CNRI Le quotidien suisse La Liberté a publié le 7 avril un article sur le terrorisme du régime iranien:
Le juge Jacques Antenen, qui enquête sur lassassinat de Kazem Radjavi, a entendu un témoin clef. Mesbahi a identifié à Genève les banques présumées où seffectuaient les transactions du terrorisme iranien.
Abolghassem Mesbahi est connu de tous les services dintelligence occidentaux. Cet ancien agent de la VEVAK (police sécrète) sous Khomeiny, réfugié en Allemagne depuis 1997, est un témoin clé dans les affaires liées au terrorisme iranien des années 1980. Il a été auditionné à plusieurs reprises par les polices allemande, française, suisse et argentine. Les juges de Buenos Aires cherchent en effet à établir un lien entre les comptes en Suisse de lex-président Carlos Menem et le terrorisme iranien.
A chaque fois, ses dires se sont révélés crédibles. Il serait aujourdhui la seule personne en mesure détablir lexistence dun compte bancaire genevois de 200 millions de dollars qui aurait contribué à alimenter près de 400 opérations meurtrières dans le monde dirigées par lIran. Domicilié à Genève entre 1985 et 1987, il était chargé de ces transactions financières pour son pays. Le juge vaudois Jacques Antenen vient enfin de le faire venir en Suisse dans le cadre de lenquête sur lassassinat en 1990 à Coppet (VD) du défenseur iranien des droits humain Kazem Radjavi.
Plaque noire à lentrée
Le 9 février dernier, Mesbahi, surnommé le témoin C., a identifié deux établissements genevois au bord du Rhône. Selon lui il opérait alors sous le nom de Reza Abdollah ledit compte numéroté se trouvait dans une banque située dans lun de ces deux édifices. « Près de lentrée était accrochée une plaque noire sur laquelle étaient inscrits en blanc banque, Luxembourg et un troisième mot dont je ne me souviens plus », affirme-t-il dans sa déposition.
Trois personnes auraient détenu la signature du compte : lex-président Ali Rafsandjani, Ahmed Khomeiny (le fils de layatollah) et Ali Fallahian, lancien ministre de lintérieur, chef des services secrets. Mesbahi a aussi identifié un bureau au premier étage dans lequel il était reçu par un certain Shahrokh Sharif, employé suisse dorigine iranienne. « Environ 35 ans, 1,70 m, cheveux noirs, svelte, pas de lunettes ni de barbe. »
Malgré ces identifications très précises, des zones grises persistent dune part, personne à Genève ne semble connaître Shahrokh Sharif. Dautre part, aucune société au nom de Luxembourg ne semble avoir existé dans les édifices précités. « Pour linstant, la seule certitude que nous avons, cest lemplacement physique des bâtiments, commente Stéphane Radjavi, le fils de Kazem. Cest déjà un début de piste. Si un jour on arrivait à établir lexistence du compte et des trois signatures, on pourrait ensuite faire des recherches pour déterminer quelles opérations bancaires concrètes ont été effectuées ».
Lassassinat financé
Peut-être alors, la justice vaudoise pourra-t-elle prouver que lassassinat de Kazem Radjavi a été financé à partir de ce compte. Où les juges argentins pourront-ils établir quy auraient été prélevés les 10 millions de dollars destinés à lex-président Menem. Cette somme aurait servi à étouffer lenquête à Buenos Aires sur lattentat contre le centre juif AMIA en 1994, le plus meurtrier de lhistoire du pays avec 86 morts et plus de 200 blessés. Les juges des deux pays, parfaitement conscients que leurs intérêts convergent sur ce témoin crucial, ont entamé une étroite collaboration judiciaire.
Les magistrats argentins avaient dailleurs lancé plusieurs demandes dentraide judicaire à la juge genevoise Christine Junod, chargée depuis 2001 du dossier Menem. Ils demandaient entre autres la convocation à Genève du témoin iranien. Pour des raisons mystérieuses, la justice genevoise na pas pu donner satisfaction aux demandes argentines. Et Christine Junod a classé le dossier Menem en 2004 avant de changer de fonction.