vendredi, mars 29, 2024
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Iran-opposition: »Votre cause est juste, votre cause est noble et elle est nôtre » (Ghaleb Ben Sheikh)

Ghaleb Ben Sheikh, vice-président de la Conférence mondiale des religions pour la paixCNRI – Il y a peu, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du prophète de l’Islam,  Maryam Radjavi avait reçu à Auvers-sur-Oise de nombreux intellectuels, hommes politiques et dirigeants religieux musulmans, comme il est désormais de tradition. Mettant en avant l’esprit de tolérance de l’islam démocratique opposé à la vision intégriste des mollahs de Téhéran, la réflexion a porté cette fois sur le sens du pardon enseigné par l’islam, en tout point semblable à celui du Christ. Nous vous proposons ici les réflexions de Ghaleb Ben Sheikh, vice-président de la Conférence mondiale des religions pour la paix.

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec une joie réelle et un plaisir certain, une joie intense que nous nous retrouvons ici. C’est une tradition bénie sous des auspices divins, de nous retrouver grâce à votre truchement, grâce à votre organisation, de pouvoir ponctuer ainsi l’ année liturgique islamique, puisqu’à chacune des fêtes de la tradition islamique, nous nous retrouvons ici avec un grand bonheur.

La concomitance cette année avec les célébrations et les commémorations du week-end pascal montre que les croyants de par le monde chrétien et musulman peuvent aussi se retrouver en des temps forts de l’année pour pouvoir se ressourcer et revenir à l’essentiel.

Nous célébrons ensemble une événement majeur qui est la naissance du prophète de l’islam (que la bénédiction de Dieu soit sur lui). Un homme qualifié comme vous l’avez si bien dit de miséricorde pour tout l’univers. C’est la phraséologie coranique, un homme qui n’est venu que pour parachever la noblesse des vertus. Un homme qui nous a enseigné sa magnanimité, sa longanimité, sa mansuétude, son sens du pardon. Celui qui a dit à ses ennemis : que penseriez vous que je vais faire de vous ? Ils lui rétorquèrent : nous t’avons toujours connu un homme généreux, fils d’un homme généreux. Et il leur répondit : partez vous êtes libres.

J’ai été très sensible, Madame la Présidente, d’avoir entendu rappeler cet épisode important dans la trajectoire de la vie de celui qui est l’apôtre de Dieu, celui qui par son apostolat, sa prédication et son enseignement, nous a laissé un patrimoine d’ouverture et de mansuétude.

C’est pour cela que lorsque mon ami Dahmane a rappelé à juste raison, ces agissements dévastateurs pour nous tous, qui nous ont rendu caricatural, et qui ont constitué la 13eme caricature par rapport à celles qui effectivement étaient pour bon nombre de nous  insoutenables, nous avons raté l’occasion de souligner ce caractère de mansuétude de celui qui a connu toutes les avanies, tous les coups, a été battu à coups de mâchoire d’âne, a eu sa propre mâchoire fracassée, lui qui a reçu des éléments putréfiés sur la tête, a été lapidé à coups de pierre, lui qui a été contraint à l’exil, finalement il n’a rien dit d’autre que : « Partez, vous êtes libres ». Lui qui disait dans sa propre prière : « Pardonne-leur, il ne savent pas ce qu’ils font », rejoignant par là le Christ connaissant la passion.

C’est cet homme qui est pour nous un modèle, c’est cet homme qui pour nous a été, comme l’a si bien dit Victor Hugo dans la légende des siècles, du chef des croyants : le jour où tu as parlé, en ta parole le peuple crut, le jour où tu naquis une étoile apparut et les trois tours du palais de Khosrow tombèrent.

C’est celui qui finalement reste une lumière pour nous tous et combien même Dante l’avait placé dans les lieux de tous les démons dans sa divine comédie, ça n’a pas empêché la tradition islamique d’être une thalassocratie, un véritable pouvoir des mers, une civilisation brillante impériale à l’architecture palatial, dont nous sommes tous légataires.

J’ai parlé de civilisation et je voudrais sans transition aucune parler de la civilisation des perses. Nous devrions aussi la réactualiser. On a dit qu’il ne faudrait pas présenter ou représenter le prophète de l’islam, mais on a oublié les miniatures à la beauté plastique réelle de l’école persane. C’est cette civilisation qui de nos jours est honnie, pervertie, avilie par le comportement d’illuminées, exaltés autoproclamés seuls procurateurs de l’islam de par le monde, alors qu’ils ne cessent de tout pervertir.

La voie pour sortir de ce conflit n’est pas une guerre dévastatrice et meurtrière dont le peuple iranien va souffrir et ce n’est pas non plus de laisser l’arme nucléaire entre les mains de ceux qui ne savent pas quoi en faire et qui ne la prennent que pour prendre en otage le reste du monde parce qu’ils voient qu’il y a là une survie d’un régime totalitaire.

La voie véritable, c’est de revenir à un Iran démocratique, un Iran libre. Cette liberté, cette démocratie, cette souveraineté, nous n’y arriverons tous que par votre truchement, par votre militance, votre résistance.

Votre cause est juste, votre cause est noble, et elle est nôtre. Nous devons tous prodiguer les efforts nécessaires pour que nous y arrivions ensemble. Ce sera l’occasion pour nous de revenir a cette aggiornamento de notre tradition, pour assainir la situation de l’intérieur, déconnecter les questions religieuses des questions politiques, revenir à une véritable égalité foncière anthologique entre les hommes et les femmes, à ce que le pluralisme et la liberté, notamment de conscience et religieuse, soit la règle aussi bien en Iran qu’ailleurs dans le monde islamique et partout dans le monde. Ainsi nous serons crédibles quand nous exigerons de nos interlocuteurs, quels qu’ils soient, d’être conformes aux idéaux de bonté, de générosité et d’amour.

Merci Madame la Présidente de nous offrir ces occasions de nous retrouver autour d’agapes généreuses. C’est devenu un moment incontournable où nous goûtons ensemble la fraternité, où nous avons un avant-goût de ce que sera la société iranienne à venir, Inch Allah.