Editorial
The Washington Post – Difficile de ne pas avoir été frappé par la série dévénements qui se sont produits lundi au sujet de lIran. Premièrement, le président Mahmoud Ahmadinejad a remis une lettre au président Bush proposant que lOccident renonce à la démocratie libérale et rejoigne ceux qui « sen remettent aux enseignements de la religion » ; quil révèle aussi le rôle, selon le chef dEtat iranien, des « services de renseignements et de sécurité » dans les attentats du 11 septembre et quil remette en question son soutien à Israël.
Quelques heures plus tard, ladministration Bush a accepté de soutenir une décision européenne consistant à remettre à plus tard une action du Conseil de Sécurité de lONU concernant le programme nucléaire de lIran et de rouvrir les négociations avec le gouvernement de M. Ahmadinejad. Comme le dit le ministre des Affaires Etrangères français, « Il serait stupide de notre part de ne pas leur tendre la main ».
Nous supposons que la nouvelle offre de lOccident na pas été motivée par la lettre de M. Ahmadinejad. Cependant, à la lumière dun manifeste qui ressemble plus à ceux dOussama ben Laden et dAbu Musab al-Zarqawi quà ceux dun gouvernement cherchant la détente, on est en droit de se demander : Quest-ce que ladministration Bush et ses alliés cherchent exactement à faire avec cette dernière offre ? LIran a brutalement rejeté une proposition européenne en août dernier et depuis, il a accéléré ses travaux denrichissement duranium, alors même que son gouvernement sest mobilisé pour une confrontation avec lOccident. Les gouvernements européens ont proclamé haut et fort quune telle action aurait des conséquences. Désormais, confrontés à la résistance de la Russie et de la Chine à une première mesure substantielle (une résolution obligatoire du Conseil de Sécurité qui ne comporte aucune sanction), ils ont décidé dessayer encore la négociation.
Les hauts responsables américains affirment que cette fois-ci, lapproche serait différente. Les offres de concessions commerciales et de technologie seraient accompagnées dune menace concrète de sanctions si lIran refusait de cesser ses travaux nucléaires. Ladministration Bush espère que la Russie et la Chine vont se rallier à la coalition pour alterner la carotte et le bâton et que les deux pays seront daccord pour approuver une résolution du Conseil de Sécurité ordonnant la fin de lenrichissement duranium pendant que le paquet est livré à lIran. Si cela se produit, la campagne pour réfréner lIran ferait un grand pas en avant, puisque jusquà maintenant, ni la Russie ni la Chine nétait prête à soutenir des sanctions, et encore moins à rejoindre la coalition pour menacer lIran.
Toutefois, il sera crucial pour la diplomatie à venir que le bâton et la carotte restent dans le cadre de la même initiative multilatérale. Il semble probable quune action militaire contre le programme nucléaire de lIran embraserait le monde sans pour autant faire disparaître la menace. Il est donc dautant plus important pour les nations qui ne veulent pas que lIran détienne larme nucléaire de montrer que des sanctions sont une alternative plausible. Les membres de ladministration disent quils vont insister sur ce principe, mais jusquà maintenant, dans leurs déclarations publiques, les ministres européens mettent plus laccent sur la carotte. LIran compte sur une division parmi les alliés ; cétait là lobjectif de la lettre de M. Ahmadinejad. Tant que son gouvernement pense que défier lOccident est sans danger, sa réponse aux nouvelles offres sera toujours la même.