Alors que le régime au pouvoir en Iran est plongé dans des crises inextricables et un isolement international, 2021 a été témoin d’un nouveau pic de manifestations et d’une escalade des protestations. Huit grandes manifestations et soulèvements dans différentes provinces d’Iran sont un indicateur clair de la demande de la grande majorité pour le renversement du fascisme religieux au pouvoir en Iran.
Dans de telles circonstances, un réseau d' »unités de résistance », associé à l’opposition iranienne des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), a renforcé ses activités tant en quantité qu’en qualité. Ces unités de résistance jouent un rôle important dans la formation, l’orientation et la prolongation des manifestations à travers le pays, et de nombreux responsables du régime reconnaissent constamment cette réalité.
Nous nous sommes entretenus avec Mohammad Mohadessine, président de la commission des affaires étrangères du Conseil national de la résistance iranienne, au sujet de ce développement.
Q : Que sont les « unités de résistance » ?
M. Mohadessine : Ce qui a maintenu ce régime illégitime au pouvoir près de 43 ans, c’est sa pratique de répression effrénée. La dictature religieuse, avec des dizaines d’organes de renseignement, militaires et de sécurité, a fait tout son possible pour maintenir un climat de peur dans la société iranienne et faire valoir l’idée que le régime est fort et qu’aucune force ne peut lui résister.
Par le biais de leurs groupes mandataires dans la région et le programme de missiles, les mollahs étendent ce sentiment de peur à travers le Moyen-Orient. Le chantage et la peur est également instillé à la communauté internationale par leur terrorisme extraterritorial et leur programme nucléaire. La vie de ce régime est jalonnée d’attaques terroristes qu’il a utilisées pour transmettre son message à ses contreparties et empêcher toute politique de fermeté à sonégard.
Les « unités de résistance » sont les masses qui brisent ce climat de répression. Chaque jour, dans diverses parties de l’Iran, sous un vaste réseau de caméras de surveillance, juste sous le nez de milliers d’agents, ce sont des groupes de jeunes courageux qui abattent les icônes de la dictature. Ces Unités de Résistance sont près de briser la répression étouffante du régime.
Même la pandémie de coronavirus, par laquelle le régime a cherché à atterrer l’ensemble de la nation iranienne, n’a pu entraver pas leurs efforts. Ils sont également le moteur des soulèvements nationaux iraniens, prenant l’initiative dans diverses scènes.
Par leurs activités, ils envoient un message à la société iranienne et à la communauté internationale : ce régime est rejeté par le peuple iranien qui veut un changement. Ce n’est pas un régime fort. Cet État, avec toute sa technologie et son armement de pointe, peut nous emprisonner, nous torturer et nous exécuter, mais il ne peut plus maintenir la peur dans nos cœurs. Les unités de résistance disent : « Ce régime doit partir et partira !
Q : Combien y a-t-il d’unités de résistance en Iran ? S’agit-il d’un mouvement national ou limité à une certaine région ?
M. Mohadessine : Ce réseau est maintenant en action depuis cinq ans. Des milliers de jeunes Iraniens sont actifs dans de nombreuses villes et villages à travers le pays. Ils mènent même leurs activités au grand jour, encourageant les gens à se soulever contre le régime des mollahs et/ou des mesures de nuisance visant les institutions de sécurité du régime. Chaque mesure d’une unité de résistance plante les graines du courage et de confiance dans le cœur de centaines de personnes. Chaque action porte un coup sévère à la vie de ce régime honni.
Q : Pourquoi pensez-vous que ces cellules peuvent se dresser contre les forces armées du régime ?
M. Mohaddessin : Vous savez très bien que les plus grandes armées conventionnelles du monde ont été impuissantes face aux insurrections. Il existe de nombreux exemples à travers l’histoire. Ces membres des unités de résistance font partie du peuple et sont en symbiose avec lui, sèment l’idée de la résistance face aux forces du régime. Dans les marchés, les écoles et sur leurs lieux de travail… partout où il y a un potentiel de dissidence, ces militants sont là pour encourager le peuple à se soulever contre le régime. Ils utilisent les plateformes de médias sociaux pour informer le grand public.
Malgré le fait que ce régime ait à ce jour arrêté des centaines de membres de l’Unité de Résistance, leur nombre augmente de jour en jour. Peu importe la taille des forces oppressives du régime. Ce qui est important, c’est le fait que les armes et la technologie ne peuvent vaincre une force organisée qui s’appuie sur son peuple et a un objectif légitime. Une telle entité est capable de se développer et rien ne peut se dresser sur son chemin.
Q : Ces personnes font-elles face à des menaces, surtout compte tenu de leurs diverses activités ?
M. Mohaddessin : Bien sûr. Jusqu’à présent, un grand nombre d’unités de résistance ont été arrêtées et soumises à la torture. Ce régime a prononcé des condamnations à mort pour un certain nombre de membres des Unités de résistance, et certains d’entre eux ont été tués lors du soulèvement de novembre 2019, l’année quand les forces de sécurité du régime ont ouvert le feu sur les manifestants. Cependant, le nombre de jeunes qui rejoignent les Unités de Résistance est bien supérieur aux revers que leur inflige le régime.
En raison de la cruauté des mollahs ces dernières décennies, le régime n’a laissé aucun choix au peuple iranien. Le seul horizon devant la jeune génération iranienne est soit de vivre dans la pauvreté, la ségrégation et le désespoir ; soit se battre pour un avenir prospère construit de leurs propres mains.
