mercredi, mars 19, 2025
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Les dirigeants iraniens s’unissent derrière la position intransigeante de Khamenei contre les négociations avec les États-Unis

Les dirigeants iraniens s’unissent derrière la position intransigeante de Khamenei contre les négociations avec les États-Unis

Un jour après que le guide suprême du régime Ali Khamenei a catégoriquement rejeté les négociations avec les États-Unis, les hauts responsables du gouvernement iranien ont réaffirmé leur alignement sur sa directive, soulignant que seules les discussions avec les pays européens se poursuivraient. Cependant, les retombées économiques immédiates de ses remarques ont exacerbé la crise financière de l’Iran, le rial iranien ayant plongé à un niveau historiquement bas et les prix de l’or ayant grimpé en flèche.

Fatemeh Mohajerani, porte-parole du gouvernement de Massoud Pezeshkian, a renforcé cette position dans une déclaration du 8 février : « La stratégie du gouvernement est de garantir une voix unique et unifiée de l’Iran. Tout le monde comprend que l’Iran ne s’engagera pas dans des négociations déshonorantes. »

Khamenei, dans son discours du 8 février aux commandants de l’armée de l’air du régime, a écarté toute possibilité de pourparlers avec les États-Unis : « Négocier avec l’Amérique ne résout aucun problème. Ce n’est ni rationnel, ni intelligent, ni honorable. » Son discours a marqué un net écart par rapport aux récentes manœuvres diplomatiques des responsables iraniens qui avaient auparavant signalé leur ouverture à des discussions indirectes en coulisses.

Le Parlement et le gouvernement se mettent au diapason
Le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, a rapidement fait écho à la position de Khamenei, déclarant le 8 février : « Le Guide suprême a clairement exprimé notre position sur les négociations. J’attends du gouvernement qu’il mette pleinement en œuvre ses directives. » Ghalibaf a également mis en garde contre la création de divisions politiques internes sur la question, exhortant les responsables à ne pas présenter le débat comme une négociation binaire simpliste de « oui ou non ».

Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi s’est également aligné sur la directive de Khamenei, exprimant son scepticisme quant à tout dialogue potentiel avec Washington. « Il n’y a aucune base pour des négociations équitables avec les États-Unis. Nous avons déjà négocié de bonne foi et respecté nos engagements, et qu’ont-ils fait ? Ils ont déchiré l’accord », a-t-il déclaré, faisant référence au retrait de Donald Trump de l’accord nucléaire en 2018.

Pendant ce temps, le président Massoud Pezeshkian a publiquement salué le discours de Khamenei, le qualifiant de « discours magnifique et sage ». Cependant, son administration fait désormais face à une pression croissante pour clarifier sa feuille de route économique et diplomatique dans un contexte de turbulences financières qui s’aggravent.

Retombées économiques
L’économie iranienne ressent déjà les ondes de choc du rejet par Khamenei des pourparlers américains. Le 9 février, le dollar américain s’échangeait à un niveau sans précédent de 90 000 tomans sur le marché libre iranien, marquant un nouveau record pour la monnaie iranienne. Dans le même temps, les prix de l’or ont grimpé en flèche, le prix d’une pièce d’or de conception nouvelle dépassant les 74 millions de tomans, établissant un nouveau record historique.

Cette volatilité économique est une conséquence directe des craintes des investisseurs selon lesquelles l’isolement continu de l’Iran limiterait encore davantage son accès aux marchés mondiaux. Le moment est particulièrement mal choisi étant donné l’état déjà précaire de l’économie iranienne, paralysée par les sanctions internationales, la mauvaise gestion et l’inflation galopante.

Malgré l’aggravation de la crise intérieure iranienne, Khamenei a réitéré sa position de défi lors d’une réunion avec les hauts dirigeants du Hamas le 9 février, déclarant que « les menaces de Washington n’ont aucun impact sur l’état d’esprit des responsables iraniens ».

Le dernier changement de politique a également suscité des réactions de Washington. Un porte-parole du département d’État américain a prévenu que si Téhéran refusait de négocier, il continuerait à faire face à une « pression maximale » par le biais de sanctions économiques et d’un isolement diplomatique.

Tensions politiques
Si la position anti-américaine de Khamenei a été largement approuvée par les factions extrémistes, elle a également suscité un nouveau débat entre factions rivales. Certains analystes soutiennent que le changement de position de Khamenei représente un renversement de ses déclarations précédentes, plus ambiguës, sur la diplomatie.

Hesamodin Ashna, ancien conseiller de l’ex-président Hassan Rohani, a suggéré sur les réseaux sociaux que les propos de Khamenei ne devraient pas être considérés comme une interdiction absolue des pourparlers, mais plutôt comme un appel à des « négociations intelligentes et honorables ». Son interprétation a cependant été rapidement condamnée par le bureau de presse de Khamenei comme une « distorsion flagrante » de l’intention du Guide suprême.

En outre, l’ancien député Akbar Alami a souligné les incohérences dans l’histoire diplomatique de Téhéran : « Si l’Iran a pu négocier avec Saddam Hussein après sa trahison de l’accord d’Alger de 1975 et même après son invasion, pourquoi parler à Washington est-il désormais considéré comme impossible ? »

Parallèlement, des appels à la démission du président du régime Pezeshkian ont commencé à circuler dans certains cercles politiques. Le groupe Javan, dirigé par le CGRI, a averti que « le gouvernement doit immédiatement s’aligner sur la position du Guide suprême – toute autre position serait inacceptable ».
La démission potentielle de Pezeshkian a pris de l’ampleur, ce qui a poussé son équipe de presse à démentir ces rumeurs, qualifiant ces spéculations de « vœu pieux de quelques esprits délirants ».

Malgré les démentis officiels, la frustration au sein de l’administration Pezeshkian est évidente. Des voix autoproclamées « réformistes » font de plus en plus pression sur le président du régime pour qu’il clarifie sa position, certains l’exhortant à « tenir ses promesses ou à démissionner ».