flèches les plus dures ont été décochées par le camp d'Ahmadinejad et même par certains de ses fidèles. Lors de la cérémonie d'ouverture, Ali Razini, un officier du judiciaire, a quitté la salle en signe de protestation à l'apparition d'un groupe de musique où figuraient des artistes femmes.

Le porte-parole de la faction minoritaire du parlement des mollahs, proche d’Ahmadinejad, a déclaré que la plupart des participants ne sont même pas des investisseurs. Dariush Qanbari a dit à l’agence de presse officielle ILNA le 3 août qu’ «Ahmadinejad doit dire quel est le message de ce rassemblement au moment où sa politique erronée a poussé les investisseurs à aller vivre à l'étranger en rendant l'environnement défavorable à l'investissement intérieur. »

Il s'est également plaint que «récemment, le Conseil suprême des Iraniens de l'étranger est devenu très actif, le transformant en un ministère parallèle des Affaires étrangères. »

Un autre membre de la faction d'Ahmadinejad au Parlement, Jalal Yahyazadeh, a déclaré : « Les invités n'avaient pas de statut élevé et ne méritaient pas ce genre de tapis rouge de bienvenue. »

Mais, sans doute le critique la plus incisive est-elle venue d’Hossein Shariatmadari, rédacteur en chef du très officiel quotidien Kayhan, qui a mis à bas l'événement et critiqué les services de sécurité et de renseignement pour n’avoir laissé entrer des « voyous et hooligans qui lèchent les bottes des États-Unis, d’Israël et de la Grande-Bretagne ». 

Kayhan a désigné Houshang Amir Ahmadi, un lobbyiste bien connu du régime à Washington, comme « le chef des Iraniens des États-Unis invités à participer à cette conférence ». Le gouvernement d'Ahmadinejad a tenté de minimiser la présence d’Amir Ahmadi, affirmant qu'il était là en déplacement privé et qu’il avait l'intention de séjourner dans sa villa du nord du pays.

Ramin Mihmanparast, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du régime, a déclaré à la presse qu'il n'avait aucune idée des gens qui avaient été invités, en ajoutant que « néanmoins, l’idée même de cette conférence des Iraniens de l'étranger est très bénéfique ».

Selon des informations, de nombreux invités ont évité de participer à la première journée de l'événement, consacrant leur temps à des visites familiales et à la manière de récupérer des biens confisqués.