Q : Les puissances mondiales sont actuellement en pourparlers avec Téhéran sur son programme nucléaire. Compte tenu des autres développements concernant le dossier nucléaire du régime, couplés aux discussions sur le mécanisme de relance et à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU contre le régime, quel impact tout cela aura-t-il au sein de la société iranienne ?
M. Mohadessine : Un regard sur l’histoire des relations internationales de ce régime nous apprend qu’aucun parti ne prendra de mesures sérieuses pour un tel changement. Le changement est un devoir qui repose sur les épaules du peuple iranien et sa résistance organisée.
Ce que nous avons vu jusqu’à présent, c’est la politique de complaisance de divers pays qui ont accordé des concessions à ce régime, jouant un rôle très important dans la survie du régime des mollahs. Ce régime a bénéficié du soutien le plus pratique de l’Occident que tout autre État au cours des dernières années. Pendant tout ce temps, les mollahs ont scandé des slogans anti-occidentaux.
L’approche américaine dans les années 1980 a consisté au scandale d’Irangate, pariant sur les modérés inexistants à l’intérieur de ce régime médiéval. Dans les années 1990, l’OMPI a été désigné comme une organisation terroriste par les USA comme un « geste de bonne volonté » envers le soi-disant président modéré du régime, Mohammad Khatami. Dans les années 2000, nous avons vu les frappes aériennes visant les bases de l’OMPI en Irak (mars et avril 2003), le raid honteux de la police française visant les centres de la Résistance iranienne près de Paris (juin 2003), le transfert de la protection des membres de l’OMPI dans leur ancienne maison au camp d’Achraf au nord-est de Bagdad, au gouvernement irakien soutenu par le régime répressif de l’Iran (juillet 2009), conduisant au meurtre de plus de 160 membres de l’OMPI. Ce sont quelques exemples des politiques occidentales qui ont eu le plus d’impact sur la prolongation de la durée de vie de ce régime.
Q : Compte tenu du problème que vous avez soulevé, quelle politique recommandez-vous ?
M. Mohaddessin : Dans de telles circonstances, nous espérons que la communauté mondiale s’opposera fermement au régime et ne permettra pas aux mollahs fascistes de profiter de l’approche douce de la communauté internationale, en particulier celle de l’Occident. Si vous regardez maintenant la réponse à toutes les atrocités du régime en matière de droits de l’homme, les exécutions, les disparitions forcées de prisonniers politiques, la torture extrême des prisonniers (comme l’exemple récent du poète/cinéaste Baktash Abtin), quelle a été la réponse de la communauté internationale ? Même leurs condamnations verbales sont devenues si douces et faibles qu’elles enhardissent en fait le régime. Si l’Union européenne respectait ses propres principes en matière de droits de l’homme, elle suspendrait toute relation avec le régime de Téhéran et interdirait aux responsables du régime de se rendre en Europe, etc.
Cela est également vrai en ce qui concerne le terrorisme du régime. Un diplomate du régime a transféré une bombe dans ses bagages dans un avion de ligne vers l’Autriche. Un tribunal l’a condamné à 20 ans de prison, pourtant dans le domaine politique, le régime n’a subi aucune conséquence !
Pour apporter un changement dans notre pays, nous n’avons pas besoin de demander la permission d’aucune puissance, ni n’attendrons les actions de qui que ce soit. Nous ne comptons que sur notre personnel. Ce mouvement a vu plus de 100 000 de ses membres et partisans exécutés, alors qu’il a été financièrement indépendant depuis 56 ans et n’a reçu pas un seul centime d’une puissance étrangère.
Q : Cela fait plus de cinq ans maintenant que le Conseil national de la Résistance iranienne parle de troubles et de manifestations à l’intérieur de l’Iran. Ces développements vont-ils dans le sens d’un changement fondamental en Iran ?
M. Mohadessine : Dans la lutte entre le peuple iranien et le régime des mollahs, nous avons toujours été seuls. Cependant, cette Résistance iranienne, qui a infligé les revers les plus importants à la dictature religieuse au pouvoir en Iran, parcourra très certainement les derniers segments de cette épopée.
Si vous jetez un coup d’œil aux reportages des médias internationaux, vous vous rendez compte du nombre croissant de manifestations à travers l’Iran, parallèlement à l’évolution exponentielle de ces troubles.
La dictature du Shah, malgré le plein soutien de l’Occident et des pays de la région, sans aucune sanction et disposant d’une armée et d’une police secrète puissantes, n’a pas pu empêcher la révolution populaire iranienne en 1979. La SAVAK avait tenté d’installer cette mentalité dans la société iranienne qu’ils ont un agent secret pour chaque t trois Iraniens. Cependant, un jour, cette peur s’est évaporée.
Aujourd’hui, à l’intérieur de l’Iran, des membres des Unités de la Résistance ont incendié une statue de Qassem Soleimani, une icône de force pour le régime, moins de 24 heures après son installations sur un lieu public.
Par conséquent, nous avons parfaitement le droit d’espérer et de ne pas avoir de crante pour l’avenir. Le message des Unités de Résistance au monde est le suivant : ne craignez pas ce régime et tenez-vous fermement contre lui. Empruntant cette attitude courageuse aux manifestants iraniens, nous disons à tous ceux qui ne sont pas en Iran : n’ayez pas peur ! Le peuple iranien est uni contre ce régime et en viendra à bout !