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Iran : changement stratégique d’organisation au sein des pasdaran

Les commandants du terrorisme et de la répression des mollahsPar Reza Shafa

CNRI – Depuis le début de l'été, le commandant en chef du corps des pasdarans a opéré des changements radicaux au sein du CGR. Ce sont les plus importants depuis le décret de 1985 de Khomeiny de doter les pasdarans d’une armée de l'air et d’une marine en plus de ses forces terrestres. Au cours de ces importantes modifications, le CGR va passer d’une force centralisée à 31 brigades provinciales distinctes, dont les commandants recevront de vastes pouvoirs discrétionnaires.

 

Chacune des 30 provinces en Iran aura une brigade du CGR. Téhéran sera la seule à être dotée de deux brigades (31 brigades au total dans tout le pays). Jusqu'à présent, 20 des 31 commandants provinciaux ont été nommés et la nomination des autres est en cours. De plus, chaque brigade comprendra également un mollah pour représenter les intérêts du Guide suprême du régime, Ali Khamenei.

La plupart des 20 commandants nommés sont des généraux de brigade de second rang. Cela signifie que les commandants de rang supérieur (avec le plus d'expérience) ont été remplacés par des officiers de rang inférieur.

Davantage d’importance sera aussi accordée à la représentation du Guide suprême au sein du CGR. Elle sera formée désormais d’un adjoint, d’un coordinateur et d’un siège à Téhéran, ainsi que de représentants intégrés dans chaque brigade provinciale, avec leur propre siège provincial.

Les raisons du changement

Une fois que le régime a commencé à se refermer et à entamer ses purges pour devenir monolithique à la suite de l’arrivée d'Ahmadinejad au pouvoir, le 21 août 2005, Khamenei a donné l’ordre de créer un centre de commandement et de recherche du CGR, avec Mohammad-Ali Jafari en coordinateur. Répondant aux ordres de Khamenei, Jafari a mis en garde : «Si l'ennemi nous attaque, nous mettront en danger ses intérêts partout dans le monde. »

Les facteurs et la base de la nouvelle stratégie

Au cours des deux dernières années, le CGR a exposé les fondements de la nouvelle stratégie, notamment les principes suivants :

• Terroriser et instaurer la peur dans la population iranienne ;
• Mener des opérations terroristes contre les ennemis définis comme tels du régime, même dans leurs propres pays
• Obtenir la bombe atomique, considérée comme vitale pour la stabilité du régime et la consolidation du pouvoir. Cet objectif a seulement fait l'objet de discussions dans les cercles privés du régime.

La nomination de Jafari au commandement en chef du CGR

Dans une ordonnance du 1 septembre 2007, Khamenei a promu Jafari, alors coordinateur du centre de recherche et de commandement, au rang de commandant en chef du CGR. Il est chargé d'appliquer la nouvelle stratégie.

Le 20 octobre 2007, dans son premier discours officiel, Jafari a déclaré : « sur la base des directives du chef de la République islamique, la stratégie du CGR a été modifiée. Sa tâche principale sera désormais d’affronter les menaces internes. » Il a poursuivi en disant : « Le maintien de la sécurité intérieure est normalement du ressort des forces de sécurité de l’Etat et d'autres organes de sécurité. Toutefois, si l'ampleur des défis en matière de sécurité devait franchir un certain seuil, avec l'autorisation du guide suprême et du Conseil suprême de sécurité nationale, le CGR aurait à prendre en charge l’ensemble de la situation. » Le nouveau commandant-en-chef a également indiqué que les deux objectifs essentiels de ses forces seraient tout d'abord de mettre à jour les informations sur la perception des mouvements et des activités de l'ennemi, et d'autre part, d’augmenter la portée des missiles du régime.

Le 1 novembre 2007, Jafari a caractérisé les 33 jours de guerre au Liban comme l'incarnation de la nouvelle stratégie : « Comme le matériel et les capacités technologiques de l'ennemi sont supérieurs aux nôtres, nous devons nous tourner vers une politique et des moyens appropriés, ce qui nous permet de répondre à nos exigences et, à terme, de forcer l'ennemi à vaincre comme l'expérience des 33 jours de guerre l’a montré … Un des points vulnérables des Américains dans la région, c'est qu'ils ont établi une présence tout autour de l'Iran. Ainsi, ils ne peuvent pas se tenir hors de notre champ de tir. »

Les changements durant les 10 mois de mandat de Jafari

Peu de temps après l’arrivée d’Ahmadinejad au pouvoir, Khamenei a commencé à remarquer une augmentation des désertions au sein du CGR. Les commandants continuent d'afficher une tendance plus prononcée pour la politique et l’économie et montrent beaucoup moins d'enthousiasme pour les affrontements militaires potentiels. Les désertions ont même touché le plus haut niveau comme l’ex-commandant en chef du CGR, le général Rahim Safavi (le prédécesseur de Jafari). Safavi, célèbre pour ses débordements fanatiques appelant à "trancher la gorge" de tous les dissidents politiques, a même été traité de «libéral» par le gouvernement d'Ahmadinejad après sa décision de quitter le CGR. Khamenei a été obligé d’écarter Safavi et le remplacer par Jafari, un proche confident d'Ahmadinejad.

L'un des plus grands défis organisationnels de Jafari a entraîné une vague de nouvelles demandes de mises à la retraite, de démissions, et de refus de service par le biais de paiements. Par conséquent, à un moment où Khamenei prend des mesures pour adapter la structure militaire aux menaces potentielles de guerre, il n'a d'autre choix que de recourir à une purge massive des commandants du CGR dont les états de service remontent à la guerre avec l’Irak. La plupart ont été remplacés par une nouvelle génération de rang inférieur. En outre, le rythme de la purge est si élevé qu’en deux semaines, Jafari a nommé 20 généraux de brigade sur les 30 provinces.

Le CGR possède cinq branches consistant en une armée de terre, une armée de l'air, une marine de guerre, la milice paramilitaire du Bassidj et la Force Qods extraterritoriale. Parmi les changements connus au sein de ces branches pendant la nouvelle réorientation stratégique, figurent :

• La Force Qods : Bien qu’elle reçoive ses ordres quotidiens et opérationnelles du CGR, sa politique stratégique et ses ordres exécutifs viennent directement de Khamenei, qui est le commandant en chef des forces armées du régime.

• Au cours de mandat de Jafari, le CGR a retiré à la marine classique le contrôle des opérations dans le Golfe Persique, pour s’en charger lui-même.

• Les capacités de l'armée de l'air du CGR, qui contrôle le programme de développement de missiles, ont été considérablement renforcées. Pour Jafari, il s’agit d’un principe fondamental de la stratégie offensive et défensive du régime dans les circonstances actuelles.

• La milice du Bassidj a été le point focal des changements en cours. Avec le slogan «les devoirs du CGR se focalisent désormais sur l’intérieur » (pour sauvegarder le régime au pouvoir). Jafari a commencé par écarter le commandant en chef du Bassidj, Mohammad-Hossein Hejazi, en le nommant à la tête du siège du CGR. Il a pris personnellement le commandement de la Force du Bassidj et a choisi un religieux, Hassan Taeb, pour adjoint. Puis, en juin 2008, au cours d’un nouveau train de changement, Jafari a promu Taeb au commandement du Bassidj, avec Hejazi pour adjoint.

• Les forces terrestres ont été restructurées en 31 brigades provinciales, avec les unités du Bassidj également réorganisées dans toutes les provinces aux ordres des commandements de province du CGR.