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Téhéran cible de frappes aériennes, le conflit irano-israélien s’intensifie ; la prison d’Evine endommagée

Téhéran cible de frappes aériennes, le conflit irano-israélien s'intensifie ; la prison d'Evine endommagée
Une explosion massive illumine l’horizon après une frappe aérienne en Iran, juin 2025

Au onzième jour de l’intensification des hostilités entre l’Iran, Israël et les États-Unis, le conflit a atteint un nouveau sommet avec de nouvelles frappes aériennes signalées à Téhéran tôt le lundi 24 juin. Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux et des sources locales, des explosions ont été vues et entendues dans tout le centre de Téhéran, notamment à l’entrée et dans les sections administratives de la prison d’Evin, longtemps symbole de la répression sous la dictature cléricale.

Des preuves vidéo indiquent que le quartier administratif, les postes de garde et le tribunal de la prison ont été endommagés. Bien que les principaux blocs cellulaires semblent en grande partie intacts, des rapports suggèrent que l’infirmerie de la prison a été touchée et que les fenêtres de la bibliothèque ont volé en éclats sous l’effet de l’explosion. Les autorités n’ont pas publié de bilan officiel des victimes.

Malgré les avertissements des organisations internationales de défense des droits humains, les autorités iraniennes auraient refusé d’évacuer ou de libérer les prisonniers politiques d’Evine, même en pleine période de raids aériens. La prison d’Evine abrite depuis des décennies des militants politiques, des journalistes et des manifestants. La semaine dernière, des médias locaux ont révélé une violente répression suite à une émeute à la prison de Dizel-Abad, à Kermanshah, où des gardiens auraient ouvert le feu sur des détenus, tuant plusieurs personnes.

Cette escalade fait suite à la vingtième vague d’attaques de missiles iraniennes contre Israël, revendiquée par l’agence de presse Tasnim, affiliée au CGRI. Selon cette source, le régime a lancé une combinaison de missiles à longue portée, à propergol liquide et solide, visant des infrastructures à Tel-Aviv et Haïfa, notamment l’aéroport Ben Gourion et des sites de commandement militaire. Le Times of Israel a confirmé qu’au moins 27 missiles ont été lancés en deux vagues. Un missile a frappé un quartier résidentiel de Tel-Aviv, blessant 14 civils, tandis qu’un autre a mal fonctionné et s’est écrasé à Haïfa, blessant trois autres.

Le Jerusalem Post a fait état de quatre vagues d’attaques de missiles iraniens au cours du week-end, faisant deux morts et plus de 70 blessés parmi les Israéliens. L’armée israélienne a déclaré avoir intercepté environ 600 drones à ce jour, dont 30 lors du dernier barrage.

Les versions des faits concernant l’ampleur de l’offensive iranienne sont contradictoires. Un haut responsable israélien a déclaré à CNN qu’un seul missile iranien avait été lancé et intercepté avec succès, minimisant ainsi les affirmations iraniennes et contredisant certains médias israéliens, qui reconnaissaient que même un seul missile avait semé la panique.

Par ailleurs, l’agence de presse Mehr, affiliée au ministère iranien du Renseignement, a affirmé que le missile avait en réalité été lancé par des militants basés au Yémen, une version perçue par les observateurs comme une tentative de dissimuler l’implication directe de Téhéran.

Le récent bombardement par les États-Unis de sites nucléaires iraniens a également suscité de vives réactions. Selon Reuters, les frappes américaines ont visé les installations de Fordow, Natanz et Ispahan. Cette attaque a fait grimper le prix du Brent au-dessus de 80 dollars le baril, son plus haut niveau depuis janvier. Les images satellite montrent des dégâts importants à Fordow, même si certains experts restent prudents quant à l’étendue des destructions.

Les responsables iraniens ont réagi avec défiance. L’Organisation iranienne de l’énergie atomique a affirmé qu’aucune fuite radiologique n’avait été détectée et a promis que le développement nucléaire iranien se poursuivrait. Le ministère iranien des Affaires étrangères a publié une déclaration accusant les États-Unis d’avoir commis un « crime majeur » et a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à tenir une session d’urgence pour examiner les « violations américaines du droit international ».

Les responsables européens ont exprimé leur inquiétude. Le ministre allemand des Affaires étrangères a déclaré que l’Iran avait franchi les lignes rouges dans son programme nucléaire et devait reprendre les négociations, tandis que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont conjointement exhorté Téhéran à ne pas déstabiliser davantage la région.

Washington, le sénateur Lindsey Graham a salué la décision du président américain Donald Trump d’autoriser les frappes aériennes, les qualifiant de « militairement nécessaires et, surtout, efficaces ». Un responsable du ministère américain de la Justice, cité par CNN, a déclaré que ces frappes étaient légalement justifiées par la Constitution américaine.

En Iran, l’agitation politique couve. De nouvelles informations ont été révélées concernant une manifestation dans le quartier 4 d’Evine le 18 juin, où des prisonniers politiques auraient entonné des chants révolutionnaires et scandé des slogans en réaction au transfert secret du prisonnier politique Ali Younesi vers un lieu tenu secret.

En l’absence de signes de désescalade et alors que de grands centres urbains comme Téhéran sont désormais ouvertement pris pour cible, les conséquences humanitaires et politiques de l’escalade du conflit s’aggravent, affectant non seulement les installations militaires, mais aussi les civils, les prisonniers politiques et le fragile équilibre diplomatique dans la région.