Dans une tribune publié dans le Telegraph britannique du 17 septembre 2023, Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, fait une analyse de l’état précaire du régime iranien. En plongeant dans la dynamique aux multiples facettes de la société iranienne, son analyse élucide le mécontentement croissant alimenté par l’instabilité économique, les taux de chômage élevés et la discrimination systémique. Au milieu de ces défis, Mme Radjavi souligne la résilience de la population iranienne, déterminée dans sa quête de liberté et critique à l’égard d’un régime recourant à la répression pour maintenir le pouvoir. L’article appelle en outre à un recalibrage des politiques internationales, encourageant un abandon de la politique d’apaisement et une reconnaissance ferme du droit fondamental du peuple iranien à résister à l’oppression.
Maryam Radjavi a écrit dans le télégraphe :
Le régime iranien est prêt à s’effondrer complètement
Khamenei sait qu’il ne peut pas faire de concessions, car le moindre changement pourrait déclencher un nouveau soulèvement dans ce pays défavorisé et réprimé.
Il y a presque exactement un an, un remarquable soulèvement national éclatait en Iran. Des gens de tous horizons scandaient « à bas le guide suprême Ali Khamenei » et « A bas l’oppresseur ». Ces paroles puissantes reflétent le rejet populaire du régime des mollahs. En quelques jours seulement, le soulèvement s’est transformé en une tempête d’opposition qui a englobé toutes les provinces et ébranlé la théocratie au pouvoir.
En réponse, le régime s’est lancé dans une campagne visant à réprimer impitoyablement la révolte. L’année écoulée a été incontestablement caractérisée par le soulèvement populaire d’une part et par la répression incessante du régime de l’autre. Cependant, lorsque l’on envisage l’avenir de l’Iran, une question fondamentale se pose : laquelle de ces forces façonnera en fin de compte le destin de la nation ?
Les mollahs veulent donner l’impression que l’équilibre des pouvoirs est revenu à son état d’avant le soulèvement. Mais les réalités quotidiennes vécues par les gens dressent un récit très contrasté. Une économie en faillite, une inflation effrénée, un chômage chronique et une discrimination institutionnalisée contribuent à une situation dans laquelle la société iranienne est prête à éclater à nouveau.
Les événements de septembre 2022 ont révélé un mécontentement généralisé qui transcende les classes, les régions, les générations et les sexes. Il était dirigé par des femmes. Les classes moyennes et populaires sont descendues dans les rues des grands centres urbains et des petites villes. Et malgré les efforts déployés par le régime pendant quatre décennies pour exercer un contrôle sur les universités, les étudiants ont joué un rôle de premier plan dans le soulèvement, recevant souvent le soutien résolu de leurs concitoyens. Il y a également eu une participation sans précédent des lycéens. Cela illustre le désir ardent du peuple d’évincer la théocratie qui, depuis plus de quatre décennies, s’est accrochée au pouvoir par une répression brutale. Malgré sa brutalité, le régime n’a pas réussi à éliminer la résistance organisée.
Les analystes occidentaux, déconcertés par le profond mécontentement sociétal, auraient pu être moins surpris s’ils avaient été sensibles aux évolutions récentes de la société iranienne. Plusieurs soulèvements nationaux se sont déroulés depuis décembre 2017, augmentant régulièrement en fréquence, en ampleur et en inclusion sociale, tandis que les revendications des participants sont devenues progressivement radicales.
Tout cela est aggravé par le fait que le régime est terriblement incapable de mettre en œuvre des changements économiques, politiques ou sociaux majeurs. Il sait que tout changement substantiel risquerait de devenir incontrôlable, d’intensifier le désir d’autonomie et de liberté de la population et, en fin de compte, d’accélérer sa propre désintégration. Par conséquent, le régime ne peut s’appuyer que sur des mesures limitées et à court terme pour étouffer la dissidence ou apaiser temporairement l’opinion publique. Il n’a pas de stratégie à long terme pour éviter un conflit durable.
Khamenei est parfaitement conscient qu’un soulèvement plus important se profile à l’horizon. Pourtant, sa réponse se limite à consolider le pouvoir au sein des rangs loyalistes, prêts à imposer de futures mesures répressives. Cela ne fait que renforcer les appels du peuple à un changement global de régime, augmentant les tensions sociales et ouvrant la voie à une révolte encore plus dévastatrice.
Le peuple iranien est déterminé dans sa quête de liberté. L’Occident doit désormais recalibrer ses politiques en fonction de cette réalité et abandonner la politique d’apaisement. Il devrait s’abstenir de faire des concessions au régime, désigner le Corps des Gardiens de la révolution islamique comme organisation terroriste et reconnaître le droit inaliénable du peuple iranien à résister à la tyrannie.
Maryam Radjavi est la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne.