Par Eli Lake
The New York Sun LIran soutient aussi bien les terroristes sunnites que chiites dans la guerre civile en Irak, selon des documents secrets saisis par les Américains en Irak. Lannonce que les forces américaines ont capturé des Iraniens en Irak a fait beaucoup de bruit le mois dernier, ce que lon sait moins en revanche, cest que ces Iraniens avaient avec eux des documents donnant aux Américains un aperçu des activités de lIran en Irak.
Un autre haut responsable américain ayant pris connaissance des informations découlant des arrestations a affirmé que celles-ci contenaient des preuves tangibles. « Nous avons trouvé des plans dattaque, des numéros de téléphone de voyous sunnites, un grand nombre déléments répondant aux questions que lon se posait sur ce dont ces hommes étaient capables », a-t-il dit.
Un des documents confisqués pendant les raids, selon deux hauts responsables américains et un Irakien, est une analyse de la guerre civile en Irak et de la nouvelle stratégie de la Force Qods.
Selon la source irakienne, cette étude est léquivalent de celle de l « Iraq Study Group », en référence à la commission américaine bipartite qui a fourni des recommandations stratégiques de guerre suite aux élections du 7 novembre en Amérique. Le document conclut, selon ces sources, que les voisins sunnites de lIrak vont intensifier leurs efforts pour aider les groupes insurgés et quil est impératif pour lIran de redoubler defforts pour conserver son influence parmi eux, ainsi que parmi les milices chiites.
Des traductions brutes de létude et de la stratégie iraniennes, ainsi quun résumé des informations collectées, ont été largement distribués au sein de la communauté politique et ont des chances dinfluencer le président Bush pour son discours sur la guerre quil doit prononcer dans les prochains jours, selon les deux membres du gouvernement de Bush.
Lannonce que lélite de la Force Qods iranienne soit en contact et coopère secrètement avec les djihadistes sunnites qui ont attaqué le 22 février la mosquée dor de Samarra (un des lieux saints les plus vénérés par les chiites) pourrait ébranler lalliance que les chiites au pouvoir en Irak ont forgée ces dernières années avec Téhéran. Plusieurs experts irakiens pensent que cest cet attentat qui a fait sombrer lIrak dans la phase actuelle de guerre civile.
La haut commandant de la Force Qods, connu sous le nom de Chizari selon larticle paru dans le Washington Post le 30 décembre, a été capturé dans un site appartenant à Abdul Aziz Hakim, leader chiite que le président Bush avait cité le mois dernier, désireux de forger une nouvelle coalition dirigeante qui exclurait lecclésiastique chiite fauteur de troubles, Moqtada al-Sadr.
Selon un haut responsable irakien, les deux commandants de la Force Qods étaient en Irak sur lordre du gouvernement irakien, qui avait réclamé plus de contacts iraniens au moment où le gouvernement se plaignait des activités des escadrons de la mort chiites. Les négociations faisaient partie de leffort irakien visant à établir de nouvelles règles entre Bagdad et Téhéran. Cet arrangement a été conclu par le président irakien, Jalal Talabani, lorsquil était à Téhéran à la fin du mois de novembre.
Alors que lIran soutient ouvertement les milices chiites irakiennes responsables dattaques contre des soldats américains, le lien entre la Force Qods et les insurgés sunnites est encore sombre.
En 2003, les forces de la coalition ont saisi un document décrivant lintention de lIran de soutenir les insurgés des deux camps, mais son authenticité a été contestée.
Des rapports du renseignement américain suggèrent que des opérations dimport/export menées par des terroristes sunnites à Falloudjah en 2004 ont bénéficié de matériels envoyés par les Gardiens de la Révolution.
« Nous avons vu beaucoup de choses auparavant, mais cétait très compartimenté et elles suggéraient un lien entre lIran et les groupes sunnites », a affirmé un haut officier militaire.
Michael Rubin, ancien expert de lIran pour le Pentagone qui a également travaillé en tant que conseiller à la Coalition Provisional Authority, a déclaré hier : « Il existe un grand nombre dinformations suggérant que lIran ne se limite pas aux Chiites, mais cette idée a été contestée ».
Il a ajouté : « Lorsque des documents comme ceux-ci sont découverts, habituellement les responsables du renseignement confirment leur authenticité mais avancent quils ne prouvent rien parce quils ne reflètent pas une décision de mettre ces informations en application ».
Wayne White, ancien haut expert de lIrak et lIran au département dEtat qui a quitté le gouvernement en 2005, a déclaré quil était peu probable selon lui que la Force Qods soutiennent des terroristes sunnites qui visent des dirigeants politiques chiites et des civils, mais il a souligné quil nen savait rien.
« Je nai aucun doute sur le fait que la Force Qods est présente et active en Irak », a-t-il dit. « Mais cest tout. Jai eu la preuve que Moqtada al Sadr était en contact avec des insurgés arabes Sunnites dans louest de lIrak, mais je nai jamais eu la preuve que lIran en était informé. »
M. White a ajouté : « Le problème que nous avons tous est que les gens font constamment des analyses suggérant que lacteur va agir de façon prévisible ou rationnelle en se fondant sur une analyse générale ou leur idéologie. Parfois les gens ne le font pas ».
« Un exemple dapproche à même de brouiller lanalyse du rôle de lIran est lidée que lIran ne puisse jamais traiter avec des militants arabes sunnites. Mais ils ont pourtant laissé des centaines dagents dAl Qaïda séchapper dAfghanistan via leur territoire en 2002 », a-t-il expliqué.