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Iran : mobilisation limitée des électeurs

The Associated Press, 15 mars – Quelque 44 millions d’Iraniens étaient appelés aux urnes vendredi pour des législatives qui devraient confirmer la domination des conservateurs. La plupart des réformateurs n’ayant pu se présenter, le scrutin aura valeur de test pour le président radical Mahmoud Ahmadinejad, contesté par les modérés de son camp, à un an de remettre son titre en jeu.

Les détracteurs du président lui reprochent d’avoir échoué à redresser l’économie de ce pays pourtant riche en pétrole, qui souffre d’une inflation et d’un chômage élevés ainsi que de pénuries de carburant. Ils le tiennent pour responsable, par son attitude agressive, des tensions avec l’Occident, particulièrement sur le dossier nucléaire, qui ont conduit les Nations unies à prendre des sanctions contre l’Iran.

A Téhéran vendredi, la participation semblait faible. Les seules files d’attente se formaient devant les bureaux de vote installés dans des mosquées et largement acquis aux alliés ultraconservateurs du président. Des jeunes gens exhortaient les passants à entrer et déposer un bulletin conservateur.

Dans les bureaux de vote des écoles et universités de la capitale, les quelques électeurs soutenaient pour la plupart les réformateurs. "Beaucoup d’étudiants et d’activistes ont subi des pressions du fait de leurs activités politiques. J’espère que les réformateurs pourront changer la situation", a expliqué Reza Kolahroudi, étudiant de 22 ans.

Des habitants contactés par l’Associated Press dans plusieurs autres villes du pays faisaient également état d’une mobilisation limitée des électeurs, probablement équivalente, voire plus modeste qu’aux élections de 2004, remportées par les radicaux. La télévision d’Etat a cependant affirmé, sans citer de chiffre précis, que les Iraniens avaient voté plus nombreux qu’en 2004, où ils étaient 51% des inscrits.

A Washington, le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, a établi un lien entre la faible participation et la disqualification des candidats modérés, qui demandent des progrès démocratiques et l’amélioration des relations avec l’Occident. "Cela soulève la question de savoir si les Iraniens ont un choix politique complet dans cette élection, mais ce n’est pas nouveau", a-t-il ajouté.

Sur les quelque 4.500 candidats en lice pour les 290 sièges du Majlis, les réformateurs déclarent être absents d’environ 200 des circonscriptions, et ceux qui se présentent sont souvent peu connus du public. Le Conseil des gardiens de la Constitution, constitué de juristes et de membres du clergé non élus, a en effet invalidé environ 1.700 candidatures, en général celles de réformateurs déclarés insuffisamment loyaux à l’islam ou à la Révolution islamique de 1979.

En réaction, de nombreux partisans des réformateurs ont décidé de boycotter les élections, alors que les chefs de file du mouvement exhortaient leurs troupes à voter pour former une forte minorité au Parlement, où ce courant ne dispose actuellement que d’une poignée d’élus. Lorsqu’ils étaient majoritaires, de 2000 à 2004, les réformateurs avaient assoupli les règles sociales islamiques, mais les radicaux dirigeant les instances cléricales non élues les avaient empêchés de réformer en profondeur.

Boycotter le scrutin "est une sorte d’auto-destruction", a lancé l’ancien président président Akbar Hashemi Rafsanjani, membre influent du pouvoir clérical, cité par l’agence de presse officielle IRNA.

L’Ayatollah Ali Khamenei, chef suprême du pays, a quant à lui logiquement apporté son soutien aux conservateurs, appelant les Iraniens à élire des candidats anti-américains "dont la loyauté va à l’islam et la justice".