vendredi, mars 29, 2024
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Iran: la hausse des prix en Iran inquiète de plus en plus

Agence France Presse – La hausse des prix en Iran, supérieure à 20% en rythme annuel, inquiète de plus en plus experts et députés, qui mettent en cause les sanctions internationales mais aussi la politique du gouvernement.

Le Centre de recherches du parlement a affirmé la semaine dernière que l’inflation avait atteint 22,4% durant la précédente année iranienne, contredisant ainsi le chiffre officiel de 13,5% présenté peu avant par la Banque centrale.

Pour l’année en cours (qui commence en Iran le 21 mars), le centre prévoit une inflation d’environ 24%, de concert avec une augmentation de la masse monétaire de 41%, à partir des chiffres du budget.

Les commerçants ont mis à profit la rentrée à la suite du nouvel an pour remonter leurs tarifs, par exemple des fruits qui ont augmenté de 21,6% en une semaine, selon la banque centrale.
 
Un consommateur a dit à l’AFP avoir constaté qu’une "bouteille de Coca-Cola familiale est passée de 6.000 à 7.500 rials après le nouvel an, et le jus d’orange a doublé en un mois, à 20.000 rials". Quant à son coiffeur "il a augmenté ses prix de 40%".

Un commerçant explique que de son côté "tous les produits de beauté ont augmenté d’environ 35%. De même le prix de l’huile a augmenté de 35%", à l’achat chez les grossistes.

"Il n’y a aucun contrôle", remarque-t-il en déplorant "un marché complètement incontrôlé".

La hausse touche aussi les logements, dans la foulée d’une hausse de 40% du prix de la construction l’année dernière.

Les facteurs inflationnistes ne manquent pas, outre l’injonction massive de liquidités dans le circuit économique.

Les économistes attendent ainsi une nouvelle vague de hausse en anticipation et en réaction à la hausse du prix de l’essence qui doit intervenir le 22 mai prochain.

"Il y aura certainement un effet de hausse sur les autres produits", a dit à l’AFP Mohammad Reza Behzadian, ancien président de la Chambre de commerce de Téhéran.

Ce dernier met aussi la hausse au compte des sanctions bancaires engagées par les Etats-Unis, et des restrictions dans ce domaine appliquées par des établissements européens, qui touchent les échanges avec l’extérieur.

"Nous sommes obligés de payer des intérêts importants et cela se répercute sur les prix", a déclaré M. Behzadian.

La pression croissante de la communauté internationale sur l’Iran pour qu’il suspende son programme nucléaire accroît aussi les incertitudes sur la croissance économique, et mine la confiance dans cette dernière.

"L’année a commencé avec une résolution du Conseil de sécurité et de nouvelles sanctions. Nous aurons bientôt une nouvelle résolution. Cela aura indéniablement des effets sur les prix", a dit M. Behzadian.

L’inflation touche en particulier les classes moyennes et populaires, et celles-ci commencent à s’en plaindre.

Les enseignants iraniens, qui gagnent l’équivalent de 200 à 300 dollars par mois, manifestent ainsi depuis des mois pour obtenir une revalorisation de leurs conditions.

Les économistes ont multiplié les critiques contre la politique économique du gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad, notamment des dépenses excessives et la multiplication des promesses lors des voyages présidentiels en province qui ont un effet inflationniste.

Début mars, le ministre de l’Economie, Davoud Danesh-Jafari, a défendu les énormes dépenses prévues dans le projet de budget en affirmant que les rentrées pétrolières du pays permettaient de tels engagements.