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Iran : Dictature religieuse, le début de la fin ?

Villepinte, 20 juin 2009Rassemblés à Villepinte, en France, à l’appel du Conseil national de la Résistance iranienne, des dizaines de milliers d’opposants au régime ont soutenu le soulèvement en Iran. Et écouté Maryam Radjavi, présidente de la République élue par la Résistance, saluer la lutte populaire.

Par Jean Levert

Afrique-Asie, juillet-août – Le soulèvement populaire en Iran a mobilisé les Iraniens partout dans le monde, en particulier les membres et les sympathisants du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) la coalition des forces d’opposition qui englobe les Moudjahidine du  peuple (Ompi). Près de 90.000 d’entre eux se sont rassemblés le 20 juin à Villepinte, au Nord de Paris.

Au huitième jour du soulèvement national des Iraniens, ce meeting s’est déroulé un jour très symbolique. Le 20 juin 1981, Khomeiny réprimait dans le sang la manifestation pacifique de 500 000 Téhéranais réunis à l’appel de l’Ompi. Les scènes d’émeutes et de répression d’aujourd’hui en Iran  rappellent étrangement la journée qui a déclenché la résistance aux ayatollahs en Iran.
Le vent en poupe 

Cela fait 28 ans que le peuple iranien résiste à la dictature religieuse. Vingt-huit ans durant lesquels les Moudjahidine du peuple et leurs alliés au CNRI n’ont pas abandonné le combat et leur idéal de démocratie et de liberté en Iran. Ils voient aujourd’hui l’espoir pour ce peuple et comptent soutenir et contribuer à accélérer la disparition de la dictature. Pour cela ils disposent d’excellents atouts : une organisation structurée à l’intérieur très implantée auprès des étudiants, des militants syndicaux, et particulièrement dans la couche citadine. D’ailleurs, au rassemblement de Villepinte, des dizaines de milliers d’Iraniens représentant leurs compatriotes dans le pays sont arrivés de toute l'Europe, mais aussi  des États-Unis, du Canada et de la lointaine Australie pour soutenir le combat. Des photos des « martyrs » des dernières émeutes étaient partout, des écrans géants projetaient des scènes de manifestations sous le regard ému de la foule.

Lors de ce rassemblement, Maryam Radjavi, présidente de la République élue par la Résistance pour la période de transition, a salué le soulèvement national du peuple iranien et rendu hommage aux martyrs, aux blessés et aux détenus. Elle a fait une analyse très claire de la situation et a adressé des messages à ses compatriotes mais aussi à la communauté internationale, que nous comptons rapporter à nos lecteurs compte tenu des circonstances.

« La colère, juste au lendemain de la farce électorale, a annulé les trucages des mollahs, a-t-elle déclaré. Elle a montré au monde quel est le véritable vote et le vrai choix de la nation iranienne. Oui, le choix de la liberté contre la dictature et le fascisme religieux, le choix de la souveraineté populaire contre la suprématie absolue des mollahs. C'est cela le vrai choix, le choix impératif des Iraniens, que les mollahs ont volé en usurpant la souveraineté populaire, et  non pas les élections truquées illégitimes du régime des mollahs. » Maryam Radjavi  a souligné que les cris de “Mort au dictateur !” et "Khamenei honte à toi, abandonne ton règne absolu !" lancé par les jeunes gens et les jeunes filles héroïques font épanouir le printemps en Iran. Elle a surtout assuré : « Ce soulèvement est le début de la fin de la dictature religieuse. » La présidente élue de la Résistance iranienne a assené : « Face à la dictature religieuse, la seule option envisageable pour le peuple iranien en colère est un changement démocratique. La dictature religieuse et tous ses organes de répression doivent être supprimés afin de permettre au peuple iranien de prendre part à des élections libres sous la supervision de l'ONU. »

L’élue par la Résistance a estimé que les déclarations de Khamenei au cours de la prière du vendredi marquaient « une escalade de la crise politique irréversible et du séisme dans le régime clérical. En soutenant fermement la présidence d’Ahmadinejad et en rejetant clairement l'annulation du scrutin, Khamenei a clairement menacé une répression sanglante du soulèvement populaire».

