vendredi, mars 29, 2024
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Iran – Résistance: L’Abbé Pierre croyait que le bonheur de l’être humain est une aventure collective

CNRI –  « L’Abbé était un insurgé, surtout contre l’individualisme mesquin parce qu’il croyait profondément que le bonheur de l’être humain est une aventure collective, c’est de cette conviction profonde qu’est naît l’idée de la communauté d’Emmaüs », a déclaré Afchine Alavi, membre du CNRI, dans un témoignage sur l’Abbé Pierre qu’il avait rencontré à plusieurs reprises. Un hommage a été rendu à l’Abbé Pierre à Auvers-sur-Oise le 27 janvier, rassemblant plusieurs centaines d’Iraniens, d’Auversois, de Val d’Oisiens et d’amis proche de l’Abbé. Parmi les nombreuses interventions, nous vous proposons celle d’Afchine Alavi :

J’ai pensé à ce que je pouvais dire sur l’Abbé Pierre. J’avais entendu parlé de lui quand j’étais très jeune et j’avais été frappé par la rencontre qu’il avait eue pour redonner la force de vivre à un désespéré en lui tendant la main.
 
Plus tard, quand j’ai eu le bonheur de le connaître, j’ai été fasciné par les dimensions de cet homme et plusieurs choses en lui m’ont marqué.
 
Il est donc difficile de le réduire à une dimension, à un seul aspect de son combat merveilleux pour les sans logis.
 
L’Abbé était d’abord un résistant. Nous connaissions tous son combat pendant l’occupation, comment il a lutté, risquant sa vie pour sauver les autres.
 
Je n’oublierai jamais comment ses yeux brillaient quand je lui parlais d’Achraf, de ces hommes et de ces femmes qui ont tout sacrifié pour résister. Je sentais bien qu’il comprenait la valeur de leur courage et les aimait sans les avoir vus.
 
Mais ce n’est pas seulement parce qu’il avait été dans la résistance que l’Abbé était ce qu’il est devenu. Il aurait pu empocher sa médaille de résistant et devenir un homme politique ou mener une vie agréable avant de prendre sa retraite. Rien de cela.
 
Nous sommes des résistants, nous savons tous qu’il n’est pas facile de choisir de le devenir, de tout abandonner, les biens, les études, les être chers, mais plus difficile encore, de le rester jusqu’au bout.
 
C’est pourquoi nous avons un respect, un amour infini pour les martyrs, pour ceux qui ont persisté jusqu’au dernier souffle, qui ne se sont pas découragés devant les difficultés, les moments de désespoirs.
 
Et bien l’Abbé Pierre était de ceux-la parce qu’il a résisté dans d’autres combats qu’il a épousés jusqu’au dernier instant de sa vie.
 
Dans un monde où il devient difficile de persévérer dans ses valeurs, où la mode est au rejet des principes, il a suivi son cœur en restant fidèle à ses principes toute sa vie. Et ça, ce n’est pas rien.
 
Oui, c’était un insurgé, surtout contre l’individualisme mesquin parce qu’il croyait profondément que le bonheur de l’être humain est une aventure collective, c’est de cette conviction profonde qu’est naît l’idée de la communauté d’Emmaüs.
 
Qu’est ce qui l’animait, lui donnait cette force? Cette soif de savoir, d’agir, d’aider et de souffrir avec les autres? Je pense que cette force lui venait de savoir qu’il était aimé de Dieu.
 
C’est de là que lui venait son amour pour l’être humain. Cet amour était présent chez lui. Il était de ceux qui croyaient en l’existence d’un joyau, d’une merveille au fond de chaque être et par son amour, il extrayait ce diamant du fond de chacun et l’exposait aux rayons du soleil de l’amour. C’est ce que les prophètes ont fait, mais ce que chacun d’entre nous peut faire aussi.
 
C’est pourquoi quand je l’écoutais et je le lisais, j’avais l’impression d’entendre parler le « Prophète » de Khalil Gibran.
 
J’étais donc bien triste après sa mort. Même s’il avait tant désiré cette rencontre avec Dieu, cela ne pouvait me consoler. J’étais triste d’avoir perdu un grand ami, un protecteur de la Résistance et de Maryam.
 
Hier j’ai parlé de cette tristesse à un ami. Il m’a répondu : « mais il continuera à vous protéger de la haut j’en suis sûr. »  Alors je me suis rappelé de l’image de l’Abbé Pierre qui souriait comme un ange, comme le sourire de l’ange de la cathédrale de Reims, plus beau encore.
 
C’est pourquoi je vais terminer avec ce petit passage où il décrit ce sourire :
 
Alors l’ange sourit peut être parce qu’il se sait aimé. Aimer, se sentir aimé, c’est probablement une des raisons que l’ange a de sourire à la vie. Oui, la vie c’est un peu de temps donné à des libertés pour, si tu veux, apprendre à aimer. Et s’il fallait écrire une phrase sur ma tombe; qu’on inscrive, « Il a essayé d’aimer ».
 
Et je suis sûr qu’il continue d’aimer, parce qu’il va continuer d’être aimé.