vendredi, mars 29, 2024
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L’Iran et le jeu de la carotte et du bâton

L’Iran et le jeu de la carotte et du bâtonEditorial

The Washington Post – Difficile de ne pas avoir été frappé par la série d’événements qui se sont produits lundi au sujet de l’Iran. Premièrement, le président Mahmoud Ahmadinejad a remis une lettre au président Bush proposant que l’Occident renonce à la démocratie libérale et rejoigne ceux qui « s’en remettent aux enseignements de la religion » ; qu’il révèle aussi le rôle, selon le chef d’Etat iranien, des « services de renseignements et de sécurité » dans les attentats du 11 septembre et qu’il remette en question son soutien à Israël.

Quelques heures plus tard, l’administration Bush a accepté de soutenir une décision européenne consistant à remettre à plus tard une action du Conseil de Sécurité de l’ONU concernant le programme nucléaire de l’Iran et de rouvrir les négociations avec le gouvernement de M. Ahmadinejad. Comme le dit le ministre des Affaires Etrangères français, « Il serait stupide de notre part de ne pas leur tendre la main ».

Nous supposons que la nouvelle offre de l’Occident n’a pas été motivée par la lettre de M. Ahmadinejad. Cependant, à la lumière d’un manifeste qui ressemble plus à ceux d’Oussama ben Laden et d’Abu Musab al-Zarqawi qu’à ceux d’un gouvernement cherchant la détente, on est en droit de se demander : Qu’est-ce que l’administration Bush et ses alliés cherchent exactement à faire avec cette dernière offre ? L’Iran a brutalement rejeté une proposition européenne en août dernier et depuis, il a accéléré ses travaux d’enrichissement d’uranium, alors même que son gouvernement s’est mobilisé pour une confrontation avec l’Occident. Les gouvernements européens ont proclamé haut et fort qu’une telle action aurait des conséquences. Désormais, confrontés à la résistance de la Russie et de la Chine à une première mesure substantielle (une résolution obligatoire du Conseil de Sécurité qui ne comporte aucune sanction), ils ont décidé d’essayer encore la négociation.

Les hauts responsables américains affirment que cette fois-ci, l’approche serait différente. Les offres de concessions commerciales et de technologie seraient accompagnées d’une menace concrète de sanctions si l’Iran refusait de cesser ses travaux nucléaires. L’administration Bush espère que la Russie et la Chine vont se rallier à la coalition pour alterner la carotte et le bâton et que les deux pays seront d’accord pour approuver une résolution du Conseil de Sécurité ordonnant la fin de l’enrichissement d’uranium pendant que le paquet est livré à l’Iran. Si cela se produit, la campagne pour réfréner l’Iran ferait un grand pas en avant, puisque jusqu’à maintenant, ni la Russie ni la Chine n’était prête à soutenir des sanctions, et encore moins à rejoindre la coalition pour menacer l’Iran.

Toutefois, il sera crucial pour la diplomatie à venir que le bâton et la carotte restent dans le cadre de la même initiative multilatérale. Il semble probable qu’une action militaire contre le programme nucléaire de l’Iran embraserait le monde sans pour autant faire disparaître la menace. Il est donc d’autant plus important pour les nations qui ne veulent pas que l’Iran détienne l’arme nucléaire de montrer que des sanctions sont une alternative plausible. Les membres de l’administration disent qu’ils vont insister sur ce principe, mais jusqu’à maintenant, dans leurs déclarations publiques, les ministres européens mettent plus l’accent sur la carotte. L’Iran compte sur une division parmi les alliés ; c’était là l’objectif de la lettre de M. Ahmadinejad. Tant que son gouvernement pense que défier l’Occident est sans danger, sa réponse aux nouvelles offres sera toujours la même.