S’adressant aux vaincus, elle a déclaré : « Khamenei n’a laissé d’autre choix à la faction vaincue que de prendre ses distances avec le Guide suprême ou de se soumettre totalement à lui. Nous nous réjouirions s’ils condamnaient ou s’ils rejetaient la suprématie du Guide suprême dans sa totalité. Nous condamnons sans condition toute agression, arrestation et persécution contre eux, leurs familles, par la faction au pouvoir ». Tout en rappelant que les dirigeants de la faction vaincue avaient « formellement juré allégeance au chef suprême et avaient été confirmés par le Conseil des gardiens ».

« Ils disent aujourd’hui : «Notre gouvernement est un régime de menteurs sous le couvert de la religion" Ils taxent l'élection du régime de "mascarade", d’ahurissante", de "mise en scène", d’illégitime" et  de « show ridicule".  « Or ce sont les mêmes mots que la Résistance iranienne a utilisés pour qualifier les élections des mollahs pendant ces trente dernières années. »

A propos de la cité d’Achraf en Irak, Maryam Radjavi a précisé : « On comprend clairement maintenant pourquoi il y a quatre mois, Khamenei a ordonné à ses interlocuteurs irakiens de fermer Achraf. Il voulait en éliminant Achraf neutraliser, au tournant décisif de l’élection, le vainqueur stratégique des événements à venir, conséquences d’un régime devenu unipolaire et  menace à son existence. Or, le retrait de l'étiquette de terroriste de l’OMPI en Europe a rendu Achraf doublement dangereuse pour Khamenei. » Elle a aussi mis en garde contre la répression exercée sur les Moudjahidine du peuple d’Achraf. S’adressant au gouvernement irakien, elle a précisé : s’il n'a pas « la capacité et l'indépendance de respecter le droit international et de se conformer à la résolution du Parlement européen adoptée le 24 avril, alors les États-Unis qui ont désarmé les résidents d’Achraf en les rendant sans défense doivent assumer la responsabilité de leur protection sous la supervision de l'Organisation des Nations Unies. »

Maryam Radjavi interroge la communauté internationale, particulièrement les Etats occidentaux : « Quand la dictature religieuse ne tolère même pas ses plus proches alliés et complices, il faut demander aux gouvernements occidentaux : quel a été le résultat de 30 années de complaisance et de recherche des modérés au sein de ce régime ? »

Il est vain de négocier

Se référant aux déclarations du président des États-Unis selon lesquelles le peuple iranien demande la démocratie, et que sa voix doit être entendue et non réprimée, la leader de la Résistance a rappelé qu’un minimum de respect pour le droit du peuple iranien à lutter pour la liberté exige l'arrêt de toutes les concessions et négociations avec les criminels qui se produisent au détriment du peuple iranien.

Elle a appelé la communauté internationale à ne pas reconnaitre "la mascarade électorale et la présidence d'Ahmadinejad". A contraindre le régime à accepter "des élections libres sous le contrôle de l'ONU, selon le principe de la souveraineté populaire et non de la tutelle du guide, à suspendre toutes les relations politiques et diplomatiques jusqu'à la fin totale de la répression, à imposer un boycott ferme au régime, et à interdire les déplacements des dirigeants du régime des mollahs à l’étranger".

 Maryam Radjavi a souligné : « Nous avons toujours dit que si vous pensez que les négociations avec ce régime peuvent être fructueuses, n’hésitez pas, négociez si vous le pouvez ! Toutefois, donner une chance au guide suprême et à son homme de main, c’est laisser le champ libre à une vipère qui n’accouchera jamais d’une colombe. » Surtout elle rappelle : « la solution pour l’Iran, c’est la troisième voie : un changement démocratique et l’instauration de la souveraineté populaire par le peuple iranien et sa résistance. »